Datacenter : Nutanix veut construire un système d’exploitation complet
L’hyperconvergence est l’ADN originel de Nutanix, mais pour la firme elle n’est pas une fin. Son ambition est en effet de proposer une plate-forme complète pour mettre en place et opérer simplement des clouds privés et hybrides.
Confirmant des propos déjà tenus au MagIT en mars 2017, Sudeesh Nair (président) expliquait lors de .Next 2017 que chez Nutanix « l’hyperconvergence va être devenir une commodité. Notre confiance vient du fait que nous voyons l’opportunité de bâtir un système d’exploitation pour le cloud d’entreprise ».
Pour Sudeesh Nair, cette transformation de l’hyperconvergence nécessite trois composants clés.
Le premier est une infrastructure qui permet d’éliminer les silos existants, ce que permet actuellement la plate-forme de l’éditeur.
Ensuite, il faut proposer une plate-forme capable d’accueillir indifféremment des applications virtualisées ou conteneurisées, offrant un large spectre de services données et de sécurité (notamment réseau), le tout pilotable depuis une interface d’administration unifiée.
Enfin, il faut disposer d’une couche de middleware qui permette aux applications de s’adapter à l’infrastructure grâce à des fonctions avancées d’automatisation, d’orchestration et de monitoring.
L’objectif est d’éviter que des humains n’aient à accomplir laborieusement un travail réalisable par des machines et qui pourrait être automatisé.
« Pour faire cela, il faut bâtir une pile complète comme Amazon. Nous pensons que nous pouvons construire une expérience de ce type, incluant automatisation, orchestration et plate-forme applicative. Si nous y parvenons, nous deviendrons un éditeur de système d’exploitation », explique Sudeesh Nair.
Cette vision, Nutanix s’est employé à la développer lors du dernier Nutanix .Next du mois de juin, en multipliant les annonces qui devraient se concrétiser au mois de novembre lors de Nutanix .Next Nice puis début 2018.
AHV, au cœur de la stratégie Plate-forme de Nutanix
Le socle de la plate-forme de l’éditeur est l’hyperviseur Acropolis (AHV), dont la liste de compatibilité a été récemment été étendue aux machines d’HPE et Cisco. Il devrait connaitre de multiples améliorations dans la prochaine version « Obelix » de Nutanix OS (la mouture actuelle, pour mémoire, avait pour nom de code Asterix).
Dérivé de l’hyperviseur open source KVM, AHV est déjà utilisé sur près de 25 % des nœuds Nutanix vendus dans le monde. Nutanix veut en faire une alternative à Hyper-V et vSphere ESXi. Il entend pour cela faciliter les migrations depuis ces environnements tout en délivrant des fonctions, qui peu à peu amènent son hyperviseur à parité fonctionnelle avec ceux de ses concurrents.
Dans « Obelix », AHV va s’enrichir de plusieurs fonctions clés. La première est le support de capacités SDN avancées.
Concrètement, Nutanix promet le support de la micro-segmentation réseau avec une configuration et une administration simple depuis la console Prism.
AHV devrait également voir ses performances améliorées par l’ajout d’un mode « Turbo » qui s’appuiera sur les technologies de cache en mémoire héritée du rachat de Pernix Data à l’été 2016. Notons à propos de Pernix que la technologie motorise une autre nouveauté annoncée, la solution d’analyse de performance et de benchmarking X-Ray qui pourra aussi être utilisée pour stresser des clusters Nutanix avant déploiement, afin d’en vérifier le bon fonctionnement et la configuration.
Côté résilience et reprise après sinistre, AHV va s’enrichir d’une capacité de réplication asynchrone entre clusters avec un temps de RPO (Recovery Point Objective) considérablement réduit. Au lieu de l’heure actuellement, Nutanix promet un RPO inférieur à la minute, ce qui fait de sa fonction de réplication asynchrone un quasi CDP et qui devrait grandement faciliter la mise en œuvre de configurations de reprise après sinistre.
Nutanix a aussi profité de sa conférence utilisateur pour faire une démonstration séduisante d’Xtract, un outil automatisé de migration de clusters vSphere vers AHV prévu pour « Obelix ».
Xtract s’installe sous la forme d’une VM dans AHV et permet de migrer un ou plusieurs environnements vSphere-vCenter vers des environnements AHV-Prism, tout en insérant dans les VM les pilotes nécessaires à leur bon fonctionnement dans AHV.
Avec Xi, Nutanix étend sa plate-forme dans le cloud
Côté cloud hybride, Nutanix a aussi annoncé sa collaboration avec Google pour lancer Nutanix Xi. Cette offre, qui devrait progressivement être étendue à d’autres partenaires, est une solution complète de reprise après sinistre pour les environnements de cloud privé Nutanix sur le cloud Google.
Plutôt que d’opérer son propre cloud pour offrir des services de reprise après sinistre « as a Service », Nutanix a porté son environnement d’exploitation au-dessus de la plate-forme cloud GCP. Comme l’explique Sunil Potti, le CTO de Nutanix, ce développement a été facilité par le fait que le cloud de Google s’appuie sur l’hyperviseur KVM (l’hyperviseur Acropolis de Nutanix est lui-même dérivé de KVM).
Encore en cours de développement, Nutanix Xi permettra aux entreprises de configurer en quelques clics des services de reprise après sinistre pour leurs environnements Nutanix sur le cloud de Google.
La solution permettra aussi aux clients d’étendre leurs environnements de cloud privé AHV sur le cloud de Google tout en bénéficiant des services inhérents à la plate-forme du géant de la recherche comme les services analytiques ou les services de machine learning. Il sera ainsi possible de concevoir un plan de reprise après sinistre, depuis l’interface de Prism Central et de le déployer en quelques clics.
Automatiser le déploiement et la gestion du cycle de vie des applications, on premise et en cloud hybride
Un autre service annoncé avec Google est la possibilité de provisionner des environnements applicatifs en un clic sur GCP en utilisant la plate-forme de gestion du cycle de vie des applications Calm de Nutanix.
Calm est le produit du rachat de l’indien Calm.io au cours de l’été 2016. L’outil permet de modéliser des applications puis de les déployer de façon transparente sur un cluster Nutanix ou sur les grands clouds du marché, dont celui de Google.
Enfin, Nutanix va intégrer Kubernetes à sa plate-forme et permettre d’orchestrer des conteneurs dans des environnements de cloud hybride mixant Google Container Engine et Acropolis Container Services. Les administrateurs pourront piloter leurs déploiements Kubernetes via l’interface de Calm afin de distribuer leurs environnements de conteneurs entre leurs datacenters et le service de conteneurs de Google.
Les différents éléments de la plate-forme de Nutanix devraient être disponibles entre novembre et le début de l’année 2018.