Datadog pousse sa plateforme Saas de monitoring en Europe
La société propose une solution Saas et intégrée d’APM et de monitoring d’infrastructure Cloud prend désormais en compte l’analyse de logs, via le rachat de la société française Logmatic.
« Donner une fenêtre commune sur l’infrastructure. » C’est ainsi qu’Olivier Pomel, Pdg et co-fondateur de Datadog qualifie le positionnement de ce spécialiste du monitoring d’infrastructure et d’applications. Fondé par 2 Français, partis aux Etats-Unis pour développer la société, Datadog s’est installé sur le marché européen depuis plus de 6 mois pour y étendre ses ramifications sur ce segment où les entreprises ont atteint un niveau de maturité suffisant face au Cloud.
Car le Cloud fait partie de la base de Datadog. La société développe depuis 2010 une plateforme Saas de monitoring en misant depuis ses origines sur l’infrastructure Cloud – à l’époque essentiellement AWS. Car la plateforme Datadog analyse initialement tout ce qui tourne dans un environnement Cloud pour contrôler les performances des infrastructures.
Si le lancement commercial en 2012 a ciblé les entreprises de la côte ouest des US, ces Cloud natives, la clientèle a depuis évolué vers une typologie d’entreprises plus traditionnelles. Quitte à ce que celles-ci forment l’essentiel de la demande, précise le Pdg. En fait, des grands comptes localisés principalement aux US, comme les banques, les opérateurs télécoms, des acteurs de la grande distribution. Bref, là où le Cloud rime avec une modernisation de l’IT capable de supporter la très précieuse transformation vers le numérique et des modèles économiques.
Mais suivant la maturité des entreprises face au Cloud et face à leur perception du monitoring, la société est montée sur les couches plus hautes. L’année dernière, Datadog a ajouté à son catalogue un outil d’APM (Application Performance Monitoring) qui « écoute » cette fois-ci la couche applicative. « Si un outillage permettait jusqu’alors de prendre en compte des applications via des connecteurs personnalisés, cette nouvelle solution est capable de suivre les transactions clients et de tracer tous les systèmes qui interviennent dans le cadre de ces transactions. On voit tout sous le prisme de l’interaction », illustre Olivier Pomel.
Cette approche peut rappeler celle d’AppDynamics (désormais propriété de Cisco), qui lui aussi a décidé de livrer des indicateurs métiers à partir de leur sonde. Mais Olivier Pomel mise aussi sur une approche intégrée. Le rachat très récent de la société française Logmatic s’inscrit dans cette optique. Avec elle, Datadog ajoute une autre corde à son arc : l’analyse de logs pour capturer tous les événements et gagner ainsi en capacité d’observation. « L’analyse des logs, apportée par Logmatic, permet à Datadog d’ajouter une source de données et d’informations et de leur fournir une cartographie globale de leurs systèmes », précise Olivier Pomel.
Du coup, avec ce rachat, Datadog étend sa portée et avec sa concurrence. La société se retrouve désormais face à des éditeurs, comme Splunk, précise encore le Pdg.
Le Cloud rebat les cartes du monitoring
Datadog veut faire valoir l’homogénéité. « Il n’y aucune raison que ce soit des éditeurs séparés qui prennent en compte l’infrastructure, les applications et les logs », lance le Pdg.
« Avec le marché Cloud, tout repart de zéro, ajoute-t-il. L’outillage (et donc le monitoring, NDLR) est redéfini pour ne pas avoir cette même segmentation. » Segmentation, voire ilot, que l’on retrouvait entre les développeurs et les opérationnels, mais aussi dans les outils de management utilisés uniquement par les sysadmin. Celle-ci est remise aujourd’hui en question avec les environnements Cloud. « Au lieu d’avoir uniquement des sysadmin qui s’occupent de l’infrastructure, tous les développeurs ont un rapport à l’infrastructure et peuvent provisionner des environnements », explique-t-il encore.
A cette boucle s’ajoute enfin les métiers pour qui le monitoring d’applications, le tracing des transactions ainsi que leur analyse livrent des indicateurs métiers clé pour les activités de l’entreprise. « Sysadmin, ingénieurs, développeurs, les tableaux de bord de Datadog sont ainsi aussi utilisés par des responsables métiers », note le CEO.
Des sondes et une catégorisation des données
Techniquement, Datadog installe des sondes aussi bien au niveau des API de services Cloud, dans les VM, dans les images, que dans les applications (via des librairies), explique le CEO. Datadog prend en compte les environnements hybrides et multi- cloud. Ces données collectées permettent ensuite d’alerter les utilisateurs ou encore d’effectuer des prédictions. Pour l’heure, la société ne propose pas de fonctions de remédiation, « cela repose sur les propres outils du client » - ils en existe de nombreux dans les entreprises.
Les données sont ensuite catégorisées et croisées en fonction des environnements et des configurations - bref contextualisées en fonction des besoins - pour donner des indicateurs plus précis. Puis, des algorithmes tournent pour détecter des anomalies ou les différences de comportements. Avec le modèle Saas, ces algorithmes sont entraînés en permanence avec les données des clients, note Olivier Pomel. Des systèmes de corrélations (qui s’appuient sur toutes les données issues de l’infra, du tracing des applications et des logs) entrent ensuite en jeu pour déclencher des alertes, par exemple.
Si jusqu’alors, 10 à 15% du chiffre d’affaires de la société étaient réalisés hors des US, Datadog compte capter des parts de marché sur le sol européen (EMEA). La société a structuré ses équipes commerciales sur le Vieux Continent, avec une direction assurée depuis la France. Le télémarketing est réalisé depuis l’Irlande. Datadog met en place des équipes de terrain pour agir au niveau local.