La gratuité de Fiori soulève des questions sur les vrais coûts
En rendant gratuite sa technologie d’UI Fiori, SAP a laissé certains utilisateurs s’interroger sur les coûts qui pourraient bien y être associés.
Les utilisateurs ainsi que les analystes ont pour la plupart bien réagi après l’annonce de SAP de ne plus facturer sa technologie d’expérience utilisateur Fiori. Toutefois l’implémentation de cette technologie, même gratuite, risque tout de même d’être une opération coûteuse. En cause, les contraintes en matière de middleware et de cloud.
« Cela va nécessiter des investissements que je n’avais pas anticipés », raconte CR Caton, directeur de la stratégie ERP chez Verizon Services. Caton et ses équipes sortaient justement d’une discussion avec un représentant de SAP Fiori qu’ils avaient eu lors de la conférence Sapphire Now. Une discussion dans laquelle ils ont appris la nécessité d’avoir la couche middleware SAP NetWeaver Gateway.
Selon SAP, Netweaver Gateway et son protocole OData sont des composants obligatoires pour faire fonctionner les applications Fiori. Le groupe a également ajouté que son River Rapid Development Environnement supporterait la HANA Cloud Platform, le rendant adapté à la création, ou encore la migration vers des applications Fiori. SAP a confirmé que du conseil en matière d’UI et des services liée à l’implémentation seraient également proposés - en mode payant cette fois.
Comme Caton, deux autres utilisateurs potentiels de Fiori étaient très attirés par cette simplification des applications complexes que propose Fiori, mais n’étaient encore pas certains concernant la façon de l’implémenter.
Le responsable d’application dans une grande entreprise du secteur de l’énergie, qui a souhaité rester anonyme, a bien indiqué « aimer le fait que Fiori soit gratuit », même si ses utilisateurs se plaignent que les apps SAP ne soient pas très « user-friendly ». « Nous apprenons encore beaucoup de choses ». Les Screen Personas - les tableaux de bord personnalisés en fonction des rôles de Fiori - ainsi que ses applications transactionnelles pour la finance sont très intéressantes.
Toutefois, lesquelles de ces applications seront disponibles pour des déploiements sur site et lesquelles pour le cloud sont deux questions qui restent sans réponse. « On m’a dit que l’aspect on premise arrivait, mais ils sont en train d’évaluer s’il y aura Fiori pour des déploiements sur site, et non HANA », affirme-t-il. « 75% des applications Fiori requiert l’utilisation de SAP HANA. SAP soutient néanmoins qu'à termes que ce sera à 100% Hana et non Hana. »
Marion Pastor, responsable de l’équipe SAP finance pour la société Lincoln Electric, affirme que Fiori est certes intéressant, mais s’interroge sur le temps et les dépenses requis pour le faire fonctionner avec les dernières applications financières de SAP. « Je veux savoir si le Grand Livre Général doit être implémenté pour pouvoir utiliser Fiori », explique-t-il. ‘
Les analystes saluent la gratuité de Fiori
EN dépit de ces quelques doutes, Bill McDermott, CEO de SAP, a annoncé la gratuité de Fiori sous un tonnerre d’applaudissements lors son discours d’ouverture de la conférence. « Certains clients, ainsi que nos groupes d’utilisateurs, souhaitaient que SAP ne le fasse pas payer », a déclaré le CEO. « Je suis d’accord. Cela est désormais pris en compte. Et si vous l’avez déjà acheté, pas d’inquiétude. Nous allons vous faire crédit ».
Cette décision est intervenue après plusieurs mois de complaintes de la part des clients SAP, qui pointaient du doigt les 150 dollars par utilisateur facturés pour une licence perpétuelle. Cindy Jutras, analyste au sein du cabinet de conseil Mint Jutras, affirme avoir entendu des remarques acides, dont la plupart venaient de membres d’ASUG, le plus important groupe d’utilisateurs SAP et sponsor de la conférence. « L’argument le plus solide portait sur la partie HCM (Human Capital Management) », raconte-t-elle. « Il s’agit de la même augmentation, mais vous devez la payer par employé ». Avec la nouvelle politique, les utilisateurs auront Fiori gratuitement tant qu’ils disposent des licences portant sur les applications sous-jacentes. Toutefois, certains penseront encore que Hana est nécessaire pour tirer pleinement profit de Fiori », commente-t-elle.
Reste que les gains avec Fiori sont bien considérables, poursuit-elle. « Une des plus grosses fausses idées que se font les gens est que les produits Fiori ne sont pas des applications. Mais ils le sont bien », affirme-t-elle, se référant au quelque 300 applications que SAP propose également gratuitement. SAP va aller plus loin en développant des « cockpits » Fiori pour gérer les processus métiers.
De son côté, Holger Mueller, vice président et analyste principal chez Constellation Research pense que la gratuité de Fiori est une bonne décision qui offre aux clients une interface plus moderne et facilite la prise en main du logiciel. Cela permet également à SAP de favoriser une adoption plus large de Fiori et d’alimenter l’un des thèmes de la conférence portant sur la simplification des applications complexes. « Cela pose la question sur l’intérêt d’être un client SAP qui paie la maintenance, au regard des innovations comme Fiori », explique-t-il. « Les clients devraient néanmoins réfléchir à un cas d’usage pour Fiori. Les dépenses en licences ne sont qu’une petite partie des coûts logicielles totaux d’une entreprise. »
Traduit et adapté par la rédaction