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Géopolitique : le mélodrame Kaspersky atteint la Lituanie
Le ministère de la Défense du pays estime que les outils de l’éditeur russe constituent une menace pour sa sécurité nationale et demande son exclusion des administrations opérant des infrastructures critiques.
Selon l’AFP, le ministre lituanien de la Défense estime que les logiciels de Kaspersky constituent « une menace potentielle pour la sécurité nationale ». Il demande aux administrations opérant des infrastructures critiques de les remplacer dans leurs systèmes d’information avec « un bref délai ». Comme le rappellent nos confrères, le patron du renseignement du pays, Darius Jauniskis, a récemment affirmé que Kaspersky « avait agi parfois comme un jouet » dans les mains de Moscou.
Cette nouvelle attaque à l’encontre de l’éditeur russe s’inscrit dans la continuité de celles menées au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Elle survient alors que Kaspersky vient tout juste d’engager une action en justice contre l’exclusion décidée mi-septembre à son encontre par le ministère de l’Intérieur américain, le DHS. Celle-ci contraignait les administrations publiques à procéder à un inventaire complet des produits de l’éditeur russe présents dans leur infrastructure informatique, à définir des projets de remplacement, et à les faire entrer en applications sous 90 jours. L’exclusion a depuis été prolongée d’une disposition législative qui doit entrer en vigueur le 1er octobre 2018.
Kaspersky affirme que « la décision du DHS est inconstitutionnelle et fondée sur des sources publiques subjectives et non techniques, telles que des reportages non corroborés dans les médias, des allégations, et des rumeurs ».
Léditeur souligne au passage l’absence de preuve produites par le DHS pour justifier sa décision. De fait, Jeannette Manfra, secrétaire assistante aux communications et à la cybersécurité, au sein de la direction de la protection et des programmes nationaux du DHS, a reconnu – non sans avoir tenté d’esquiver la question – ne pas disposer « d’élément de preuve concluante », à l’occasion d’une audition par une commission parlementaire. Le ministre lituanien de la Défense n’en avance pas plus.
Mais sa décision intervient dans un contexte de tensions continues entre le pays balte, membre de l’Union Européenne et de l’OTAN, et la Russie. Début juin, la Lituanie a lancé la construction d’un mur le long de sa frontière avec la région russe de Kaliningrad, enclavée entre elle et la Pologne. Un peu plus tôt, les services lituaniens du renseignement s’étaient montrés inquiets de la présence militaire russe à proximité de ses frontières. Fin septembre, la Lituanie avait estimé que le tout récent exercice militaire russe Zapad constituait une simulation d’attaque contre les pays baltes.