Gestion de conteneurs : AWS rallie la Cloud Native Computing Foundation
Deux semaines pile après Microsoft, Amazon a rejoint la fondation open source créée par Google qui héberge Kubernetes. Une manière pour AWS de mieux anticiper les changements d’outils connexes aux containers. Des outils concurrents des siens, mais aussi très populaires auprès de ses clients.
Ça y est, ils y sont tous. Tous les grands du IaaS et du PaaS sont désormais membres de la Cloud Native Computing Foundation. L’organisation a été créée par Google, sous l’égide de la Linux Foundation, pour promouvoir et développer de manière collaborative « et neutre » Kubernetes et d’autres outils open source de gestion de conteneurs.
La finalité de cette fondation est de permettre une portabilité totale entre les plateformes Cloud des différents fournisseurs. Problème, deux des plus grands n’y étaient pas. On trouvait certes Docker, Red Hat (qui veut être le VMware des containers) ou Google. Mais Microsoft et Amazon brillaient par leurs absences.
Ces trous dans le casting sont aujourd’hui comblés. Coup sur coup, Azure (le 26 juillet) puis AWS (le 9 août) ont en effet annoncé leurs ralliements en tant que membre Platinium, l’implication la plus haute possible.
La star AWS complète le casting de la Cloud Native Computing Foundation
La CNCF compte désormais dans sa gouvernance AWS, Cisco, CoreOS, Dell, Docker, Fujitsu, Google, Huawei, IBM, Intel, Joyent (Samsung depuis 2016), Mesosphere, Microsoft ou encore Red Hat (qui propose Atomic Host) et l’opérateur de datacenters Supernap (Switch).
On y retrouve en membres Gold le Chinois Alibaba (qui a des visées hégémoniques dans le Cloud), NetApp, Suse, AT&T et Tencent. Et en Silver, VMware (qui a ajouté Kubernetes à sa plate-forme de conteneurs en octobre 2016), Sysdig (qui propose une impressionnante solution de supervision pour les microservices), Chef, le spécialiste d’OpenStack Mirantis, ou Juniper. Parmi beaucoup d’autres.
Y est également représentée une autre fondation Cloud Foundry (également projet de la Fondation Linux).
Bref tout l’écosystème des conteneurs est présent.
Au moment de la création de la CNCF, un porte-parole d’Intel, Jonathan Donaldson, vice-président des infrastructures « software-defined » du fondeur expliquait que la standardisation des outils de gestion de conteneurs aiderait grandement à rendre les workloads portables d’une stack à une autre. Un prérequis en 2015 pour une adoption réelle par les entreprises face à la virtualisation classique.
Aujourd’hui, le débat sur la maturité des conteneurs n’a quasiment plus lieu d’être. Ils sont au cœur de l'évolution des architectures applicatives. Il restait néanmoins une incertitude sur leurs outils de gestion. Google proposait Kubernetes, que Microsoft a adopté dans les faits (voir l’acquisition de Deis ou la publication de Draft). Mais AWS avait (et a toujours) EC2 Container Service.
AWS et Kubernetes : un duo de plus en plus demandé
L’arrivée de Microsoft à la CNCF était donc attendue, mais celle d’AWS est une demi-surprise. Une surprise parce que EC2 Container Service est un concurrent revendiqué de Kubernetes.
Mais pas une grosse surprise car dans l’IT « moderne », les vainqueurs sont souvent ceux qui proposent le choix à leurs clients. Or, AWS est le plus gros hébergeur de conteneurs dans le Cloud (devant Google et loin devant Azure). Mais dans le même temps, c’est Kubernetes qui s’impose comme l’outil de gestion de conteneurs le plus populaire.
Résultat, de nombreux clients utilisent Kubernetes sur AWS comme l’éditeur de jeux NCSOFT, le distributeur de billets de spectacles Ticketmaster ou encore Vevo et le retailer allemand Zalando.
« Beaucoup de projets du CNCF sont déjà utilisés en production dans notre Cloud », admet Adrian Cockcroft, vice-président Cloud Architecture Strategy chez AWS, qui explique rejoindre la Fondation « pour nous assurer que nos clients continueront d'avoir la meilleure expérience dans l'exécution de leurs workloads ». Adrian Cockcroft pourra observer les évolutions depuis une place privilégiée puisqu’il siège désormais au Conseil de Gouvernance du CNCF.
Kubernetes mais aussi containerd, CNI et linkerd
En plus de l’orchestrateur Kubernetes, la Cloud Native Computing Foundation héberge dix projets : le projet de monitoring Prometheus, de tracing OpenTracing, de logging Fluentd, de service mesh Linkerd, de RPC avec gRPC, d’interface réseau CNI, de DNS et de Service Discovery avec CoreDNS, ou de runtime avec les projets containerd et rkt.
AWS avait déjà contribué activement à containerd. La filiale d’Amazon annonce qu’elle le fera également – en plus de Kubernetes – pour CNI et linkerd. Et que plus généralement elle « accélérera le déploiement » dans son cloud des solutions issues des projets de la fondation. Toujours dans l’optique d’être le Cloud le plus accueillant et de consolider encore un peu sa place de leader.