Hyperconvergence : Microsoft joue la carte Azure, en mode privé comme en mode public
Tout comme chez Nutanix, Microsoft ne voit pas l’hyperconvergence comme une fin en soi mais comme une étape vers une plateforme pour les applications d’entreprise. La sortie de Azure Stack le confirme.
Fin septembre, Microsoft a officialisé la disponibilité d’Azure Stack, son offre de cloud privé hyperconvergée, lors sa conférence Ignite.
Avec cette nouvelle offre, Microsoft a pour objectif de permettre aux entreprises de déployer des solutions d’infrastructure et des applications en mode hybride en conjonction avec son cloud public Azure.
Azure Stack est une adaptation au cloud privé des principaux services et des principales technologies d’Azure dont le but est de permettre aux entreprises de déployer en interne des services et applications compatibles.
L’offre Azure Stack sera d’abord commercialisée sous la forme d’appliances hyperconvergées par les principaux constructeurs mondiaux, tels que Dell EMC, HPE et Lenovo — des constructeurs qui seront rejoints en 2018 par Cisco et Huawei.
Azure Stack joue la complémentarité avec Azure pour le cloud hybride
Techniquement, Microsoft présente Azure Stack comme une extension de son cloud public ce qui est certainement plus vrai que ce que l’éditeur avait annoncé avec Azure Pack, qui était plus un « Canada Dry d’Azure ».
Si l’on met de côté le fait qu’Azure est un cloud public à grande échelle avec une infrastructure bien particulière, notamment en matière de stockage et de réseau, Azure Stack reprend en effet quelques-uns des grands fondamentaux d’Azure à commencer par son portail, ses mécanismes d’authentification, son bus de services et ses principales API, notamment en matière de déploiement d’applications et de provisionning de ressources.
Azure Stack et Azure ont donc beaucoup en commun, même si l’offre de cloud privé de Microsoft est encore loin d’implémenter l’ensemble des services du cloud public.
Certains services clés d’Azure seront ainsi absents lors du lancement, comme « Azure Service Fabric-as-a-Service » ou « Azure Container Service-as-a-Service », qui n’arriveront que dans le courant 2018. Il est vraisemblable que certains services ne seront jamais disponibles, tant pour des raisons techniques que pratique, leur implémentation sur un cloud privé relevant de la gageure.
Azure Stack implémente certains grands services d’Azure mais reste encore incomplet
En matière d’infrastructure, Azure Stack propose bien évidemment des services de virtualisation avec au démarrage trois tailles de machines virtuelles supportées (A, D et Dv2).
Une partie des services de stockage est au rendez-vous (Blobs, Tables — stockage NoSQL — et Queues - Bus de messages), de même qu’une partie des services réseau (Réseaux virtuels, équilibrage de charge, passerelle VPN).
Ces services d’infrastructure s’appuient sur une couche hyperconvergée mettant en œuvre les technologies de stockage distribuées de Microsoft (en particulier « Storage Space Direct » et les services de partage de fichiers scale-out de Windows), ainsi que l’hyperviseur maison, Hyper-V et les services réseau et SDN de Windows Server.
Côté PaaS, les principaux services applicatifs d’Azure (Web Apps, Mobile Apps, API Apps) sont disponibles, de même que les Azure Functions (l’architecture Serverless à base d’événements de Microsoft, similaire aux fonctions lambda d’Amazon AWS).
Les services de bases de données MySQL et SQL Server « as a service » sont aussi proposés sous forme optionnelle.
À cela s’ajoute les « templates » SQL Server et Cloud Foundry. Les templates liés à Azure Container Service devraient être supportés avec l’arrivée du moteur en 2018 (Mesosphere DC/OS, Docker Swarm, Kubernetes).
