IBM a vu son activité continuer à reculer au second trimestre
Big Blue a continué à souffrir au cours du trimestre écoulé et a vu l'ensemble de ses activités reculer durant la période. Même les solutions cognitives ont vu leur CA reculer de 1% sur un an. Big Blue parie sur ses nouveaux mainframes pour se relancer au second semestre.
« Au second trimestre, nous avons renforcé notre position de leader du cloud d’entreprise et allongé la liste des plus grandes entreprises mondiales clientes d’IBM Cloud ». C’est par cette déclaration de Ginni Rometty, sa CEO, qu’IBM commence le communiqué de presse annonçant les résultats de la firme pour le second trimestre 2017.
« Nous continuons à innover, en ajoutant le support des regtech à notre portefeuille Watson [N.D.L.R. : l’appellation regtech, pour Regulatory Technology, désigne l’ensemble des technologies permettant de gérer les aspects réglementaires et de conformité des acteurs du secteur financier], développons des solutions basées sur des technologies émergentes comme la Blockchain et réinvetons le mainframe en permettant à nos clients de chiffrer la totalité de leurs données, en permanence ».
Circulez donc braves gens, il n’y a rien à voir, IBM se porte bien. C’est d’ailleurs en substance ce que confirme le directeur financier de Big Blue en déclarant : « Nous avons achevé la première moitié de l’année comme nous l’espérions, en continuant à générer une trésorerie disponible solide ».
Toutes les activités d’IBM sont en recul
Le problème est que derrière cette façade joyeuse, les résultats de Big Blue sont bien moins flatteurs. Le chiffre d’affaires de la firme jadis dirigée par Thomas Watson a ainsi connu son 21e trimestre de baisse consécutif, en s’établissant à 19,3 Md$, en recul de 4,7 % sur un an. Dans le même temps, le bénéfice net a reculé de 7 % à 2,33 Md$.
Le plus inquiétant pour Big Blue est que cette baisse affecte l’ensemble de ses segments d’activité. Les revenus générés par les solutions ‘cognitives’ ont ainsi reculé de 1 % sur un an (à 4,6 Md$) et la marge de ces activités s’est effritée de 3,1 points. Ce recul est en grande partie le produit de l’érosion de l’activité transactionnelle de Big Blue (CICS, IMS, Tivoli OmegaMon, z/TPF…) lié à la baisse des ventes de mainframes.
Les ventes de systèmes de la firme ont ainsi diminué de 10 % sur un an (à 1,7 Md$), notamment du fait de la déprime de l’activité grands systèmes (dont les ventes on encore plongé de 33 %). Le stockage a mieux résisté en renouant pour le second trimestre consécutif avec une légère croissance (+ 8 %). L’activité Unix et Power reste atone (-3 %), dans l’attente d’un éventuel rebond après le lancement attendu au second semestre des puces Power 9.
Les services technologiques et les revenus dérivés des plates-formes cloud sont en recul de 4 % sur un an (à 8,4 Md$) et leur marge en baisse d’un point. Ce sont surtout les services d’infrastructure qui sont affectés, tandis que les activités cloud, analytique, mobile et securité sont en croissance. Enfin, les services de conseil sont eux aussi en recul de 2 % sur un an (à 4,1 Md$).
Un rebond attendu suite au lancement des nouveaux mainframes
Globalement, on est donc loin de la situation rose décrite par Ginny Rometty. Le seul point positif est que le lancement des derniers mainframes z14 devrait contribuer à redonner des couleurs au compte de résultat d’IBM au cours des deux ou trois prochains trimestres.
Selon Toni Sacconaghi, un analyste de Bernstein Research, les ventes de grands systèmes ne représentent certes plus que 3 % du CA de Big Blue, mais la plate-forme mainframe dans son ensemble (logiciels, maintenances, middleware, services) a contribué au quart des revenus d’IBM et à près de 40 % de ses profits en 2016.
Tout rebond de l’activité devrait donc être immédiatement visible dans les comptes de la firme et en particulier au 4e trimestre, traditionnellement très favorable aux ventes de mainframes.
Des incertitudes pour l’avenir
Reste qu’en 2017, une telle dépendance aux grands systèmes, des machines dont les ventes ne cessent de s’étioler, n’est guère rassurante. Les services, en berne depuis plusieurs années ne devraient pas relancer la firme. Et les solutions cognitives, censées être le réservoir de croissance de la firme, ont connu un coup d’arrêt inquiétant ce trimestre.
Le cloud est sans doute une planche de salut potentielle, mais le business cloud de Big Blue (qui inclut un large pan des anciens services d’outsourcing d’infrastructure) reste encore un nain face à Amazon AWS. Il générerait ainsi cinq à six fois moins de revenus que celui de la filiale du e-commerçant et il n’est pas sûr que Big Blue ait les moyens financiers d’affronter AWS durablement sur son propre terrain.