La transformation des RH par l'IT s'accélère en Europe
D'après une étude de Fosway, les entreprises européennes seraient en retard sur leurs homologues américaines, mais elles considèrent de plus en plus la technologie comme un moyen de transformer en profondeur leurs stratégies RH.
« Le passage au numérique de la fonction Ressources Humaines, qui s'appuie le plus souvent sur des plates-formes Cloud, se poursuit ». Ce constat est celui de David Wilson, directeur général de Fosway, un groupe spécialisé dans l'analyse des RH, qui a menée une étude détaillée sur les RH en Europe en partenariat avec HR Tech World auprès de 600 entreprises.
« En ce qui concerne les fonctions de RH "individuelles", le passage au Cloud est en cours depuis quelques années. Le mouvement est relativement mature. Aujourd'hui, c'est au tour du Core RH d'y passer. Et pour les fournisseurs de technologies, le Cloud est de plus en plus omniprésent. »
Résultat, en plus d'une mutation pour les acteurs traditionnels vers le SaaS (comme Sage ou Oracle ou SAP), les fournisseurs mettent de plus en plus l'accent sur l'expérience utilisateur, sur l'Intelligence Artificielle, sur l'apprentissage statistique (Machine Learning), et sur l'analytique pour muscler leurs offres.
« Il y a de vraies innovations à tous les niveaux, souvent dans le but d'autonomiser les employeurs en leur redonnant le contrôle. Mais il est aussi juste de dire que tout n'est pas encore totalement établi dans ce paysage RH », prévient l'analyste, faisant référence à une multitude de nouveautés qui n'ont pas toutes trouvé leur public.
Parmi les innovations qui émergent mais qui n'ont pas encore été vraiment adoptées, David Wilson cite les places de marché pour freelance, les hackathons RH ou l'externalisation des fonctions RH directement liées aux coeurs de métier.
« Il y a un décalage entre l'offre des éditeurs et les DRH européennes, d'abord parce que le changement est par nature difficile à mettre en place dans les grandes organisations. Il y a souvent un retard dans la compréhension et dans la sensibilisation », constate-t-il. « Le changement que pourrait provoquer la blokchain, par exemple, semble encore lointain pour les RH. Et peut-être est-ce le cas. Mais, les avantages liés à l'analytique, aux chatbots, à la e-formation (NDR : LMS) et à la robotique sont déjà bien là », prévient-il.
Le décalage évident entre les fournisseurs de HCM/SIRH et les entreprises européennes s'expliqueraient aussi par le fait que beaucoup d'innovations ont été imaginées et façonnées par et pour les entreprises de technologie californiennes. Ces sociétés sont très en avance dans leur sensibilité aux technologies. Et, dans bien des cas, elles sont plus agiles et plus petites que l'entreprise européenne moyenne. Il faudrait donc du temps pour que ces fonctionnalités soient adoptées dans les grandes groupes de ce côté de l'Atlantique.
David Wilson pousse néanmoins les européens à comprendre qu'il existe un avantage évident à s'éloigner des modèles établis en matière de gestion des compétences et des talents, de carrière, et d'emploi, et qu'elles ont tout à gagner à passer à des modèles dits "intelligents" qui utilisent des données pour répondre aux besoins des employés.
« Les nouvelles technologies permettre aux données de faire le travail », résume-t-il. « Cela fonctionne pour accompagner les collaborateurs, mais aussi dans le recrutement et l'acquisition de talents. La qualité des données s'améliore également avec le Machine Learning, ce qui permet de mieux les personnaliser ».
Pour nuancer son propose sur le retard des entreprises européennes par rapport aux américaines, l'analyste souligne néanmoins que l'AI et les bots sont véritablement considérés sur le Vieux Continent comme des technologies à déployer - voire qui le sont déjà dans beaucoup de cas.
« Les RH et les prestations des services associées continuent de changer de plus en plus rapidement en Europe. Les RH deviennent des fonctions véritablement numériques. Grâce à la personnalisation et à l'intelligence embarquée, l'expérience s'améliore concrètement pour les utilisateurs et les employés ».
Conclusion, pour David Wilson, les changements dans le milieu du travail offrent de plus en plus l'occasion pour la stratégie RH de créer un meilleur engagement des employés et d'apporter des changements positifs aux organisations européennes en s'appuyant sur une technologie de plus en plus mature.