Selon Microsoft, Azure Stack supporte aussi dès le lancement les templates de Bitnami et ceux de Kemp technologies (Firewall applicatif et Load balancer)
Enfin côté sécurité et identité, la première mouture d’Azure Stack supporte les services Azure Active Directory (AAD) en mode multi-tenant et les services de fédération AD (ADFS)
Une infrastructure hyperconvergée déployable dans de multiples datacenters
Lors du lancement, chaque pod d’infrastructure hyperconvergé Azure Stack — ce que Microsoft appelle une « Scale Unit » — pourra agréger entre 4 et 12 nœuds, une limite qui sera étendue en fin d’année à 16 serveurs.
Dans chaque Scale Unit, les configurations des serveurs doivent être homogènes (mêmes CPU, mémoire, disque et réseau). Il est possible d’agréger de multiples Scale Units au sein d’un même datacenter (ce que Microsoft appelle une région). Et il est enfin possible d’agréger de multiples régions en un cloud.
L’ensemble des ressources de ce cloud est vu au travers de la console Azure Ressource Manager et exposé via le portail Azure Stack ou via l’interface en mode ligne de commande. Il est aussi possible, dans le cadre d’une approche DevOps, de voir et de consommer ces ressources directement via l’outil de développement maison, Visual Studio.
Une tarification à plusieurs niveaux
La tarification d’Azure Stack s’opère à plusieurs niveaux. Tout d’abord, il est nécessaire d’acquérir les appliances physiques Azure Stack auprès d’un des fournisseurs certifiés. Cela peut se faire en mode CAPEX ou, selon les options de financement des constructeurs, en mode OPEX.
Ensuite, l’utilisation d’Azure Stack est facturée à l’usage. Ainsi le prix à l’heure d’une VM est respectivement de 0,7 centime/vCPU/h ou de 3,9 centimes/vCPU/h selon que la machine est une VM de base (sans OS) ou un VM sous Windows (soit 5,06 €/vCPU/mois ou 28,68 €/vCPU/mois).
Ce tarif devra être mis en perspective avec celui du prix public des licences Windows Server. En admettant une utilisation de l’ensemble des cœurs d’un serveur moderne à 32 cœurs, Azure Stack revient à un peu plus de 11 000 € par an et par serveur bi-socket à 32 cœurs.
À titre de comparaison, il faut compter environ 12 310 $ pour une licence perpétuelle de Windows Server 2016 DataCenter Edition et 7200 $ additionnels pour System Center pour un serveur physique équivalent (sans toutefois la richesse de services d’Azure Stack).
Il est à noter que les entreprises disposant déjà de licences Windows Server 2016 dans le cadre de leur accord de licence d’entreprise pourront affecter ces licences aux nœuds Azure Stack et ne payer alors que le prix de la VM de base.
À ce coût des VM s’ajoute celui des autres services. Pour le stockage, les blobs (stockage objet) sont facturés 0,6 centime/Go/mois, tandis que les services Table et Queues sont facturés 1,6 centime/Go/mois. Enfin, la consommation des services applicatifs (Web Apps, Mobile Apps, API Apps, Functions) ajoute 4,8 centimes/vCPU/h (soit 35,42 €/vCPU et par mois) à la facture.
Microsoft indique qu’il est aussi possible pour les entreprises d’opter pour une facturation forfaitaire basée sur le nombre de cœurs installés dans les appliances. La tarification de cette option n’a toutefois pas été détaillée.
Au final, les entreprises devront comparer le coût de la solution de Microsoft à celle de ses concurrents. Parmi ces derniers, on peut noter l’offre émergente de cloud hybride de Nutanix (qui combine les appliances hyperconvergées du constructeur, l’offre applicative Calm et le cloud hybride Xi) ainsi que l’offre de hyperconvergée de VMware, couplée aux clouds vSphere Cloud Foundation de VMware, notamment déployés par IBM ou dans le cloud Amazon.
Il faudra aussi surveiller de près l’évolution de l’offre OpenStack de Huawei (FusionSphere) proposée à la fois sous forme de cloud public par le constructeur, mais aussi sous forme privée, via ses appliances hyperconvergées. Cette offre est par exemple poussée activement en France par Orange Business Services (qui propose par ailleurs également les solutions de Nutanix).