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L'essentiel de la semaine vue par LeMagIT (6 novembre)
Une nouvelle licence open source pour les jeux de données - TransNum : Allianz teste l'AI pour faire de la "justice prédictive" - Blockchain, Futures, Bitcoin : "du sang sur les murs" - IaaS : le français Ikoula s'implante (commercialement) en Espagne
Comme chaque semaine, LeMagIT revient sur les actualités qui animent l'écosystème IT. Voici les 4 brèves de notre revue de presse.
Une nouvelle licence open source pour les jeux de données
La fondation Linux a dévoilé la semaine dernière une nouvelle initiative pour répliquer les licences open source - qui s'appliquent aux logiciels - dans le domaine du partage des données.
Baptisé Community Data License Agreement (CDLA), ce "framework legal" a pour but de faciliter le partage de jeux de données, leurs conceptions dans un cadre collaboratif et leurs standardisations. Bref, les objectifs clefs de l'open source dans le logiciel.
La licence se décline en deux versions : Sharing - qui est la transposition du copy-left - et Permissive - qui est la transposition des licences open source du même nom. Dans le premier cas, les modifications apportées au jeu de données doivent être reversées à la communauté, ce qui n'est pas nécessairement le cas dans la deuxième.
Un tel "framework" prend tout son sens dans les logiques d'open data et dans un monde IT ou l'Informatique Cognitive, le Deep Learning et le Machine Learning (les trois piliers de l'Intelligence Artificielle) exigent d'immenses quantités de données pour leur apprentissage et leur entrainement.
« Alors que les systèmes ont de plus en plus besoin de données pour apprendre et pour évoluer, aucune organisation ne peut construire, maintenir et générer seules toutes les données nécessaires à ces systèmes », résume Mike Dolan, vice-président des programmes stratégiques de la Linux Foundation à nos confrères de Linux Insider.
Un autre domaine - l'IoT - devrait voir cette initiative d'un très bon oeil dans la mesure où elle réduira les risques légaux liés aux informations que génèrent les objets connectés (positions GPS de voitures partagées avec les villes pour optimiser les infrastructures routières, par exemple).
« La protection juridique des données y est très fragmentée et très incertaine. [L'IoT] n'est pas un domaine qui a fait l'objet de beaucoup de jurisprudences. Dans bien des cas, vous travaillez dans un contexte légal très incertain », analyse encore Mark Radcliffe, du FOSS Global Practice Group chez DLA Piper, pour qui « ces licences pourraient être vraiment très utiles ».
IaaS : le français Ikoula s'implante en Espagne
Ikoula, acteur français du IaaS, vient d'ouvrir sa deuxième filiale dans sa stratégie de développement international. Après les Pays-Bas, l'entreprise a choisi l’Espagne - un marché qu'il juge porteur pour l'IT (Big Data, Digitalisation en cours et décollage du Cloud).
Les filiales accompagnent commercialement et techniquement les clients mais n'implique pas l'ouverture de centres de données dans les pays.
Ikoula possède en propre deux datacenters (à Reims et en Picardie) et s'appuie sur des accords pour fournir des points de présence aux États-Unis (Miami), en Asie (Singapour) et en Europe (Allemagne, Pays-Bas).
L'entreprise réalise un chiffre d'affaires de 6,6 millions d'euros. Parmi les autres acteurs français du IaaS on retrouve le géant OVH (320 millions de CA) et des acteurs de taille intermédiaire comme Outscale (22,7 millions de CA, groupe Dassault). Sans oublier des acteurs régionaux ou locaux comme Waycom (18M€) qui surfent sur la vague des besoins « à taille humaine » d’un très grand nombre d’entreprises françaises, tout en lorgnant vers l'export. Comme Ikoula donc.
TransNum : Allianz Protection Juridique teste l’intelligence artificielle et la justice prédictive
La "justice prédictive" consiste à appliquer des algorithmes et des outils d'analyse sémantique aux décisions de justice pour évaluer les chances de gagner un procès et le montant des indemnités, le tout en amont d'une procédure.
