Cet article fait partie de notre guide: API : l'ouverture des SI dans un monde de microservices

API Days : poussée par la mobilité, l’adoption des APIs progresse

Poussées par la mobilité et les stratégies de transformation numérique des entreprises, les APIs se frayent un chemin dans les SI. Un constat réalisé lors des API Days qui se sont déroulés cette semaine à Paris.

«Les APIs sont la voie vers le futur. » A elle seule, cette phrase, prononcée par Lorinda Brandon, responsable chez Smartbear Software (au poste de Program Manager of API Product), un spécialiste des APIs, pourrait résumer la 3e édition des API Days qui se sont tenus cette semaine à Paris. Une édition qui a notamment permis de comprendre ce que pouvait être les cas d’usages des APIs et de leur gestion et en quoi ces interfaces de programmation qui servent à exposer données et services via le Web, pouvaient être utiles à des entreprises.

Car si aujourd’hui, le grand public caresse déjà du doigt le monde des APIs, c’est notamment par le biais des grandes plates-formes cloud, à l’image de Twitter et Facebook, dont l’une des ambitions est de décloisonner leurs services et fonctions pour les insérer dans des applications et services tiers.

Mais ce serait réducteur. Car ce qui motive aujourd’hui l’usage des APIs est bien la mobilité, qui correspond actuellement au moteur premier du secteur. Et là est le futur. Si l’on en croit Gartner, 50% des échanges et collaborations B2B seront effectués via des API Web en 2016.

« Ceux qui adoptent les APIs possèdent un avantage concurrentiel certain et l’innovation va s’accélérer à partir de 2015 », résume Mark O’Neill, VP Innovation chez Axway, présent lors des API Days 2014. « La courbe des usages des API progresse. Nous sommes passés en 2010 à la question ‘pourquoi avons- nous besoin d’API’, à un potentiel ‘bien sûr nous en avons’ en 2015 ». Selon lui, cela est surtout vrai dans les secteurs des services bancaires - un secteur qui fait tout pour se numériser.

APIs : une réponse aux exigences de la mobilité

Voitures connectées, montres intelligentes, réseaux de capteurs et internet des objets, applications mobiles, systèmes de paiements mobiles… tous ces segments naissants et très tendances forment aujourd’hui les cas d’usage type, largement cités lors de l’événement. Des services motorisés par ces précieuses APIs.

« Les applications mobiles sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses et la plupart sont connectées pour récupérer ou partager des données. Elles ont donc besoin d’une API pour accéder aux back-end où se trouvent ces données », résume Jérôme Louvel, fondateur de la société Restlet qui présentait son Paas APISpark lors de l’événement.

Selon lui, les entreprises ont certes besoin d’outils pour intégrer leurs données pour les rendre mobiles et ainsi utiliser les technologies plus traditionnelles (ETL par exemple) pour avoir une vision unifiée des données. Mais « lorsqu’elles souhaitent partager leurs données, l’application mobile ne peut pas passer le firewall. Elles ont besoin d’une passerelle d’accès à ces données. Les DSI n’aiment pas ouvrir leur firewall. De plus, si l’application mobile vient surcharger les bases en production, le système peut alors tomber et poser des problèmes de performances », explique-t-il.  Les APIs permettent également de répondre à des enjeux de latences et de temps d’accès, clés pour les applications mobiles. Autre problématique à laquelle répondent les APIs, la synchronisation des données entre plusieurs services. « En cela, les APIs offrent une uniformité des couches d’accès aux données. »

Ce que rejoint également Mike Amundsen, Chief API Architect chez CA et gourou des API au sein du groupe : « La mobilité est un facteur très important du changement : les exigences pour développer une application mobile ont changé, et ce changement sont les API. La mobilité a certes modifié la façon de coder les applications, mais a aussi modifié le rythme des applications. Nous avons besoin de plus d’applications et plus souvent. Et cela même dans les applications B2B, comme dans les banques. »

Surtout poursuit-il, ces APIs viennent compléter les technologies traditionnelles d’intégration. « Les APIs apportent ce que d’autres technologies d’intégration d'applications n’apportent pas ou peu : la réduction des coûts liés au changement ». Un argument de poids surtout « lorsque les partenaires d’une entreprise lui demandent d’exposer toujours plus d’informations. Les technologies d’intégration ne permettent pas d’obtenir des degrés d’interopérabilité (couplage lâche) souhaités pour répondre aux contraintes liées à la mobilité », poursuit-il.  

Pour l’urbanisation du SI

Mais ce n’est pas tout. Car dans un contexte propice à la transformation numérique des industries traditionnelles (comme les services bancaires, les transports, la distribution ou encore les assurances et les utilités), Jérôme Louvel souligne également que les APIs peuvent répondre à des problématiques d’urbanisation des SI. « Dans les entreprises, les départements métiers ont besoin de partager leurs informations. Aujourd’hui, il s’agit essentiellement d’intégration point à point et cela est complexe à gérer. Les APIs permettent dans ce cas de communiquer facilement entre silos. » Autre cas d’usage, souligné par le fondateur de Restlet, réexposer des données internes vers le Web. « L’API est une façon standard de consommer autrement ses données. »

« Les entreprises avec des systèmes legacy ont certes de fortes composantes en matière de donnée et sécurité, par exemple, mais ce qu’elles n’ont pas, ce sont les bons connecteurs aux interfaces. Elles sont concentrées sur la maintenance, la sécurité et la gouvernance. [Avec les APIs], nous ne modifions pas le legacy, nous créons juste une nouvelle représentation pour l’extérieur et cela réduit les coûts liés au changement. Car vous ne redéveloppez pas vos composants, seules les interfaces sur lesquelles se connecter le sont », ajoute de son côté Mike Amundsen.

Reste qu’aujourd’hui ce marché de la gestion des APIs n’en est qu’à ses prémices. En 2013, ce segment a certes connu plusieurs mouvements. Dans le monde Open Source par exemple, le spécialiste de l’ESB MuleSoft a fait le choix de se recentrer sur la gestion d’API - comme un symbole de l’évolution des problématiques d’intégration d’applications. Chez les ténors du IT, Intel a dépensé 200 M$ pour Mashery. CA Technologies a jeté son dévolu sur Layer 7 pour peaufiner son offre de portail de gestion d’API.

Dans les entreprises, le concept se cherche encore un peu, constate Jean-Marc Jamet, senior manager chez CGI, présent lors de l’événement. Les entreprises sont encore au stade de la réflexion. Leur problématique : trouver un moyen pour ouvrir leur système, souvent patrimonial, et souvent fermé, et préparer l’entreprise aux dernières tendances IT; et en premier lieu, la mobilité, commente-t-il en substance. Selon lui, les entreprises sont également intéressées par les capacités de gestion en temps réel offertes par les API, note-t-il également. A ces deux motivations s’ajoute une troisième : celle de la sécurité, régie par le standard OAuth.  

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