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Le logiciel tirera la croissance des dépenses IT en France en 2018

Les DSI français dépenseront presque 90 milliards d’euro dans l’IT et dans les télécoms en 2018 et ils investiront davantage dans le logiciel qu’en 2017. Comme poussées par les grands projets de transition vers le numérique, les dépenses IT hexagonales progresseront de 1,4% cette année.

Le logiciel est et restera le premier moteur de la croissance des dépenses IT en France, révèle le dernier comptage du cabinet d’études Gartner. En 2018, les dépenses des entreprises françaises dans l’IT et dans les télécoms progresseront de 1,4%  par rapport à 2017 pour atteindre quelque 89,5 milliards d’euros au total. Dans l’Hexagone, les DSI délient leurs bourses, même si le contexte mondial invite aujourd’hui à la retenue, confirme Gartner. Dans le monde, les dépenses Ides entreprises dans ces 2 secteurs continuent certes de progresser (+4,5% prévus en 2018), mais l’incertitude provoquée par le Brexit, la fluctuation des monnaies et la crainte d’une éventuelle récession mondiale pourrait bien refroidir les ardeurs dans les 2 années à venir. Gartner anticipe ainsi un ralentissement de la croissance mondiale des dépenses IT en 2019.

A la hausse dans le logiciel,  à la baisse dans les data centers

Dans ce contexte, la France tirera son épingle du jeu.  Et le passage vers le Cloud y joue un rôle. Cela influence la croissance des dépenses sous plusieurs angles. D’abord le logiciel : ce segment connait la plus forte croissance en matière de dépenses en 2017 (7,4%) ; il en sera de même pour 2018 (+7% pour plus de 10 milliards d’euro). Le Cloud est aujourd’hui devenu l’un des canaux de consommation de l’IT moderne privilégiés par les entreprises. Les piliers technologiques, qui tirent la transformation numérique (comme l’Intelligence Artificielle, le Big Data, l’IoT) sont tous pilotés – même partiellement – par des briques logicielles dans le Cloud. Sans oublier la sécurité qui reste une priorité des entreprises.

L’autre effet s’observe sur les dépenses dans les systèmes pour data centers. Ce segment entamera en 2018 sa décroissance, assure Gartner qui prévoit une chute de 6,1% cette année. Cette décroissance sera continue jusqu’en 2021. Les entreprises françaises ont dépensé 4,8 milliards d’euros à bâtir leur infrastructure en 2017 ; elles n’en dépenseront que 4,5 milliards en 2018.

« Le segment data center est en baisse en raison du passage au Cloud. Les entreprises adoptent plus souvent une stratégie Cloud First, et achètent des logiciels SaaS afin de renoncer aux achats de serveurs et de stockage. On note également le passage de la possession de serveurs sur site à une utilisation de la puissance de calcul en tant que service », commente John-David Lovelock,  analyste chez Gartner, interrogé par la rédaction. «  Ce changement est également la raison de la croissance continue du logiciel. Initialement centrées sur les serveurs, le stockage et les logiciels sous licence, les dépenses se déplacent vers les logiciels Cloud ou le Software as a Service. »

Logiquement, face à complexité des projets IT, qui doivent aujourd’hui composer avec des environnements de plus en plus distribués et hybrides – et des piles logicielles ramifiées -, les entreprises continueront de solliciter les intégrateurs et les sociétés de conseil pour les accompagner dans leurs démarches. La transition vers le numérique, et les technologies qui contribuent à la modernisation des SI des entreprises et de leurs modèles économiques, est ainsi un moteur de croissance pour l’ensemble du secteur. Les entreprises françaises devraient donc dépenser 29,8 milliards d’euros en 2018 sur ce segment, en progression de 3,5% en un an. Gartner prévoit une croissance continue jusqu’en 2021. A cette date, la croissance des services IT est anticipée à 4,4% (3,8% en 2019 ; 4,2% en 2020).

Le segment des services de communications et télécoms, s’il représente un  part importante des dépenses IT en France (29,08 milliards d’euro en 2018) peine toutefois à renouer avec la croissance. En 2018, les entreprises françaises réduiront leurs dépenses dans ce domaine (-0,6%) après avoir enregistré une baisse en 2017 (-1,1%). Ces dépenses ne devraient pas connaître de croissance forte avant 2021 (un petit +1,6%). 

Enfin, et cela est plus surprenant, le segment des terminaux mobiles (Devices chez Gartner) devrait connaître en 2018 les effets d’une saturation du marché. Cette année, le cabinet d’analyste prévoit certes un léger recul (-0,2%), mais cela annonce une décroissance plus forte dans les années à venir (-6,4% en 2019 ; -2,6% en 2020). En 2018, les entreprises devraient tout de même dépenser 15,2 milliards d’euros dans ce segment. « Les personnes qui rachètent véritablement un nouveau terminal sont peu nombreuses, résume John-David Lovelock. « Les cycles de remplacement sont plus longs car les consommateurs pensent utiliser des appareils qui conviennent encore  aux usages et ce pour des périodes plus longues. »

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