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Convergence - Hyperconvergence : Dell EMC domine un baromètre IDC très perfectible
Le baromètre IDC des systèmes convergés et hyperconvergés continue à mesurer l'hyperconvergence par le prisme des appliances et non par celui des plates-formes logicielles. Dell EMC reste ainsi leader du convergé (devant NetApp) et de l'hyperconvergé (devant Nutanix), tandis qu'Oracle domine le segment des systèmes intégrés.
Depuis plusieurs années, IDC fournit à la presse un « tracker » suivant le marché des systèmes convergés et intégrés, un indicateur trimestriel qui a évolué progressivement pour prendre en compte le marché des systèmes hyperconvergés (voir à ce propos notre Who's Who 2018 de l'hyperconvergence). Nous avons à plusieurs reprises critiqué ce tracker que nous jugeons très imparfait et sans doute guidé par des préoccupations commerciales.
Historiquement, l’indicateur d’IDC s’est largement concentré sur le marché de la convergence. Il séparait alors les architectures intégrées (de type Oracle Exadata ou Exalogic, SAP HANA Appliance…), des architectures convergées (type VBlock/Vxblock, HPE ConvergedSystems, Hitachi UCP CI) et des architectures de référence (Cisco/NetApp FlexPod, EMC VSPEX, Pure Storage FlashStack CI, IBM VersaStack). À l’époque, les architectures hyperconvergées (Dell EMC VxRail, Nutanix, HPE Simplivity, Cisco HyperFlex…) étaient largement reléguées au second rang.
La segmentation choisie par IDC permettait au cabinet d’analystes de mettre en avant les performances de trois constructeurs différents chacun pouvant à un moment ou à un autre se déclarer leader mondial d’un segment. Dell EMC se félicitait ainsi d’être leader mondial des architectures convergées, tandis que NetApp/Cisco se félicitait de la position de ses FlexPod et qu’Oracle s’enorgueillissait du leadership des architectures intégrées. Les gêneurs de l’hyperconvergence bénéficiaient tout juste d’une note de bas de page.
Le côté artificiel de la segmentation de marché d’IDC est devenu évident après la fusion Dell EMC, lorsque ce dernier a décidé de sortir du marché des architectures de références pour se concentrer sur ses appliances convergées et hyperconvergées. Soudainement, Cisco/NetAPP s’est retrouvé leader d’un segment où il est quasiment le seul acteur de tailler à participer (celui des architectures de référence) tandis qu’Oracle continuait à dominer le marché des plates-formes intégrées avec ses appliances Exadata, ExaLogic & Co. Dell EMC, enfin, s’est retrouvé acteur dominant des architectures convergées.
Plus problématique pour IDC, l’ensemble de ces segments a vu son marché reculer tandis que l’hyperconvergence prenait une part de plus en plus importante du marché. Les gêneurs, et notamment Nutanix, étaient soudainement devenus des leaders.
Hyperconvergence : paradoxalement, IDC mesure le software defined en calculant les revenus du matériel…
IDC n’a pourtant guère modifié sa vision du marché. Pire, le cabinet d’analyste a trouvé le moyen de rendre sa lecture compliquée. Alors que les analystes de la firme ne cessent de chanter les vertus du software defined, la seule vue du marché de l’hyperconvergence fournie par IDC est celle du marché des appliances.
Plutôt que de fournir un classement des plates-formes logicielles motorisant l’hyperconvergence (VMware, Nutanix, Microsoft, Cisco HyperFlex, HPE Simplivity, Red Hat Hyperconverged, Scale Computing Hypercore, etc…), IDC s’obstine à classer les constructeurs en fonction du revenu généré par leurs ventes d’appliances. Une catégorie 100 % dépendante de plates-formes software defined se retrouve ainsi mesurée via le prisme du matériel.
