Départ de Meg Whitman : la CEO de HPE laisse un bilan très mitigé
Après 6 ans passés à la tête de la firme fondée par Bill Hewlett et Dave Packard, Meg Whitman va quitter la tête d'un HPE profondément transformé. Elle sera remplacée dès février 2018 par Antonio Neri, l'actuel numéro deux de la société.
Meg Whitman, la CEO de Hewlett Packard Enterprise, va quitter son poste le 1er février 2018. Elle sera remplacée par l’actuel numéro deux et président de la société, Antonio Neri.
Âgé de 50 ans, Neri a fait l’essentiel de sa carrière chez HP, où il a débuté dans la division impression. Entre 1997 et 2004, il a dirigé l’entité services de la division impression avant de prendre la tête des services autour des PC entre 2004 et 2011. Entre 2011 et 2013, Antonio Neri a ensuite dirigé l’entité Technology Services d’HP avant de prendre la tête de la division serveurs et réseaux en 2014. Après avoir été nommé vice-président exécutif en 2015, il avait pris le poste de président de HPE à l’été 2017.
Le départ de Meg Whitman n’est pas une surprise. Cet été, la CEO d’HPE avait déjà participé au processus de recrutement du nouveau patron d’Uber, où elle avait échoué en finale face à Dara Khosrowshahi. Whitman avait alors confirmé son intention de continuer à diriger HPE « jusqu’à ce que son travail soit terminé ».
Sous Meg Whitman, HP a profondément changé de visage
Le « travail » de Whitman a modifié en profondeur la structure de la société créée par David Hewlett et Dave Packard avant la seconde guerre mondiale. Lorsqu’elle prend la tête d’HP en septembre 2011 en remplacement de Leo Apotheker, l’ex-patronne d’eBay hérite d’une société fragilisée financièrement par l’acquisition malheureuse d’Autonomy. Le rachat de l’éditeur anglais en octobre 2011, qui devait enfin faire d’HP un acteur crédible du logiciel, a coûté plus de 10,3 Md$ à la firme de Palo Alto et s’est avéré une bourde colossale. À tel point qu’HPE a fini par passer une provision massive pour écarts d’acquisition de 8,8 Mds l’année suivante admettant finalement que le vrai prix d’Autonomy ne dépassait sans doute pas 1,5 Md$.
Ce nettoyage des comptes effectué, Meg Whitman va s’atteler à une réorganisation en profondeur d’HPE et procéder à un découpage en tranches du numéro un mondial de l’informatique. Dans un premier temps, elle organise la scission des activités PC et imprimantes des activités infrastructures, logiciels et services. L’opération donne naissance d’un côté à HP Inc. (PC et imprimantes) et, de l'autre, à HPE.
HPE : un groupe reconcentré sur l’infrastructure
À la tête d’HPE, Meg Whitman va poursuivre son travail d’élagage. Cette stratégie va se traduire dans un premier temps par la cession de l’activité services à CSC pour donner naissance à DXC. Dans un second temps, HPE va aussi orchestrer la vente de sa division logicielle à Microfocus. Entre-temps, HPE aura aussi cédé ses activités réseau et serveur en Chine (H3C) à Tsingua Holdings pour 2,3 Md$.
Pour conforter le recentrage de la société sur les métiers de l’infrastructure informatique, Meg Whitman a aussi multiplié les acquisitions avec notamment le rachat d’Aruba, de SGI, SimpliVity et plus récemment de Nimble Storage. Whitman a aussi remis l’accent sur la recherche et le développement, des activités dont les budgets avaient été sacrifiés par Mark Hurd.
Cette transformation a eu un impact social important. C’est en effet sous la gouvernance de Meg Whitman qu’HPE a licencié le plus de salariés (plus de 60 000 et encore près de 20 000 à venir), même si nombre de salariés d’HP se souviennent plus des performances en la matière de Carlton Fiorina (env. 30 000) et de Mark Hurd (env. 31 000). La décision d’éclater HP, puis HPE en différentes entités devrait aussi continuer à avoir des conséquences sociales importantes, en particulier chez DXC, le géant des services né de la fusion des services d’HPE avec ceux de CSC.
Meg Whitman quitte HPE après un dernier trimestre meilleur que prévu
L’annonce du départ de Meg Whitman intervient alors qu’HPE vient d’annoncer des résultats meilleurs que prévu pour son dernier trimestre fiscal, clos le 31 octobre 2017. Le chiffre d’affaires de la firme est en hausse de 4,6 % à 7,7 Md$ dopé notamment par la croissance de 5 % du stockage et par la hausse de 21 % des ventes d’équipements réseaux (l’activité serveurs a été étale, tandis que les services ont progressé de 2 %). Le bénéfice net a quant à lui progressé de 16 % à 400 M$.
Sur l’ensemble de l’année fiscale, la performance est moins stellaire. Le CA a reculé de 4,7 % à 28,9 Md$ et le bénéfice net a plongé de 86 % à 344 M$.