Le M8, dernier des Sparc, signe la fin de la course au scale-up
Oracle a officiellement dévoilé hier le dernier de ses processeurs RISC, le Sparc M8. Et a annoncé son intention de prolonger le support de Solaris de 3 ans supplémentaires. La puce s'insérera dans des serveurs allant jusqu'à 8 sockets contre 16 pour son prédécesseur.
C’est par communiqué de presse qu’Oracle a officiellement levé le voile hier sur son nouveau processeur. Il en a profité pour amener une précision sur le support de Solaris.
Le processeur M8 sera utilisé par l’ensemble des nouveaux systèmes Sparc d’Oracle. Cette famille comprendra 3 systèmes Rack, les Sparc T8-1 (1U), T8-2 (3U) et T8-4 (6U), ainsi qu’un grand serveur scale-up, le Sparc M8-8 (au format 10U).
Comme l’actuel Sparc M7, le M8 est un processeur fabriqué en technologie 20 nm et dispose de 32 cœurs, chacun capable de traiter jusqu’à 8 threads en parallèle. Il offre des performances par cœur environ 40 % supérieures du fait d’une fréquence de fonctionnement accrue (à 5 GHz), d’un pipeline de traitement d’instructions amélioré et de l’accroissement de la taille du cache de niveau 1.
Le processeur embarque également la version 2 des instructions d’accélération applicative d’Oracle.
Sparc M8 : la fin de la course au gigantisme
L’arrivée du M8 est l’occasion pour la firme de poursuivre son effort d’accroissement de la densité de ses systèmes. Lors du lancement du M6, le système le plus musclé d’Oracle disposait de 32 sockets processeur. Avec le lancement du M7, Oracle avait réduit la configuration maximale de son système le plus performant à 16 sockets. Avec le M8, le système le plus musclé, le Sparc M8-8 n’embarque plus que 8 sockets processeurs. Cela veut dire au passage que le dernier né des serveurs de la firme sera sans doute moins performant que le Sparc M7-16 et qu’il gérera moins de mémoire (8 To contre 16 To max. pour le plus performant des serveurs M7).
L’une des raisons possibles de la réduction du nombre de sockets est qu’Oracle a intégré les fonctions de l’ASIC d’interconnexion NUMA Bixby - utilisé pour relier les processeurs dans les serveurs M6 et M7 - dans les puces M8.
Une telle intégration serait logique pour réduire les coûts et expliquerait la réduction des capacités NUMA des nouveaux serveurs.
Selon le livre blanc sur les M8 publié par Oracle, chaque processeur M8 dans le Sparc M8-8 exposerait 5 liens cohérents pour l’interconnexion des 8 puces au sein du système et pour le management du serveur par ses deux processeurs de service (4 liens sont utilisés pour les connexions entre processeurs et un vers les services processors).
Cette réduction du nombre de CPU par serveur s’inscrit dans un contexte plus général d’arrêt de la course au scale-up menée par les acteurs Unix durant l’ensemble des années 2000 et au début des années 2010.
L’enjeu pour les constructeurs est aujourd’hui de tenter de protéger leur base installée en proposant des systèmes plus compacts, plus denses et moins coûteux. Seul IBM maintient sa course au gigantisme avec ses mainframes de la série z.
Si la course à la taille n’est plus une priorité, Oracle met en avant les nouvelles capacités des M8 en matière d’accélération de sa base de données et de Java.
Il souligne également les nouvelles capacités cryptographiques de sa puce et ses mécanismes de défense contre les attaques. Les fonctions dites Silicon Secured Memory, déjà présentes dans le M7, permettent de protéger l’accès aux pages mémoire par des processus non autorisés.
Support des disques Flash NVMe
Une autre nouveauté apportée par les nouveaux serveurs Sparc M8 est le support des disques Flash NVMe. Toutes les machines supportent la carte Flash PCIe F640 PCIe, ainsi que l’ajout de SSD 2,5 pouces NVMe dans une partie des emplacements pour disques en frontal des serveurs. Il faut pour cela ajouter une carte PCIe optionnelle qui inclue un commutateur PCIe. Cette carte permet d’isoler le bus PCIe d’éventuelles défaillances électriques tout en démultipliant le nombre de lignes PCIe disponibles pour le raccordement de SSD 2,5 pouces.
Notons que le M8 n’a, officiellement, plus de successeur et pourrait être le dernier des Sparc. Le Sparc .Next plus (ou M8+) qui figurait à l’origine sur la roadmap du constructeur en janvier 2017 a en effet été éliminé de la feuille de route d’Oracle au début du mois.
Avec Solaris 11, faute de Solaris 12
Le lancement des serveurs Sparc M8 s’accompagne de celui de Solaris 11.3 SRU 24 (Support Repository Update) qui inclut le support des nouveaux processeurs ainsi que celui d’Oracle VM 3.5. Ils étaient attendus à l’origine sous Solaris 12, qui a été sabordé par Oracle au profit d’une stratégie de « continuous delivery .
L’annonce s’accompagne d’une extension de la date limite de support de l’OS. Celle-ci passe de 2031 à 2034.
Les nouvelles machines devraient aussi supporter Solaris 11.4 dès son lancement, prévu au début 2018.