Sur la base de cet indicateur, IDC place ainsi Dell EMC devant Nutanix et Cisco. Petit problème, entre 40 % et 50 % du chiffre d’affaires Dell EMC provient de la vente d’appliances basées sur l’OS de Nutanix. Le classement d’IDC permet ainsi à Dell EMC de revendiquer la première place mondiale et d’entretenir l’idée que sa performance est largement due à celle de ses offres VxRail alors qu’elle est aussi en large partie liée au succès de ses systèmes Dell EMC XC à base de plate-forme Nutanix.
Quant à Nutanix, qui veille désormais à découpler ses revenus logiciels de ses revenus matériels (l’objectif de la firme est à terme de sortir le matériel de ses revenus et faisant réaliser l’intégration de ses appliances par ses partenaires de distribution, ce qui ne changera rien pour ses clients, mais améliorera ses marges telles que vues par Wall Street), il est à terme menacé de voir son classement pénalisé par sa « sortie » du matériel. C’est donc avec les pincettes d’usage qu’il faut prendre les récents chiffres publiés par IDC.
Dell EMC, leader sans surprise d'un segment convergé stable et d'un marché hyperconvergés en pleine croissance
La première tendance mise en lumière par les données d’IDC est la montée en puissance continue des architectures hyperconvergées au détriment des architectures convergées et intégrées.
Selon le cabinet d’analystes, les ventes de systèmes hyperconvergés ont ainsi bondi de 68% sur un an pour franchir la barre du milliard de dollars au troisième trimestre 2017. Les ventes de systèmes convergés ont été globalement stables (+1,4%) à 1,4 Md $ tandis que celles des plates-formes intégrées reculaient de 19,8 %, à 542,7 M$.
D’après les données d’IDC, Dell EMC a terminé le troisième trimestre 2017 en tête du marché des architectures de référence et des infrastructures convergées, avec un CA de 697,2 M$, en recul de 4,4 %. En seconde position figure le couple Cisco/NetApp, dont les architectures FlexPod ont généré un CA de 485,5 M$. HPE complète le podium avec 149,3 M$ de revenus.
On peut noter cyniquement que le cabinet d’analystes récompense l’innovation marketing. En effet, si HPE avait eu la même roublardise que NetApp et avait créé des architectures de référence « ProPar » (ou « ParLiant ») afin de comptabiliser comme système convergé chaque vente couplant ses serveurs Proliant et ses baies 3Par, il figurerait sans doute devant le couple Cisco/NetApp au classement IDC...
Sur le marché des plates-formes intégrées (type Exadata, Exalogic, appliances Splunk ou appliances SAP HANA, etc.), Oracle contrôle 45,8 % du marché avec un CA de 240,4 M$. Les ventes totales sur ce segment ont atteint 542,7 M$ sur le trimestre, en recul de 19,8 % sur un an.
Côté hyperconvergence, Dell EMC détient également le premier rang mondial avec un CA de 306,8 M$ en hausse de 158,3 %. Nutanix est second avec 207 M$ (+ 61,1 %), tandis que Cisco s’empare du troisième rang mondial avec 65,7 M$ de revenus (+ 541,5 %). HPE est quatrième avec 35,6 M$ (+ 144,4 %) avec ses systèmes Simplivity et VMware.
Point intéressant qui illustre la fragmentation du marché, la rubrique « autres » génère 386,4 M$ de revenus (+19,3 %). Dans cette rubrique, on trouve des constructeurs partenaires à la fois de Nutanix et VMware comme Fujitsu et Lenovo, des OEM de VMware comme Hitachi, des acteurs autonomes comme Huawei (FusionSphere), Scale Computing (HyperCore). Notons aussi qu’à compter du prochain trimestre, les chiffres de Dell EMC, HPE, Lenovo, Huawei et Cisco incluront aussi les revenus dérivés de leurs ventes d’appliances Azure Stack.
Pour y voir plus clair, il devient donc urgent qu’IDC rende transparents les revenus générés par chaque plate-forme logicielle d’hyperconvergence, comme il le faisait auparavant dans son tracker serveurs en fournissant les revenus par système d’exploitation. C’est d’autant plus important que les entreprises clientes de l’hyperconvergence choisissent avant tout une plate-forme logicielle avant une plate-forme matérielle.
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