Swarm et Kubernetes: Docker mise sur la cohabitation
Docker fait de sa plateforme Enterprise une solution multi-orchestrateurs en annonçant l’intégration native de Kubernetes. Il opérera de concert avec Swarm et sera fondu dans les outils d’administration et de sécurité de la marque.
A partir de la version 17.06, dont le lancement est prévu pour le premier trimestre 2018, la version Enterprise Edition de la plateforme Docker entrera dans une nouvelle ère : celle de la cohabitation. Swarm, l’orchestrateur-maison de containers de Docker, côtoiera de façon native Kubernetes, l’autre orchestrateur né chez Google et aujourd’hui entre les mains de la Cloud Native Computing Foundation. Objectif : capitaliser sur les outils Entreprise de Docker pour simplifier l’administration de clusters Kubernetes, réputés comme étant particulièrement difficiles à mettre en place et surtout à maintenir et à opérer.
Concrètement, la prochaine version de Docker Enterprise Edition embarquera une distribution de Kubernetes. Une distribution que Docker souhaite complète, « upstream » et sans wrappers : celle embarquée sera la version « Vanilla » de la CNCF.
Un Kubernetes dopé aux outils pour entreprises
La plateforme permettra ainsi aux entreprises de mettre en place des configurations multi-orchestrateurs, et surtout d’allouer des nœuds à chacun, explique un responsable de Docker. Le tout contrôlé via le panneau centralisé de la plateforme. « Pour les entreprises, cela signifie qu’il ont accès à un Kubernetes augmenté, dopé par les outils de Docker EE, souligne Solomon Hykes, CTO et l’un des co-fondateurs de Docker.
A savoir : des fonctions de sécurité, comme le chiffrement, la signature d’images ou encore le scanning de containers, mais également la capacité d’être déployées sur les principales distributions Linux du marché, sur Windows, ainsi que les principales plateformes de Cloud. Patrick Chanezon, membre de l’équipe technique de Docker, met également en avant les capacités de gestion d’environnements hybrides. « Cela permet aux entreprises de déployer leurs workloads en interne, sur un cloud voire sur plusieurs cloud ». Enfin, Kubernetes pourra aussi bénéficier d’outils de développement et de gestion du cycle de vie des containers.
Cette intégration sera également portée auprès des développeurs, via la Docker Community Edition. Les développeurs pourront ainsi utiliser les même workflows pour les deux orchestrateurs, et ce sur Linux, Windows et Mac, et effectuer des tests en local – ce qui était impossible pour Kubernetes. Cette même base de code pourra ensuite être déployée sur les deux technologies, ont montré les équipes Docker.
Pour Richard Watson, vice-président de recherche chez Gartner, cette intégration change le débat autour des containers. «Les débats ne portent plus uniquement sur un composant technique mais sur la valeur qui existe à implémenter Kubernetes ». Kubernetes était en effet compliqué à administrer et opérer, ne proposait que peu d’outils pour les développeurs, alors que Docker, de son côté, permet de gérer l’ensemble du cycle de vie des containers. « Kubernetes est juste un runtime », précise-t-il, mais la solution dispose « d’une communauté active et diversifiée » (avec des utilisateurs finaux dans la communauté, NDLR), ajoute-t-il, illustrant le poids de Kubernetes sur le segment des containers.
Les orchestrateurs, bientôt une commodité ?
Mais pour Docker, cela va dans le sens de la marche. Si Solomon Hykes pense que les orchestrateurs de containers finiront par devenir une commodité et donc disparaître des discours des entreprises, Patrick Chanezon constate, pragmatiquement, que Kubernetes et Swarm sont souvent utilisés de concert dans les entreprises. Là encore, Docker explique suivre ce que souhaitent les entreprises.
Si Kubernetes et Swarm ont souvent été opposés par le passé, Solomon Hykes, qui rejette d’emblée cette idée, préfère voir dans cette intégration la volonté de Docker de poursuivre sa stratégie de plateforme. Une plateforme – Docker EE donc - dont la vocation est de répondre aux différents cas d’usage dans les entreprises, a-t-il expliqué.
Swarm avait en fait été développé par Docker pour faciliter l’accès aux containers. La société en avait fait un pilier de la plateforme, poussant cette idée d’intégration avancée. Certains avaient perçu l’intégration de Swarm comme une déclaration de guerre, face à Kubernetes et Mesos.
Mais si bataille il y a eu, la hâche de guerre est enterrée, avons-nous pu constater lors de cette édition 2017 de la DockerCon Europe qui se tient actuellement à Copenhague. Des membres de Microsoft et Google, co-fondateurs de Kubernetes se sont succédé sur scène, montrant leur engagement dans cette collaboration. Une première étape, ont-ils affirmé. Il faut dire que la communauté Kubernetes et Docker travaillent conjointement depuis un an sur containerd, le runtime Docker, remis par la société à la Cloud Native Computing Foundation – là où réside également Kubernetes – pour en faire un moteur d’exécution standard. C’est d’ailleurs containerd qui sert de runtime à la plateforme Docker qui abritera la distribution Kubernetes au premier trimestre 2018. La boucle est ainsi bouclée.