Le rachat de Brocade par Broadcom est retardé et n’est pas garanti
Brocade a prévenu mardi soir que son rachat par Broadcom serait à minima retardé de 30 jours et peut être de 45 jours additionnels, le temps pour le comité américain sur les investissements étrangers de se prononcer. un refus du CFIUS ferait s'effondrer la transaction.
Le rachat à 5,9 Md$ de Brocade par Broadcom a été repoussé de 30 jours, un délai qui pourra éventuellement être étendu de 45 jours supplémentaires. À moins que l’opération ne tombe carrément à l’eau.
Brocade a indiqué mardi soir que les deux entreprises ont déposé un dossier pour un réexamen de la fusion par le comité américain sur les investissements étrangers (CFIUS —Committee on Foreign Investment in the United States). Cette opération devrait prendre 30 jours, après quoi le CFIUS pourrait encore prolonger son analyse de 45 jours additionnels. Brocade a indiqué que les deux vendeurs avaient retiré leurs dossiers d’origine, déposés dans le cadre du Defense Production Act de 1950, après avoir discuté avec le comité.
Le CFIUS a pour mission d’analyser les implications pour la sécurité nationale des acquisitions susceptibles de faire basculer le contrôle d’une société américaine vers une entité étrangère. Broadcom est coté sur le Nasdaq, mais à son siège réparti entre les États-Unis (à Irvine, en Californie) et Singapour.
Une acquisition qui traine en longueur
« Brocade et Broadcom réaffirment leur engagement à mener à bien l’acquisition proposée et travailleront rapidement et en coopération pour que l’acquisition arrive à son terme », explique Broadcom dans un document soumis à la Securities and Exchange Commission (SEC, l’équivalent américain de l’Autorité des Marchés Financiers). Le même document note toutefois : « Il n’y a aucune garantie que le CFIUS accepte que les parties mènent l’acquisition en cours à son terme ».
Broadcom a annoncé son intention de racheter le spécialiste des réseaux Fibre Channel et Ethernet Brocade en novembre 2016. À l’époque, les dirigeants des deux firmes avaient indiqué que l’opération ne devrait pas se conclure avant la mi-2017. Ils savaient déjà que la bataille serait rude pour mener à bien le rachat. L’obstacle du CFIUS n’est d’ailleurs pas le dernier que les deux constructeurs auront à affronter. Si la transaction a déjà reçu le feu vert des autorités de la concurrence aux États-Unis, en Europe et au Japon, les deux constructeurs sont encore dans l’attente de l’approbation de la Chine.
Brocade et Cisco sont les deux derniers fabricants de commutateurs Fibre Channel dans le monde. Mais si la fusion aboutit, Broadcom sera l’unique fabricant de puces FC du marché (il produit en effet les ASIC des commutateurs FC Cisco). Brocade espère désormais que la fusion s’opérera avant le 28 octobre. Rappelons que la firme comme Broadcom peut mettre un terme à l’opération si elle n’est pas finalisée au 1er novembre.
Un échec de la fusion aurait des conséquences en cascade. Broadcom n’étant intéressé que par l’activité Fibre Channel de Brocade, il a noué un accord à 800 M$ avec Arris pour lui céder les actifs Wi-Fi de Brocade (l’ex Ruckus Wireless) ainsi que son activité commutation Ethernet de Campus (la gamme ICX). Extreme Networks, de son côté, a accepté de racheter les activités commutation Ethernet de cœur de réseau de Brocade pour la maigre somme de 55 M$. Ces deux opérations sont toutefois conditionnées au succès du rachat de Brocade par Broadcom. Notons qu'à ce jour les activités SDN et le portefeuille logiciel de Brocade n'ont pas trouvé preneur.
L’activité Fibre Channel de Brocade en souffrance
Alors que le rachat traîne en longueur, les ventes de Brocade continuent de s’étioler, notamment la partie Fibre Channel, pourtant au cœur de l’intérêt de Broadcom pour la firme. Au cours du dernier trimestre fiscal clos le 29 avril 2017, les revenus de Brocade ont reculé de 5 % sur un an, à 553 M$. Les ventes de directeurs FC ont, quant à elles, baissé de 6 %, tandis que celles des commutateurs embarqués plongeaient de 12 %. Le trimestre précédent (clos le 28 janvier), le CA avait diminué de 12 % et les ventes de commutateurs FC de 20 %.
Dans les deux cas, Brocade, a justifié sa faible performance par la montée en puissance des technologies alternatives à FC ainsi que par les incertitudes nées du rachat en cours…