C'est « cette alliance d’intelligence artificielle et de big data » que Allianz Protection Juridique va proposer à ses clients dans le cadre de sa transformation numérique.
Techniquement, le groupe se repose sur la plateforme de Predictice, une startup lancée en 2016. Elle a recueilli 2 millions de jurisprudences, ainsi que l’ensemble des lois et des règlements applicables en France.
« Les clients ont besoin d’être rassurés sur la réalité des risques qu’ils encourent », explique Allianz. « Nous sommes dans une phase expérimentale depuis septembre 2017, mais sommes confiants quant à ses bénéfices pour nos assurés ».
Les tribunaux de Rennes et de Douai ont lancé des initiatives similaires en début d'année pour désengorger les tribunaux et aider les magistrats.
Des Futures sur Bitcoin : bientôt du "sang sur les murs"
Le milieu de l'IT l'oubliera rapidement, mais l'histoire se souviendra que, la semaine passée, le CME Groupe a officialisé la reconnaissance des futures sur la crypto-monnaie Bitcoins, motorisée par la désormais très médiatique Blockchain.
Les "futures" permettent d'échanger un actif (ici du Bitcoin) à un prix déterminé à l'avance (disons 7.000 $) à une date donnée (dans un mois pile par exemple).
Initialement, ce produit dérivé sert à couvrir une transaction. L'acheteur d'un future sait à l'avance qu'il aura une marchandise à un prix fixé pour sa chaine de production, ou qu'il pourra convertir une rentrée d'argent dans une autre monnaie à un taux donné ce qui protège son chiffre d'affaires des effets de change.
Mais dans le cas du Bitcoin, il n'y a pas grand chose à couvrir. Aucune transaction massive, officielle et légale n'est libellée dans cette monnaie.
L'explication est donc à chercher du côté des spéculateurs. Les Futures permettent des effets de levier très importants (imaginez notre future à 7.000 $ si le bitcoin monte à 7.500 : la plus value est de 500 $ - j'achète un bitcoin à 7.000 que je revends à 7.500 - pour une mise de départ ridicule (le prix du future)).
Les optimistes y voient le signe que Bitcoin est devenu grand. D'autres, constatent plutôt que la valorisation exponentielle de cette monnaie et sa forte volatilité sont devenues une tentation trop forte pour les financiers qui y perçoivent des gains potentiels énormes et rapides, indépendamment de la maturité ou de la viabilité à long terme de l'actif.
Le problème est que les Futures sont aussi des produits risqués. A leurs termes, la transaction doit se faire - contrairement aux options qui laissent le choix de réaliser ou non le contrat. Un Future à 7.000 $ pour un bitcoin peut faire perdre 1.000 $ à l'investisseur si le cours officiel redescend à 6.000 $ (il s'est engagé à acheter 7.000 ce qu'il ne peut revendre que 6.000).
"Il va y avoir du sang sur les murs, c'est évident", note dans un échange avec LeMagIT un trader de produits dérivés d'une grande banque parisienne qui souhaite garder l'anonymat. "Personne ne sait jusqu'où va monter le Bitcoin - 10.000 $, 100.000 $ ? - , ni à quelle vitesse - il a pris 2000 dollars en deux semaines ! - ni quand aura lieu le retournement. Avec ces futures, ça va être le vrai Far West".
Quant à la Blockchain (le registre distribué derrière les monnaies numériques), elle se cherche encore des applications pertinentes en dehors ces crypto-monnaies. Les premiers projets concrets - hors PoC - sont attendus pour fin 2018.
Avec la complexité des défis à relever, la nouveauté de la technologie et la forte dose de marketing insufflée dans les offres Blockchain par certains éditeurs, pas sûr que - là aussi - il n'y ait pas un peu de sang sur les murs. Des DSI cette fois.