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Avec Contrail, Juniper entend riposter à Cisco ACI et VMware NSX dans le cloud
Avec Contrail Enterprise Multicloud, Juniper entend concurrencer Cisco ACI et VMware NSX sur le marché des outils SDN pour environnements multiclouds. L'objectif est de permettre aux entreprises de concevoir, de déployer et d'administrer simplement des infrastructures réseaux dans des environnements multiclouds.
Juniper Networks a étendu sa plate-forme de virtualisation réseau Contrail aux environnements multiclouds, s’imposant ainsi comme un concurrent crédible aux offres de Cisco et VMware. L’objectif du constructeur est de fournir une solution technique aux besoins d’un nombre croissant d’entreprises d’exécuter des applications dans de multiples nuages publics et privés tout en maintenant des politiques réseau cohérentes.
La solution Juniper Contrail Enterprise Multicloud, présentée la semaine dernière lors de la conférence NXTWORK de la société à San Francisco, permet d’orchestrer, d’administrer et de superviser depuis une console logicielle unique les services réseau nécessaires à l’exécution d’applications cloud. Attendu au début de l’année 2018, Contrail Enterprise Multicloud devra faire face à la concurrence d’outils comme ACI de Cisco et NSX de VMware.
Lors de sa conférence, Juniper a également annoncé qu’il entend confier la gestion du code source d’OpenContrail, la version open source de sa solution SDN Contrail à la Linux Foundation. L’objectif est bien évidemment de favoriser l’adoption des technologies Contrail dans les écosystèmes cloud ouverts.
Contrail Enterprise Multicloud est en partie le fruit du travail que Juniper a réalisé pendant plusieurs années avec les opérateurs télécoms pour la construction de nuages privés, a expliqué Rami Rahim, le PDG de Juniper, aux analystes et aux journalistes présents.
« C’est un secret de polichinelle – Nous avons été embarqués par presque tous les opérateurs télécoms du monde entier dans leurs projets de nuages », explique Rahim. En France, par exemple, Orange Business Services s’appuie sur Contrail et OpenContrail pour plusieurs projets cloud et NFV majeurs (dont l’offre « SD-WAN » Easy Go Network). Aux États-Unis, AT&T l’utilise aussi dans son cloud interne et pour ses services NFV. Contrail est aussi déployé dans de grandes entreprises comme Wallmart ou Workday. « Et nous avons parfois appris dans la douleur ce qu’il faut faire pour concevoir un réseau cloud », ajoute Rahim.
La technologie suffira-t-elle pour permettre à Juniper de l’emporter ?
Sur le plan technologique, Juniper Contrail peut sans nul doute concurrencer ACI et NSX, indique Brad Casemore, un analyste d’IDC. « Il est clair que Juniper a beaucoup réfléchi aux capacités multiclouds que Contrail doit prendre en charge et, comme vous pouvez vous y attendre de la part de Juniper, les capacités et fonctionnalités de l’outil sont solides ».
Cependant, Juniper aura besoin de plus qu’une bonne technologie pour se mesurer à ses concurrents. Dans les datacenters d’entreprises, on trouve en effet bien plus de produits Cisco et VMware que de produits Juniper. Cisco et VMware ont aussi pris une longueur d’avance dans leurs alliances. Cisco s’est associé avec Google pour adapter ACI à Google Cloud Platform, et VMware a conclu un accord similaire avec Amazon.
« Cisco et VMware font un marketing intensif de leurs offres multicloud », indique Casemore. « Juniper devra donc rehausser et maintenir le profil marketing de Contrail Enterprise Multicloud. »
Le réseau selon Juniper Contrail Enterprise Multicloud
Contrail Enterprise Multicloud incorpore des composants de mise en réseau, de sécurité et d’administration/supervision. Les entreprises peuvent acquérir les trois pièces de ce puzzle séparément, mais le nouveau produit permet aux administrateurs réseau de piloter l’ensemble de ces fonctions depuis le contrôleur central de Contrail.
Pour la mise en place de services réseau dans un cloud privé, Contrail s’appuie sur un mécanisme d’overlay déployé au-dessus de la couche de commutation physique. Cette couche de commutation peut s’appuyer indifféremment sur des commutateurs Juniper ou sur des commutateurs de constructeurs tiers. Le système comprend également un routeur virtuel qui fournit des services de passerelle entre l’overlay et la couche physique, ainsi que des services réseau avancés de niveau 4 à 7 (équilibrage de charge, pare-feu, etc.). Grâce à la console, les administrateurs peuvent créer et distribuer des stratégies qui adaptent les services réseau et les commutateurs sous-jacents aux besoins des applications.
Les capacités de Contrail Enterprise Multicloud dans les grands nuages publics comme Amazon Web Services, Google Cloud Platform et Microsoft Azure, sont différentes car ces fournisseurs contrôlent l’infrastructure. Dans ce contexte, la console d’administration de Contrail permet aux administrateurs réseau de programmer et de contrôler les services d’overlay des opérateurs de cloud grâce aux API qu’ils mettent à disposition. Le logiciel de Juniper utilise également des API cloud natives pour collecter les informations analytiques remontées par les fournisseurs cloud.
Les administrateurs réseau peuvent aussi utiliser la console Contrail pour configurer et contrôler les passerelles menant au cloud public et pour définir et distribuer des stratégies pour des pare-feu virtuels déployés dans le cloud.
Les fonctions du logiciel AppFormix de Juniper sont aussi accessibles depuis la console Contrail. AppFormix fournit des fonctions avancées de déploiement, de reporting et d’analyse des infrastructures et des applications cloud modernes. L’intégration à Contrail permet par exemple de superviser la bonne exécution des politiques réseau ou de veiller au bon déploiement d’éléments d’infrastructure pour les applications cloud.
Avec le cloud, les frontières du réseau sont en train d'évoluer
Les investissements de Juniper dans l’administration multicloud, à l’instar de ceux effectués par Cisco et VMware sont une reconnaissance que les frontières des datacenters d’entreprises sont en train d’évoluer. Et comme l’explique Brad Casemore, celle évolution amène les fournisseurs traditionnels d’infrastructures réseau pour datacenters à « redéfinir leurs propositions de valeur dans un monde multicloud »..
Selon IDC, les dépenses des entreprises en services cloud ont augmenté de près de 29 % au premier semestre 2017 par rapport à l’an passé pour passer la barre des 63 milliards de dollars.