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Workday Rising Barcelone : et Workday devint une suite complète d’applications métiers

Venu du SIRH, Workday a ajouté la gestion de projets, un PaaS et du reporting analytique à son offre 100% Cloud. L’éditeur attaque désormais ouvertement SAP et Oracle sur la partie finance et suscite l’intérêt des clients français. Le tout sans « court-circuiter » les DSI.

Ne dites plus de Workday que c’est un SIRH. Même s’il se revendique leader du HCM (Human Capital Management) en mode SaaS sur les grands comptes en France, l’éditeur américain fondé par le créateur de PeopleSoft juste après son rachat par Oracle se définit aujourd’hui comme un véritable ERP et comme une « plateforme ».

L’évènement Workday Rising de Barcelone l’a particulièrement bien montré.

Vers une DataViz intégrée et des benchmarks financiers

Côté annonces, la performance du jour des dirigeants de Workday n’aura pas apporté de nouveautés majeures par rapport aux promesses de Rising de Chicago, il y a un mois environ.

On y a parlé de la disponibilité d’un PaaS pour créer des extensions (avec un langage propriétaire, XpressO), de l’arrivée prévue pour 2018 de l’analytique intégré avec Prism, et d’indicateurs clefs (sectoriels et d’utilisation de Workday) pour mieux se situer sur son marché (Data as a Service).

Une nouvelle fois, l’accent a été mis sur le Talent Management, sur la planification, sur l’analyse des résultats des entreprises et sur la découverte d'actions fondée sur les données. Pratiquement chaque intervenant l’a répété : Workday permet aujourd’hui de gérer les trois grands pans d’une stratégie à savoir la planification, l’exécution et le reporting pour analyser les retombées de l’exécution.

Dans les nouveautés à attendre pour sa version 30, Workday a souligné une amélioration de la navigation dans le module finance, l’arrivée d’un réel outil de DataViz - avec Drag and Drop pour les jeux données et les modélisations - et l’extension du Data as a Service aux benchmarks financiers.

« Nous proposons une plateforme professionnelle complète », martèle le PDG Aneel Bhusri (en vo : « a full business platform »).

La diversification a débuté dès 2008, soit 3 ans après le lancement du HCM et 4 après la création de l'éditeur. La première brique ajoutée a été celle de la gestion financière. En 2016, sont venus s’y greffer les outils de planification et de formation/e-learning.

SAP et Oracle réagissent à la diversification de Workday

« La finance dans le Cloud est un marché qui est frémit fortement », constate le responsable de la filiale française, Thierry Mathoulin. Il aura donc fallu presque 10 ans pour que le marché soit mature.

En avance de phase, Workday est bien placé sur ces briques. Et sa taille, 2 milliards de CA prévus cette année, ne laisse a priori plus d’opportunité de rachat pour SAP et Oracle (qui a par ailleurs mis la main sur l’autre ERP SaaS le plus prometteur avec Workday, NetSuite).

La concurrence ne s’y trompe pas.

SAP et Oracle n’ont pas venu venir la vague CRM dans le Cloud. Ils ont dans un premier temps « snobé » Salesforce qui est aujourd’hui le grand leader des outils de relations clients. Les deux géants historiques des applications métiers ne veulent pas répéter leur erreur.

Résultat, leurs politiques commerciales sont très agressives face à Workday. « Quand on était sur le CRM, on ne les dérangeait pas trop. Les RH sont à la marge de l’ERP. Mais avec la gestion financière et comptable, on s’attaque au coeur de leur offre », re-contextualise Thierry Mathoulin.

SAP et Oracle - qui fait aujourd’hui 90% de ses nouvelles ventes logicielles dans le Cloud en France, chiffre donné lors du Cloud Day cette semaine - concèderaient depuis des rabais massifs. Ce qui n’est pas du goût de tous les prospects.

Le Groupe Barrière, par exemple, a eu l’impression que les premières propositions du duo historique étaient sur-tarifées et, en substance, des attrape-nigauds. Au final, le groupe d'hôtels et de casinos est devenu client de Workday alors que l’éditeur 100% Cloud n’avait, lui, pas bougé son prix d’un centime pendant la négociation.

Workday, l’anti-Oracle

Ce cas précis montre aussi comment Workday se positionne en anti-Oracle et en anti-SAP.

« Notre impératif c’est la satisfaction client », avance Thierry Mathoulin, « si notre produit ne correspond pas à un appel d’offres - ou aux besoins que l’on identifie chez le prospect - nous avons interdiction de vendre. Le siège de Workday ne nous le déconseille pas. Il nous l’interdit. Purement et simplement ». Une pratique à l'opposée de celles dénoncées par le Cigref dans des lettres ouvertes à SAP et à Oracle.

Sur la scène de Barcelone, Aneel Bhusri se targue lui d’avoir 98% de satisfaction client et de proposer « un socle technique unifié qui n’est pas issus de multiples acquisitions » - une manière de jeter une autre pierre dans le jardin des historiques.

La menace semble de plus en plus réelle pour SAP et Oracle. Plusieurs groupes du CAC 40 auraient récemment choisi de migrer vers Workday et seraient en cours de déploiement.

Workday n’oublie pas de parler aux DSI

Workday ne cache pas pour sa part qu’il souhaite reproduire le modèle de Salesforce - tout en évoquant régulièrement Apple et Steve Job pour l’obsession de la simplicité d’usage.

Mais à la différence de Salesforce, l'éditeur d'ERP prend soin de ne pas court-circuiter les DSI lorsqu'il essaye de s’imposer dans une entreprise.

« Quand nous étions uniquement sur le HCM, il était possible de négocier directement avec la RH - qui peut par ailleurs avoir une DSI dédiée. Mais avec la comptabilité et la finance, il est indispensable de parler à la fois aux métiers et à l’IT des groupes », souligne Diana McKenzie, la DSI de Workday, dans un entretien au MagIT.

Il est d’ailleurs intéressant de noter la spécificité de ce poste de DSI de Workday, officialisé - seulement - en février 2016. La mission principale de Diana McKenzie est évidemment de gérer l’IT interne (ce qui lui donne une expérience concrète de Wokday qu’elle partage avec le CTO, en charge lui de l’évolution technique et fonctionnelle). Mais elle participe également aux rencontres avec les prospects pour répondre, justement, aux questions de leurs DSI qui sont également invités à ces réunions.

Supply Chain ?

Pour être un ERP complet - au sens européen du terme - il ne manque plus aujourd'hui à Workday que des briques CRM et Supply-chain.

Pour le CRM, Workday a annoncé à Barcelone le renforcement de son accord avec Salesforce (« ennemi numéro 1 » de Oracle et SAP). Il était déjà possible de consulter des données Workday depuis le CRM Cloud. A partir de l’année prochaine, il sera également possible de les gérer directement dans l’outil de gestion des relations clients.

Pour la supply chain, en revanche, rien n’est prévu. Au Workday Rising de Chicago, Aneel Bhusri avait déclaré aux analystes de Constellation Research qu’il ne s’agissait pas d’une priorité.

Ceci dit, pendant plusieurs années, Workday avait également dit qu’il n’irait pas sur le PaaS pour ne pas reproduire, dans le Cloud, les problèmes que créent les spécifiques, sur site. Or après d’âpres débats internes, le PaaS pour développer des extensions est bel et bien là. En guest star même, à Barcelone.

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