OpenStack : une pénurie de spécialistes qui augmente le TCO
Une étude pointe du doigt les coûts plus élevés d’un Cloud privé OpenStack, induits par un manque de main d’œuvre qualifiée. Un problème qui devrait se régler naturellement au fur et à mesure de la pénétration de la plateforme Open Source dans les entreprises.
Les déploiements d’OpenStack pourraient finalement s’avérer moins intéressants financièrement parlant à cause de la rareté des ingénieurs spécialisés sur la plateforme Open Source.
C’est une conclusion qu’il fallait tirer du Cloud Price Index publié par le cabinet d’analystes 451 Research, qui donne un coup d’éclairage sur les modèles de tarification de Cloud privé – une première.
Et cette information est plutôt difficile à trouver pour les utilisateurs, affirme Owen Rogers, analyste senior chez 451 Research, chez nos confrères britanniques de ComputerWeekly (groupe TechTarget, propriétaire du MagIT).
Le Cloud privé s’achète de la même façon que l’IT traditionnel
Selon lui, l’achat de services de Cloud privé semble suivre la même orientation que les déploiements de solutions sur site. « Il est bien plus difficile d’obtenir des données sur les tarifs du Cloud privé, comparé à ceux du Cloud public, accessibles facilement en ligne. Mais certaines anecdotes qui nous sont remontées montrent que finalement, le Cloud privé s’achète de la même façon que l’IT traditionnel : des appels d’offres, des négociations et des prix qui d’ajustent », constate-t-il.
Les analystes du 451 Research ont envoyé des appels d’offres fictifs à 20 fournisseurs de services et d’outils d’orchestration portant sur la mise en place d’un petit Cloud privé de 500 VM, réparties sur 25 nœuds.
En publiant les résultats de ses recherches, le cabinet compte bien élever le niveau de transparence du secteur et aider les utilisateurs à prendre des décisions, avec un meilleur degré de connaissance, lorsqu’il s’agit de comparer les fournisseurs de Cloud privé.
Ainsi l’étude révèle que les coûts d’un Cloud privé, motorisé par Microsoft, Red Hat ou VMware, peuvent varier d’un demi-centime environ, ressortant à 0,10$ par heure de VM.
Comparativement, les coûts avec OpenStack sont 20% moins élevés (0,08$ par heure de VM) que ceux avec des outils dits commerciaux, conclut le cabinet. Mais – et c’est un grand "Mais" -, malgré ce coût plus bas, le coût total de possession peut s’avérer plus élevé sur le long terme. Cela s’explique par le fait que les ingénieurs expérimentés sur OpenStack se font rares, comparés à ceux maîtrisant les offres de Cloud privé commerciales. Par conséquent, les utilisateurs devront payer plus cher pour disposer d’ingénieurs qualifiés, capables de gérer la plateforme Open Source.
« 451 Research estime que, pour un déploiement de base, un environnement de cloud dit commercial nécessite certes de recruter 3% d’ingénieurs de plus qu’avec OpenStack, mais le TCO reste tout de même moins élevé qu’avec la plateforme Open Source », soutient le rapport.
L’adoption d’OpenStack, catalyseur de la baisse des coûts
Toutefois, au fur et à mesure que l’adoption d’OpenStack progresse et avec, le nombre d’ingénieurs expérimentés, la situation devrait s’améliorer, assure Owen Rogers. « Même si aujourd’hui, les coûts sont plus élevés en termes de TCO, avec le temps, les dépenses associées à la migration vont baisser, et la valeur d’usage d’une plateforme ouverte, non propriétaire, va réellement être mis en avant », commente-t-il.
Ce que pense également Jonathan Bryce, le directeur de l’OpenStack Foundation. Pour lui, cette relative pénurie de compétences OpenStack est actuellement une problématique prioritaire. « Nous constatons déjà que de nombreux développeurs augmentent leurs niveau de compétences sur OpenStack », explique-t-il et l’adoption de la technologie progressant, le nombre de personnes expérimentées va naturellement augmenter. « A chaque fois que nous assistons à un mouvement technologique de fond, il y a toujours un décalage au niveau des compétences, mais cela est temporaire. »
Toutefois, si le TCO est certes un élément à prendre en compte dans le choix d’un fournisseur, il ne doit pas être le seul facteur, ajoute encore Owens Rodgers. « Le calcul du TCO ne doit être qu’une partie de l’ensemble, et, évidemment, la valeur spécifique apportée par chaque fournisseur doit être dégagée. »
OpenStack, une assurance de pérennité
Et selon lui, les utilisateurs ont certains avantages à emprunter la voie OpenStack. « Il existe plein de bonnes raisons de choisir OpenStack : le risque du verrou-vendeur par exemple qui peut être un frein si une offre commerciale, généralement plus propriétaire, est choisie.
« Un autre facteur est important dans la recherche d’une technologie. Vous devez également prendre en considération ce qui va se passer dans 5 ans ainsi que les surcoûts, tant en termes financiers que liés à la sécurité, induits par la migration des données chez un autre fournisseur », ajoute-t-il.
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Jonathan Bryce ne dit pas l’inverse. « Lorsque vous recherchez une plateforme Cloud, il s’agit d’une décision à 5 ou 10 ans. Il s’agit d’une brique technologique fondamentale pour votre métier. Vous voulez donc quelque chose qui offre une multitude de choix et une innovation constante. Je pense que les entreprises trouvent cela dans la communauté OpenStack. »
Managé ou en interne
Le rapport du cabinet d’analystes compare également le TCO d’un Cloud privé managé avec celui d’un Cloud privé supporté en interne.
« Si un Cloud privé est opéré par un ingénieur pour 100 VMs, il se peut que le TCO soit plus bas que celui d’un Cloud privé managé (calculé sur un prix moyen) », conclut le rapport. « Si chaque ingénieur en poste n’a pas la capacité de supporter cette quantité minimale de VMs, un Cloud privé managé devrait alors être moins cher en moyenne ».
Traduit par la rédaction