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Applications métiers : les évolutions de 2017 qui sont appelées à durer

Cegid, Infor, Workday, Salesforce, Anaplan, GE Digital, Microsoft et IBM ont animé chacun à leur manière une année sous le signe de l’AI et du SaaS. Plusieurs de leurs annonces marqueront durablement le marché.

SAP et Oracle ont connu une année 2017 curieusement semblable. Mais le marché des applications métiers ne se limite pas à ces deux mastodontes. Plusieurs autres actualités ont rythmé une année sous le signe de l'intelligence artificielle et du Cloud. Parmi elles, plusieurs sont amenées à marquer les solutions et les éditeurs B2B sur le long terme.

Cegid

Après son rachat par des fonds britanniques, Cegid a bien failli devenir hollandais. Son siège restera finalement à Lyon mais ses nouveaux moyens financiers lui ont donné des ailes et permis le rachat de deux acteurs clefs français de l’ERP : Qualiac (dont la marque sera fondue dans Cegid) et Cylande.

La première acquisition est complémentaire des offres de Cegid. Elle permet au lyonnais d’étendre sa marque à de nouveaux secteurs. La deuxième renforcera au contraire son cœur de métier dans le Retail.

Anaplan

En Europe, l’anglais Anaplan est bien parti pour refaire dans la planification budgétaire le coup de Salesforce dans le CRM ou de Workday dans le HCM.

La start-up a atteint en 2017 un CA de 120 millions de dollars. Elle a multiplié ses points de présences dans le monde (14 en tout). Et en France, Anaplan a débauché un ex-SAP (Brice Faure) en septembre pour développer commercialement son outil qui veut « remplacer la glue qu’est Excel entre les services des entreprises ».

En décembre, pour se renforcer encore un peu plus à l’international, Anaplan a levé 60 M$ ; ce qui porte ses tours de table à 300 millions de dollars et sa valorisation à presque 1,5 milliard. Bref, une licorne est bel et bien née cette année.

Workday

Une autre licorne du SaaS est partie pour durer. Workday, la start-up créée par le fondateur de PeopleSoft, est passée cette année du marché du HCM et de la gestion financière à celui des plateformes d’applications métiers avec l’arrivée d’un PaaS, d’un DaaS (Data as a Service) et la promesse d’une brique analytique en self-service.

En France, l’éditeur a réussi à gagner des marchés importants pour remplacer SAP et Oracle chez plusieurs grands comptes du CAC 40, dont Renault.

Cerise sur le gâteau, en août, le Gartner a adoubé Workday dans son Magic Quadrant des solutions RH en le plaçant en Leader numéro 1 du HCM.

Infor

Alors que le "petit Oracle de Manhattan" est en quête de notoriété internationale, Infor a fixé des objectifs ambitieux à sa filiale française. Elle devra, dès 2018, réussir à convertir le marché local à l’ERP Cloud avec 40% de ses futures ventes dans le SaaS (contre 17% aujourd’hui). « C’est un défi mais c’est possible » nous confiait Laurent Jacquemain, le responsable commercial ERP pour l'Europe du Sud, lors de l’Inforum en juin.

En 2017, Infor a commencé sa mue en France en se réorganisant par secteur industriel plutôt que par région et en initiant des partenariats avec Capgemini, PwC ou Accenture qui s’ajoutent à ceux historiques avec IBM, Atos et CGI.

Autre changement majeur, Infor s’est lancé dans la bataille de la BI (une diversification) en s’offrant Birst. En France, une entité commerciale a été ouverte cette année sous la direction d’un ancien SAP et d'IBM (Eric Delattre).

Ces changements prennent place alors qu’Infor a fait entrer en février dans son capital la deuxième plus grosse entreprise privée des Etats-Unis, le géant industriel Kock, qui lui a amené 2 milliards de dollars.

Microsoft

En 2017, Microsoft France a vu arriver à sa tête un dirigeant italien, Carlo Purassanta, après un jeu de chaise musicale initié par la démission de l’historique Eric Boustouler, parti diriger Solocal (PagesJaunes, etc.). Il s’en est suivi un changement de modèle organisationnel souhaitée par la Corp dès cet été. Un changement dont le but est de mieux accompagner les clients vers le Cloud.

Côté produit, en plus de l’accord renforcé avec SAP autour de Azure, Skype a commencé à être fondu dans “Team” - qui était initialement le concurrent maison de Slack et qui devient de plus en plus la marque de communication unifiée de Microsoft.

Autre annonce majeure dans le logiciel d’entreprise, en juillet Microsoft a packagé Windows 10, Office 365 et des outils de gestion de la mobilité dans une nouvelle offre baptisée Microsoft 365. A peine un mois plus tard, Microsoft ajoutait des intégrations avec OneDrive (EFSS), Yammer (RSE), des outils de gestions marketing, de facturation… et Team. Microsoft 365 devrait être décliné par secteur. Et l’éditeur s’apprête à l'enrichir d’un outil d’analyse de conformité au RGPD.

Salesforce

Dès juin, le champion du CRM en mode SaaS avait laissé entrapercevoir son futur au-delà du CRM lors de son World Tour Paris. En novembre, l’éditeur a confirmé ses ambitions dans l’IoT et dans le LMS (Learning Management System) lors du Dreamforce de San Francisco.

Côté AI, Salesforce a soufflé la première bougie de son offre Einstein avec une plateforme de développement clé en main de Bots, une demande de plus en plus forte des entreprises dans la relation client.

L’autre annonce majeure de l’année pour Salesforce a été son partenariat avec IBM (lire ci-après).

IBM

IBM a été plutôt discret dans les applications cette année. A une exception plus que notable : un accord stratégique majeur avec Salesforce.

Avec cette accord, les AIs des deux éditeurs, Einstein et Watson, vont se compléterCe concept d'Intelligence complémentaire était un peu flou au moment de l’annonce mais il s’est ensuite précisé. Autre point de l'accord, IBM est devenu lui-même client du CRM de Salesforce. Confirmant au passage la fin des ambitions d'IBM dans le pur CRM.

GE, Siemens, Schneider Eletric : les éditeurs venus de l’industrie

L’année 2017 aura également été celle où des mastodontes industriels se sont véritablement lancés dans le logiciel pour accompagner leurs transformations numériques. Un nouvel acronyme est apparu : IIoT pour Industrial IoT - l’Internet des Objets appliqué au milieu industriel.

A la suite de GE Digital - le discret spin-off de GE à l’ambition dévorante malgré les turbulences de sa maison mère - le français Schneider Electric a investi 3 milliards de livres sterling en septembre pour renforcer son IIoT en s’alliant à l’éditeur anglais Aveva.

Le constructeur de moteur d’avion et de turbines Rolls Royce a lui aussi annoncé le lancement d’un “Data Labs” (R2) pour optimiser l'efficacité opérationnel et « la création de nouveaux services pour les clients » après un accord avec Microsoft et Tata Consultancy Services. En décembre encore, Siemens a étoffé son offre avec AWS.

Il y a fort à parier qu’en 2018 la frontière entre industriels et éditeurs sera de plus en plus floue comme l'a montré, sous une autre forme, l’investissement de deux milliards de dollars de Koch dans Infor en 2017.

N'hésitez pas à nous dire dans les commentaires, si vous le souhaitez, les évolutions qui ont d'après vous le plus marqué cette année.

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