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Communauté du noyau Linux : des cycles de développements sans pépin
Dans son rapport annuel, la Linux Fondation montre une communauté structurée autour d’entreprises contributrices et qui recrutent des développeurs chevronnés pour cela. Un ajustement de la structure qui ne pénalise en rien les cycles de développements.
Plus de la moitié des contributions au noyau Linux est effectuée par un petit nombre d’entreprises et de développeurs, révèle le dernier rapport annuel de la Linux Foundation, qui cartographie la communauté et les développements du noyau. Cette dernière édition qui analyse 13 mois de release, entre les versions 4.8 et 4.13, montre un noyau Linux qui ne cesse de grossir, gonflé par son omniprésence dans nombre de secteur de l’IT moderne.
Selon ce rapport, l’OS Linux motorise en effet 90% des workloads du Cloud, occupe 62% du marché de l’embarqué et 99% de celui du HPC. 82% des smartphones dans le monde tournent sur un noyau Linux. Neuf des 10 principaux fournisseurs de Cloud dans le monde s’adossent à Linux.
Surtout, Linux et la Linux Foundation sont aujourd’hui devenus des modèles de développements et de gouvernance de projets Open Source. Modèles qui ont fait école. L’Open Source est par exemple le modèle d’ingénierie qui encadre l’essentiel des couches basses de l’IT moderne (Hadoop, Cloud, réseau, container, application cloud natives, …). Mais la Linux Fondation est devenue également un centre de gouvernance pour nombre de ces technologies, devenus des projets collaboratifs au sein de l’institution. C’est le cas de la Cloud Foundry Foundation ou de la Cloud Native Computing Foundation.
La communauté du noyau Linux bénéficie de cet engouement. Sur les presque 25 millions de lignes de code que compte le noyau dans sa dernière release 4.13, 1 681 développeurs, travaillant pour 225 entreprises, ont apporté leur expertise et leur contribution au socle de base. Depuis le dernier rapport, publié l’année dernière, plus de 4 300 développeurs de plus de 500 entreprises ont apporté leurs contributions en lignes de code.
Des développeurs volontaires de moins en moins présents
Cette communauté du noyau qui grandit à vue d’œil est aujourd’hui essentiellement l’œuvre de développeurs payés par des entreprises tierces pour leurs contributions. Ils sont donc les sponsors de ces développements, avant les développeurs indépendants, qui formaient à l’origine le moteur principal de la communauté.
Dans son rapport, Intel, avec 13,1% des contributions, est la société qui a le plus apporté au noyau entre les versions 4.8 et 4.13. Les développeurs qui affirment contribuer de façon indépendante apparaissent à hauteur de 8,2% des contributions entre ces mêmes versions. Derrière, on retrouve Red Hat (7,2%), Linaro (5,6%), IBM (4,1%), des consultants (3,3%), Samsung (3,2%), Suse et Google (3%), et AMD (2,7%) pour ne lister que les 10 plus importants contributeurs de ce rapport.
Cette structure de la communauté a ainsi eu pour effet de réduire la part des développeurs volontaires. De 14,6% des contributions totales en 2012. Mais la fondation préfère y voir un effet de transfert : celui des compétences vers ces sociétés de plus en plus nombreuses à contribuer. En clair, les développeurs du noyau sont recrutés et payés (très bien) – car très recherché - pour contribuer pendant leurs heures de travail, et non plus en tant que volontaires.
C’est probablement pour cette raison que les releases du noyau suivent un rythme quasi-métronomique et les cycles de développement tendent à se réduire. C’est par exemple notable avec la version 4.12 du noyau, sortie le 2 juillet 2017. Si au fil des ans, les cycles de développement se sont stabilisés pour s’établir entre 9 et 10 semaines, on remarque qu’ils se maintiennent à 9 semaines à partir de cette version 4.12. « La tendance vers des cycles de releases plus courts et plus prévisibles est certainement le résultat d’une meilleure discipline avant et pendant le cycle de développement », explique la fondation dans son rapport. « Les patchs de meilleure qualité sont mergés, et la communauté travaille mieux et plus rapidement à résoudre les problèmes de régression », ajoute-t-il, évoquant que l’utilisation d’outils de test automatisé en est partiellement l’explication (surtout le 0-Zero test service contribué par Intel).
La 4.12 était pourtant l’une des versions du noyau la plus dense cette année, avec quelque 14 570 patches mergés – la première étant la version 4.9 avec 16 412 modifications inclus au noyau. Ces deux versions ont par ailleurs connu la plus haute fréquence de modifications effectuées par heure (de l’histoire du noyau) – 9,65 pour la première et 9,64 pour la seconde. Au total, sur l’année, quelques 83 000 patches ont été appliqués.