Gartner : coûts, risques et compétences pour évaluer l’Open Source en entreprise
Dans une note de recherche, Gartner décrit les différents critères à soupeser pour ne pas choisir d’utiliser des logiciels Open Source à la légère. Coûts, degré de maturité, risques, compétences et modèles économiques doivent être pris en compte.
Si les logiciels Open Source sont au cœur de projets d'infrastructures clés, dans le Cloud et le Big Data par exemple, il ne faut toutefois pas céder aux sirènes sans bien maîtriser le modèle. C'est une des conclusions qu'il fallait retenir d'une note de recherche du cabinet d'analystes Gartner publiée en mars 2015. Intitulée « Dois-je utiliser du code Open Source dans mon infrastructure », ce rapport des deux analystes, Arun Chandrasekaran et Andrew Lerner, rappelle aux entreprises « qu’il existe de nombreuses solutions d'infrastructure en code open source, mais les logiciels en code open source (OSS) ne permettent pas toujours d'économiser de l'argent ni de réduire l'emprise vis-à-vis des fournisseurs ». Il est donc nécessaire de calculer et d’évaluer minutieusement l’intégration de l’Open Source dans un SI.
Les deux analystes partent en effet du principe que l’ouverture peut tendre à devenir de plus en plus un buzzword, au sens multiple. « La réalité est que la notion d’ouverture englobe un spectre très large, avec pourtant une corrélation limitée entre que ce que les fournisseurs promettent dans leurs messages marketing et le degré d’ouverture réel d’une produit », constate les deux analystes dans leur note de synthèse, qui s’appuie sur plus de 500 interactions avec les clients ces dernières années.
Analyser le coûts, les risques et les compétences
Pour les entreprises, qui souhaiteraient évaluer l’impact de l’Open Source dans leur SI, il s’agit donc de mettre en place une grille de lecture étalon qui puisse évaluer la faisabilité du projet. Gartner recommande pour cela d’effectuer une analyse de trois facteurs : le coût, le risque induit par l’Open Source dans l’entreprise, et les compétences requises. Trois facteurs que « les responsables d'infrastructure peuvent évaluer pour déterminer si un modèle économique de logiciel en code open source (et lequel) est pertinent dans leur environnement ».
Les coûts, d’abord, sont un élément clé dans l’adoption des logiciels Open Source par les entreprises. Pourtant, note le Gartner, les entreprises ne font qu’effleurer les coûts réels. « Gartner estime que, dans plus de 80 % des cas, les entreprises déploient les logiciels en code open source essentiellement pour réduire le coût total de possession (TCO). Or, elles ne parviennent que dans un cas sur deux à prouver de manière empirique que le déploiement de logiciels en code open source s'est effectivement traduit par une diminution du coût total de possession », explique le cabinet d’analystes. Cela est dû en partie à la multiplicité des modèles économiques de l’Open Source (comme la double licence) ou encore aux coûts d’intégration et de compétences associées qu’il est nécessaire de prendre en compte.
Risque = maturité + niveau d’intégration
Côté risque, Gartner évoque logiquement la problématique de la maturité des logiciels Open Source, hétérogène – il convient donc d’élaborer une seconde grille de lecture sur ce point -, et sur quelle couche ils sont déployés dans l’environnement – en fonction de leur niveau de maturité, donc. « En règle générale, plus le logiciel est largement déployé, moins le risque associé est élevé. La raison est que la dynamique de l'industrie entraîne généralement (a) l'amélioration du code source, (b) l'amélioration de la documentation et du support et (c) une plus grande disponibilité du personnel compétent. »
Partant, il convient d’intégrer sur les couches critiques les logiciels Open Source ayant un niveau de maturité suffisant. « Il peut être tout à fait pertinent d'utiliser des outils logiciels en code open source dans l'environnement de développement ou pour les systèmes d'innovation. En revanche, les logiciels en code open source peuvent ne pas convenir pour les charges de travail de production de comptabilité dorsales ou les systèmes d'enregistrement, sauf s'ils sont soutenus par une communauté mature des options de support robustes et/ou de solides compétences en interne », expliquent Arun Chandrasekaran et Andrew Lerner dans leur rapport.
Restera alors un dernier point : celui du modèle économique. Pour Gartner, là encore, il s’agit d’évaluer celui qui conviendra le mieux aux besoins de l’entreprise. Double licence, support commerciale, noyau ouvert, tous ont leurs inconvénients et avantages qu’il convient de connaître.
Par exemple, le modèle qui s’adosse à un support commercial de briques Open Source dispose d’un niveau d’adoption élevé, l’entreprise dispose d’une offre de support 24/7, avec une forte capacité de personnalisation, et a le choix du prestataire dans un environnement concurrentiel. Mais, « les coûts de fonctionnement globaux sont plus élevés que pour un support autonome » – dans le cadre d’entreprises dotées de compétences en interne – explique enfin Gartner.