Google : le nouvel ami de Salesforce dans l’infrastructure
A Dreamforce, Salesforce a annoncé un partenariat stratégique avec Google qui lui permet de mettre AWS en concurrence pour héberger ses prochaines zones. Pour Google, ce nouveau client majeur renforce son image de Cloud B2B.
Officiellement, l’accord entre Salesforce et Google porte sur trois domaines. Mais un seul est véritablement stratégique.
Le premier pan concerne G-Suite (ex Google Apps). Les nouveaux clients PME de Salesforce bénéficieront gratuitement des applications SaaS de Google pendant une période de bienvenue.
Comme une partie de G-Suite est en concurrence directe avec Quip (Google Docs) et Chatter (Hangout), on peut penser que Salesforce ne poussera pas outre mesure les solutions de Google.
Le deuxième pan est un connecteur entre Salesforce et Google Analytics (GA). Aussi curieux que cela puisse paraitre, il n’existait pas jusque-là de moyen simple de relier Marketing Cloud à l’outil de suivi de visiteurs Web et d’analyse d’audience de sites de Google.
Désormais, il sera possible d’utiliser une information de GA directement depuis l’outil d’automatisation du marketing de Salesforce. Par exemple, un marqueteur pourra identifier une page produit qui n’est pas efficace et lancer une campagne d’emailing pour la renforcer.
Tout est question d’infra
Le troisième pan est celui qui a véritablement motivé l’accord. Il concerne la partie purement architecture du Cloud de Google (le IaaS).
Le SaaS et les PaaS de Salesforce sont aujourd’hui hébergés sur ses propres datacenters (ou dans les bâtiments de partenaires mais sur ses propres serveurs) ou sur AWS.
Heroku par exemple est, depuis sa création et avant son rachat, sur Amazon. Le nouvel IoT Cloud de Salesforce est lui aussi sur AWS. En France, le SaaS de l’américain est hébergé chez Interxion. Mais au Canada, la totalité des offres Salesforce est, là encore, sur Amazon.
L’accord avec Amazon s’expliquait par la forte croissance de l’éditeur. Salesforce a dû choisir, face à la montée en charge rapide qu’implique son succès commercial, d’externaliser la gestion de son infrastructure. Le partenariat avec Google a la même motivation.
Le problème pour Salesforce était qu’il se limitait à un seul fournisseur. Que ce soit pour les prix ou pour tout autre élément de négociation, il est toujours bon de pouvoir faire jouer la concurrence. D’où son « nouvel ami ».
Une option pour Salesforce, pas pour ses clients
Côté client, il ne sera néanmoins pas possible de choisir, pour une zone donnée, un hébergement de ses applications sur tel ou tel datacenter. Ce choix est - et reste - celui de Salesforce.
En revanche Salesforce pourra à présent mettre en concurrence Google et Amazon pour l’ouverture de ses prochaines zones.
« On continue notre croissance, et en fonction des marchés, on choisira », nous confirment Olivier Nguyen, Responsable Marketing Europe du Sud, et Guillaume Aurine, Directeur Marketing Produit.
Le retail boude AWS
L’autre explication de ce rapprochement avec Google est à chercher du côté de la brouille entre les grands distributeurs et Amazon, la maison mère d’AWS.
Plusieurs grands noms (comme Costco ou Cdiscount – filiale de Casino), ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas – en vérité qu’ils refusaient catégoriquement – de mettre une partie critique de leur stratégie digitale dans les mains d’une de leurs plus gros concurrents dans le e-commerce. Le rejet est encore plus net depuis le rachat de Whole Food Market par Amazon (comme le montre Walmart ou Target).
Or ces groupes sont des clients et des prospects de choix pour Salesforce. Lier son développement au seul AWS revenait à se couper de ce marché lucrtaif.
Et Azure ? No comment
Salesforce se refuse à tout commentaire sur un prochain accord avec Microsoft. Mais il semble bien que ce soit le sens de l’histoire. Sauf à ce que Salesforce considère que Dynamics est devenu un concurrent trop sérieux sur son cœur de métier.
Pour Google, l’annonce intervient une semaine après le renforcement de son alliance avec SAP. Les deux partenariats assoient un peu plus le Cloud (IaaS, PaaS et SaaS) du géant du Web sur le marché des entreprises, un objectif très clairement affiché dans la nouvelle stratégie impulsée par Diane Green.