Intel : comment sa stratégie liée au datacenter l’aide à conserver sa mainmise sur le marché
L’approche d’Intel qui consiste à relier ses composants Software-defined infrastructure, Cloud et HPC, pourrait bien aider le Californien à préserver son avantage concurrentiel.
L’approche d’Intel qui consiste à relier ses composants Software-defined infrastructure, Cloud et HPC, tout en élaborant sa stratégie liée au datacenter, et en poursuivant ses investissements, comme dans Cloudera, pourrait bien aider le Californien à préserver son avantage concurrentiel, a indiqué un analyste, en amont du lancement d’une nouvelle gamme de serveurs Intel, le mois prochain.
Lors dde l’IFA, Intel prévoit de présenter ses nouveaux produits et ses projets pour basculer dans une nouvelle ère des terminaux connectés, grâce à ses nouvelles technologies. « Intel comprend bien le marché actuel », affirme David Kanter, analyste du Linley Group. « Il a une profonde compréhension du marché du datacenter et il innove dans ce domaine pour maintenir son avantage concurrentiel. »
« Intel étend la définition du serveur en pensant au réseau SDN et au stockage tout en concevant des puces ». Kanter soutient que cette approche globale deviendra payante au moment de batailler avec les fournisseurs de microprocesseurs comme ARM. « Le marché l’a quelque peu perdu de vue entre 2006-2007 et il a perdu beaucoup de parts de marché, mais il est de retour en mettant le cap sur le stockage orchestré par le logiciel (Software-defined Storage) ainsi que sur le Big Data », ajoute-t-il.
Pour son second trimestre 2014, Intel a fait état d’une croissance annuelle de 19% de ses activités liées aux datacenters, à 3,5 Md$. En volume, les ventes ont progressé de 9% et les revenus venus du cloud, du réseau, du HPC et des solutions d’entreprise ont tous enregistré une hausse supérieure à 15% sur la période.
« Nos résultats du deuxième trimestre ont montré la force de notre stratégie qui consiste à étendre la portée des technologies du datacenter d’Intel à l’Internet des Objets », explique Brian Krzanich, un responsable chez Intel. « Avec le lancement de notre famille Baytrail, nous avons touché de nouveaux marchés, tels que les systèmes basés sur Chrome et nous sommes bien placés pour atteindre notre objectif des 40 millions de tablettes - au prix toutefois de pertes massives du fait des prix agressifs pratiqués par le fondeur et des "subventions" versées ses clients, NDLR. De plus, nous avons passé une étape importante en matière de qualification de notre prochaine puce Broadwell gravée en 14nm et nous espérons que la commercialisation des premiers systèmes débute pendant les vacances. »
Le datacenter en progression
Le groupe californien estime que ses activités liées au datacenter progresseront de 10% rien que cette année. Sa division dédiée propose des plates-formes conçues pour les segments des serveurs, des stations de travail, des équipements réseau et de stockage.
Quelque 20% des revenus totaux d’Intel (et une bonne partie de ses marges) viennent des serveurs, la croissance dans ce segment est donc clé pour l’entreprise. Ses puces pour serveurs reposent sur une architecture x86, qui compte pour plus de 90% du marché. « Intel domine actuellement le marché des datacenters, et de loin », affirme Nebojsa Novakovic, architecte HPC pour le Computational Resource Centre à Singapour. « Dans ce domaine, il ne rencontre pas de résistance de la part d’ARM, qui est plus présent sur les marchés du mobile et de la tablette. » Il ajoute toutefois : « Mais Intel doit faire encore plus. Une grande part de sa réussite tient au manque d’innovation de ses concurrents. Il doit désormais investir non seulement dans de nouveaux design de puces, mais également dans tout l’écosystème du datacenter . »
Intel a en effet avancé dans cette direction en investissant 740 millions de dollars dans la start-up Cloudera, un expert du monde Hadoop, et un spécialiste du marché des solutions pour le Big Data en entreprise. Cet investissement, le plus important de son histoire dans une technologie de datacenter, lui a permis d’obtenir 18% du capital de Cloudera. Son précédent investissement dans ce domaine était l’injection de 218 millions de dollars en 2007 dans VMware – il avait pris 2,5 % du capital.
L’accord avec Cloudera montre qu’Intel peut marier son architecture pour datacenter, basée sur la technologie Xeon, avec la solution de gestion des données de Cloudera, reposant sur Hadoop.
Analytique et Big Data
« En alignant les roadmaps de Cloudera et d’Intel, nous créons une plate-forme de choix pour l’analyse des Big Data », souligne Diane Bryant, senior président et directrice générale de la division Datacenter d’Intel. « Nous comptons accélérer l’adoption par l’industrie de la plate-forme Hadoop et permettre aux entreprises de fouiller dans leurs données pour avoir de la visibilité et mieux informer les métiers. Cette collaboration porte sur notre technologie de datacenter, du compute au réseau, en passant par la sécurité et le stockage. Cela enrichit également notre stratégie liée à l’Internet des Objets . »
Selon certains experts, le fait que de plus en plus d’entreprises prennent le train du Big Data serait une bonne nouvelle pour Intel car cela conduirait à une hausse des ventes de puces pour serveurs haut de gamme.
IDC prévoit que le marché du Big Data progresse de 27% sur les 5 prochaines années pour atteindre 32 milliards de dollars. Une croissance 6 fois plus rapide que celle du marché IT. « Imaginez un peu : Intel aura l’opportunité de proposer davantage de puces dans le cadre de cet accord », soutient Patrick Kennedy , directeur chez PWC. « Mais cela représente beaucoup d’argent et nous devons attendre pour constater comment cela va se jouer. »
Un point partagé par Novakovic qui considère également qu’Intel a parié beaucoup d’argent sur Cloudera. « D’un point de vue technologique, Il s’agit d’un investissement fantastique qui peut gonfler les ventes hardware d’Intel, mais nous verrons plus tard si cela est sain d’un point de vue financier. » « Lorsqu’un investissement dans le hardware tourne mal, vous disposez toujours d’un élément tangible, mais cela est très délicat pour un investissement dans une entreprise du logiciel ou du Cloud. »
Une position de n°1
Selon Gartner, Intel occupe le rang de n°1 du secteur des semi-conducteurs depuis 22 ans. Toutefois, Intel doit rester aligné sur sa stratégie qui consiste à associer ses composants d’infrastructure « Software-Defined », cloud et HPC à sa stratégie Datacenter pour conserver sa position sur le marché, insistent les experts. « Il doit poursuivre ses efforts alors que la concurrence monte en puissance », affirme Kennedy. « Imaginez ce qui se passerait si HP entamait une production à grande échelle de memristor. Cela changerait complétement la dynamique du marché. »
Un memristor est un type de résistance dans laquelle le flux de courant électrique d’un circuit électronique est déterminé par la quantité de charge qui y a précédemment transité. En 2008, des chercheurs au HP Labs ont développé le premier memristor fonctionnel.
Selon Kennedy, « il a fait des progrès sur le segment du datacenter, mais une grande partie de son innovation et de sa réussite viendra de ses travaux dans le domaine de l’Internet des objets ».
Selon Gartner, Intel avance de manière concertée sur le marché de l’Internet des objets. « La division dédiée d’Intel fait appel à ses ressources dans le logiciel embarqué, la sécurité et les services pour s’assurer que ses efforts portent leurs fruits », explique encore le cabinet d’analystes.
Traduit et adapté par la rédaction