Crépuscule en vue pour la plate-forme Sparc-Solaris
La dernière roadmap Sparc-Solaris présentée par Oracle fait disparaître le successeur du Sparc M8, dont la présentation officielle devrait se faire à Openworld, et repousse à 2018 la sortie de Solaris 11.4. Elle confirme le désengagement progressif de la firme vis-à-vis de la plate-forme Risc Unix créée par Sun Microsystems.
La semaine dernière, Oracle a mis à jour sa roadmap Sparc-Solaris, en éliminant ou en décalant à plus tard plusieurs éléments importants de sa feuille de route précédente. Ces modifications ne devraient guère rassurer les utilisateurs sur l’avenir de la plate-forme et tendent à confirmer notre avis, qu’Oracle est en train de préparer sa base installée à une mise en maintenance de sa plate-forme Risc/Unix.
La dernière feuille de route publiée il y a moins d’une semaine est particulièrement inquiétante côté matériel. La précédente avait déjà éliminé toute la ligne de processeurs massivement multithreadés d’Oracle pour se concentrer sur les processeurs monolithiques de la série M, dont le plus récent, le Sparc M7, motorise les actuels serveurs haut de gamme de la firme.
Oracle Sparc M8 : le dernier des Sparc
Le Sparc M8, le prochain processeur de la ligne M, devrait prochainement être présenté par la firme, sans doute en octobre lors d’Openworld, son développement étant terminé. Il devrait être embarqué dans la prochaine génération de grands serveurs Sparc du constructeur qui devrait sans doute faire ses débuts commerciaux au début 2018. Il apporte une augmentation significative des performances par thread (Oracle promet au moins un gain de 50%,) ainsi que le support de nouvelles instructions d’accélérations des logiciels Oracle (v2).
La précédente roadmap, publiée au début 2017, lui prévoyait un successeur sous la forme d’un Sparc M8+, avec plus de cache embarqué et une troisième génération des instructions d’accélération d’Oracle. C’est ce successeur, prévu à l’origine pour l’horizon 2021 qui vient de faire les frais de la révision de la feuille de route d’Oracle. Sauf retournement de dernière minute, cela signifie qu’il n’y aura pas de successeur au M8 et qu’il sera en pratique le dernier d’une longue lignée de processeurs Sparc d’Oracle.
Solaris : une stratégie de livraison continue
Côté Solaris, les nouvelles ne sont guère plus réjouissantes. Au début de l’année, Oracle avait déjà annoncé l’annulation de Solaris 12 au profit d’une soi-disant stratégie de livraison continue de nouvelles versions de l’OS. L’idée était grosso modo de refactoriser une large partie des développements effectués pour Solaris 12 afin de les livrer progressivement comme des améliorations à Solaris 11.
Nous avions déjà exprimé nos doutes sur cette stratégie, mais il semble que ceux-ci soient confirmés. Ainsi la prochaine version de Solaris, la 11.4, à l’origine attendue pour le début du 4e trimestre est repoussée à 2018. Il est vraisemblable qu’elle fera son apparition avec les nouvelles machines équipées de la puce M8, des machines qui logiquement devraient être disponibles quelques mois après l’annonce officielle du processeur. Le moins que l’on puisse dire est que la stratégie de livraison continue ressemble plutôt à une stratégie de livraisons sporadiques.
Il est en fait vraisemblable que, comme l'a fait HPE avec Itanium, Oracle est en train de préparer sa base installée à la fin des plates-formes Sparc Solaris et qu’il a de fait largement stoppé ses investissements dans la plate-forme. Les dernières informations, provenant de sources plutôt fiables, font ainsi état d’un large démantèlement des équipes de développement Solaris et d’une mutualisation dans certains cas avec les équipes Linux d’Oracle. Seul motif de consolation pour les clients, Oracle a annoncé début janvier que les plates-formes Sparc Solaris seront officiellement supportées jusqu’à la fin 2031 (soit environ 15 ans).
Sun Microsystems sous Oracle : La fin d’une étoile
Lors du rachat de Sun, Oracle avait beaucoup promis sur l’avenir des plates-formes Sun et Larry Ellison, en particulier, avait multiplié les rodomontades, expliquant comment la plate-forme Unix du constructeur allait éclipser toutes les autres. La réalité s’est montrée bien têtue.
D’ailleurs, une large partie des objectifs d’Oracle lors de l’achat de Sun ont été déçus. Les ventes de serveurs Unix de la firme ont été divisées par 10 entre 2008 et 2016. Sur Java, Oracle a perdu sa bataille juridique face à Google et vient d’abandonner le contrôle de Java EE à la fondation Eclipse. Dans le stockage, les appliances ZFS seraient en fin de vie.
Dans tous les départements, cette descente aux enfers s’est accompagnée du départ des principaux talents de Sun et par des licenciements massifs. Bref, c’est comme si huit ans après le rachat par Oracle, il ne restait plus rien des technologies du géant cofondé par Andy Bechtholsheim, Vinod Khosla, Scott McNealy et Bill Joy.
Sun avait autrefois utilisé le nom de code prémonitoire de Supernova pour l’un de ses serveurs qui n’a jamais vu le jour. Les Supernova devaient embarquer un processeur de nouvelle génération, le Sparc « Rock » qui a été abandonné au profit d’une collaboration avec Fujitsu. Sous Oracle, Sun est finalement devenue une Supernova.