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Azure Migrate : Microsoft veut rapatrier les utilisateurs VMware sur Azure
Microsoft espère que son service attirera les entreprises et leurs workloads VMware vers son Cloud public. Mais cela se fera sans VMware…
Un peu moins d’un an après qu’AWS et VMware décident de créer une offre conjointe pour rapprocher les environnements privé et public dans le Cloud, Microsoft décoche à son tour sa flèche dans cette direction. Mais avec une différence de taille : VMware n’est pas inclus dans l’équation. Si ce dernier n’est pas appelé comme partenaire, VMware a confirmé qu’il ne supporterait pas non plus l’offre de Microsoft.
Azure Migrate, nom du service, apporte plusieurs moyens de migrer ses workloads VMware on-premise vers le Cloud public de Microsoft. Cet outil, gratuit, évalue les environnements, cartographie les dépendances et migre les applications avec Azure Site Recovery. Une fois sur Azure, il permet également optimiser les workloads pour la plateforme Microsoft en s’appuyant sur les outils de gestion des coûts de Microsoft, issus du rachat de Cloudyn.
VMware, piqué au vif, s’est empressé de réagir et a critiqué le positionnement du service de Microsoft en tant que service de migration vers le Cloud. Dans un billet de blog, Ajay Patel, senior vice-président du groupe, évoque l’absence de développement commun entre les deux sociétés et affirme que VMware ne recommandera ni ne supportera l’offre.
Ce n’est pas la première fois que ces deux entreprises sont opposées. Il y a presque 10 ans, Microsoft avait présenté son hyperviseur Hyper-V avec pour ambition de détourner les entreprises des technologies de VMware, soutenait d’ailleurs Steve Herrod, CTO de VMware à l’époque. Il est aujourd’hui directeur de Général Catalyst, un spécialiste du capital risque américain.
Cette fois-ci, Microsoft pourrait rechercher à se positionner pour négocier à terme avec VMware ou pour s’assurer que finalement, il ne sera pas perdant dans ce type de migration, soutient encore le responsable.
VMware sur AWS, qui est devenu effectif fin août, est quant à lui opéré par VMware et via son programme Cloud Foundation, est supporté par CenturyLink, Fujitsu, IBM Cloud, NTT Communications, OVH et Rackspace. Manquent Azure et Google Cloud, considérés comme, respectivement, le second et le troisième du marché du Iaas, derrière AWS.
Répondre à l’hybridation
Les entreprises s’appuient sur plusieurs applications enchevêtrées, dont certaines sont éligibles au Cloud alors que d’autres doivent rester sur site, au sein d’un datacenter privé ou encore d’autres qui ne peuvent pas être ré-architecturées pour cet environnement. Pour eux, une stratégie de Cloud hybride est devenue une option avantageuse. Les derniers partenariats noués récemment par VMware ont rassuré les entreprises quant au Cloud public. « Je parle à de nombreux DSI, et ils aiment le fait de pouvoir acheter du VMware. Ils considèrent que l’éditeur leur a donné le feu vert pour le Cloud. C’est la promesse qu’ils ne seront pas verrouillés sur VMware », explique Steve Herrod.
VMware virtualisation on Azure est également la reconnaissance que certaines applications ne sont pas prêtes pour une approche cloud-native, soutient de son côté Jeff Kato, analyste chez Taneja Group. « Le fait qu’il propose VMware sur du bare-metal pour accélérer les choses montrent déjà que les entreprises sont encore frileuses à migrer certaines workloads vers le Cloud public, que ce soit sur Hyper-V ou AWS », poursuit-il.
« Certains clients préféreront VMware sur AWS, mais ce ne sera pas une grande majorité, affirme de son côté Carl Brooks, analyste chez 451 Research. Il n’y a aucun problème pour Microsoft à supporter ce que les entreprises supportent déjà, et l’aspect technique est relativement trivial ».
« Il s’agit d’un marché d’acheteurs et aucun des fournisseurs clé n’aura à gagner à essayer de réduire les possibilités des utilisateurs – c’est même l’inverse », ajoute-t-il.
Ce n’est d’ailleurs certainement pas une coïncidence si Microsoft a présenté Azure Migration les jours qui précèdent la conférence RE : invent d’AWS, où l’on s’attend à ce que soient détaillées le partenariat entre Amazon et VMware. Il est également à noter qu’AWS reste un fournisseur de Cloud public. La concurrence n’est donc pas la même que celle qui existe entre Microsoft et VMware, assure Jeff Kato.