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PostgreSQL : les entreprises françaises utilisatrices organisent leur résistance
Le Groupe de Travail Inter-Entreprises (PGGTIE) de la communauté françaises de PostgreSQL compte désormais une vingtaine de membres et se structurent pour accompagner les entreprises vers la base de données Open Source. Deux outils ont aujourd’hui émergé au sein de la communauté pour faciliter la migration, hors d’Oracle.
Un an après sa création, le Groupe de Travail Inter-Entreprises (PGGTIE) de la communauté PostgreSQL France a franchi un cap avec plus de 20 membres, signe d’un changement radical des entreprises françaises dans leur perception et adoption de l’Open Source. Présidé par Simon Clavier, en charge de la stratégie Open Source, à la DSI de la SNCF, ce groupe, qui se comporte en fait comme un club des sociétés utilisatrices de la base de données Open Source au sein de l’association PostgreSQL FR, avait fédéré Météo France ou encore Air France.
« Nous avons assisté à un changement radical l’année dernière, qui va se voir cette année », résume Damien Clochard, président de l’association PostgreSQL. « Nous ne sommes plus sur des questions d’évangélisation vis-à-vis de l’Open Source, mais sur des entreprises qui décident de s’afficher aux côtés de l’Open Source », ajoute-t-il. Nuance toutefois : sur les 20 membres qui aujourd’hui ont décidé de s’impliquer pleinement dans la communauté, 13 ont fait le choix de s’afficher publiquement et officiellement. Citons aujourd’hui la banque coopérative Casden (groupe Banque Populaire), la MAIF, le CNES, le Ministère de l’Education Nationale, PeopleDoc (dématérialisation des RH), le GIE Agora (en charge de l’informatique de la MSA) ou encore la Société Générale. Carrefour a profité du POSS pour annoncer son adhésion au groupe de travail.
En un an, l’émulsion que doit apporter ce groupe a porté ses fruits. Car l’une des missions premières de ce groupe est bien de réunir les entreprises et leurs besoins spécifiques et de les faire converger, résume en substance Simon Clavier. En clair, trouver un consensus et travailler la main dans la main avec la communauté. L’idée est bien de s’inscrire dans une démarche de co-construction pour mutualiser ressources et financement.
Le groupe de travail a certes identifié plusieurs chantiers, comme la haute-disponibilité, le monitoring ou encore la migration vers PostgreSQL. Mais le marché des deux premiers étant « fragmenté », un consensus s’est porté – logiquement – sur la migration d’Oracle vers la base de données Open Source.
Logiquement, car l’une des motivations de ce groupe de travail est certes de faire de la pédagogie autour de l’Open Source, mais aussi de permettre aux entreprises « de se libérer d’une pression de plus en plus forte du propriétaire », note Simon Clavier. Il s’agit enfin d’accompagner les entreprises souhaitant prendre cette orientation vers PostgreSQL. Dans le viseur, on l’aura compris, Oracle.
Surtout, la volonté des grandes entreprises françaises de s’opposer à l’éditeur californien s’est concrétisée en 2017 lors de la publication par le Cigref d’une lettre ouverte. Celle-ci pointait du doigt « la dégradation de la qualité des échanges et des services de ce fournisseur vis-à-vis de ses entreprises clientes, en France et en Europe ». En ligne de mire : la politique d’Oracle en matière de licence vis-à-vis de la virtualisation.
Des livrables centrés sur la migration
Comme par effet de levier, au sein du groupe de travail, cela s’est donc concrétisé dans 2 projets centrés sur la migration Oracle vers PostgreSQL, chacun né différemment et versé dans la communauté. Le premier émane de la contribution de la Société Générale qui a, plus globalement, inscrit l’Open Source dans sa stratégie IT. La banque française a ainsi contribué son outil interne Code2pg à la communauté qui l’a ensuite enrichi. Cet outil permet de migrer le code applicatif d’une base Oracle et l’adapte à PostgreSQL. En fait, « il parse le code Oracle pour y rechercher les transformations à effectuer (comme les procédures stockées, NDLR). Il évalue même le coût d’une migration », explique Simon Clavier. « Les entreprises ne connaissent pas ce coût. » L’autre contribution est quant à lui né d’un consensus et la mutualisation des ressources et des entreprises a permis de financer le projet. Ce projet, Ora2pg, analyse quant à lui la base de données seule pour évaluer la migration.
Cette démarche doit d’ailleurs servir d’exemple aux autres entreprises, membres ou pas, et faire office de catalyseur de l’adoption de l’Open Source et de PostgreSQL. Le groupe Inter-Entreprises a pour mission de les accompagner et servir de « grand frère », comme se plait à le dire Simon Clavier, pointant du doigt cette nécessité d’épauler les entreprises qui souhaitent démarrer avec PostgreSQL.
Avec ce front commun, les entreprises françaises de ce club espère donc peser de tout leur poids. Et capitaliser sur cette mutualisation pour, par exemple, « recevoir les prestataires de façon conjointe », commente Simon Clavier. Mais aujourd’hui, l’heure est bien à porter les débats au
près des éditeurs, les pressant, dans une lettre ouverte publiée ce jour, de supporter PostgreSQL dans leurs produits. Au risque de les voir purement quitter le navire. « Tandis que la transformation informatique progresse, PostgreSQL devient un standard de facto au sein de nos infrastructures. Une partie de nos applications métier repose sur des logiciels tiers qui fonctionnent en lien avec des solutions de base de données propriétaires nous obligeant à déroger à nos stratégies et politiques d'entreprise. Les fournisseurs de logiciels qui ne supportent pas encore PostgreSQL sont maintenant invités à prendre les premières mesures menant à une certification adéquate de PostgreSQL, si ils veulent avoir l'assurance que nous continuerons à utiliser leurs logiciels dans le futur », tape sur la table Simon Clavier dans le texte. Les entreprises utilisatrices de PostgreSQL haussent le ton.
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