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CA Technologies veut s'imposer dans les approches DevSecOps
CA Technologies digère ses récentes acquisitions afin d'enrichir son approche Moderne Software Factory. Gestion de projet agile, Security by Design et gestion des API sont les points forts d'une offre qui opère sa mutation vers le Cloud.
Depuis les années 90, CA technologies, anciennement Computer Associates, s'est clairement affirmé par une stratégie d'acquisition très active. Un moyen rapide pour prendre pieds sur des marchés potentiellement lucratifs pour un éditeur jusqu'alors positionné sur les solutions pour mainframes. Les acquisitions de Cheyenne Software en 1996 et surtout Platinum Technology 3 ans plus tard en sont les exemples les plus vibrants.
Plusieurs centaines d'acquisitions (!) plus tard, la forte culture mainframe de l'éditeur n'a pas été totalement gommée. Les solutions System-Z ont représenté la moitié de ses revenus en 2017, soit 2,1 milliards de dollars sur 4 milliards de chiffre d'affaires. Une manne, mais aussi une fragilité pour CA Technologies alors que ce marché mainframe ne peut que décroitre au niveau mondial. Une impasse de laquelle Michael Gregoire, le nouveau CEO, a entrepris de sortir au plus vite depuis sa nomination en 2013.
Cap sur DevOps
Après la cession d'Arcserve à un fonds d'investissement, CA Technologies a réalisé coup sur coup les acquisitions de Rally Software, éditeur d'une plateforme Saas de gestion de projets en mode agile, puis d'un spécialiste de la sécurité des accès, Xceedium. 2017 a vu cette stratégie accélérer encore avec la prise en contrôle en janvier d'Automic dans l'automatisation de la gestion des infrastructures, puis de Veracode en mars dernier, l'éditeur spécialisé dans l'audit de sécurité du code source. "Ces acquisitions, notamment celle de Veracode, démontrent clairement notre volonté d'aller vers les approches DevSecOps", commente Mostafa Amokhtari, directeur technique de CA Technologies. "Nos solutions s'inscrivent dans notre approche Modern Software Factory qui doit permettre aux entreprises d'évoluer vers DevOps, mais aussi vers le développement d'applications Secure by Design." L'acquisition d'Automic apporte à cette vision le volet automatisation des workflows de mises en production, avec une offre qui ne se limite plus seulement à l'univers IBM, mais s'est ouverte au Cloud. Elle vient donc se poser comme un outil pour l'intégration continue, support de DevOps.
La gestion d'API au cœur de la stratégie de CA Technologies
Pour l'heure, une autre acquisition de CA Technologies est en train de porter ses fruits d'un point de vue commercial : celle de Layer 7, réalisée en 2013. Cet éditeur a apporté à CA Technologies des outils de gestion d'API, le type de plateforme aujourd'hui très prisée par les entreprises qui mènent leur transformation numérique. Celles-ci structurent leurs multiples initiatives numériques autour du concept de portefeuille d'API. Cette approche nécessite la mise en place d'une plateforme de gestion d'API pour être véritablement industrialisée. C'est cette couche logicielle qui gère les API ouvertes aux partenaires de l'entreprise, mais qui sont aussi consommées par les applications mobiles et objets connectés proposés par l'entreprise.
Alors que le rôle de cette plateforme devient pivot pour les entreprises, avec son offre CA API Management, l'Américain est bien classé par les analystes face à IBM avec API Connect, Google/Apigee Edge ou la plateforme Akana. Cette pépite a permis à CA Technologies de s'introduire sur le marché des médias, signant avec CNN ou encore avec Eurosport pour mettre en place la plateforme de diffusion des données sportives de la chaîne. "Notre plateforme facilite et sécurise les remontées d'informations issues des API. Il faut savoir que la plateforme mise en place par Eurosport a connu jusqu'à 350 000 utilisateurs simultanés lors du Giro d'Italie", explique Mostafa Amokhtari. "Nous savons gérer la performance des applications, le suivi des performances, mais aussi sécuriser les flux. Ainsi, des assertions permettent de déceler les attaques par injection SQL glissées dans les appels d'API."
Outre les applications Web, l'IoT est un débouché pris très au sérieux par les équipes de CA Technologies. En France, sa plateforme de gestion d'API a été sélectionnée pour porter la stratégie IoT de l'Oréal, tandis qu’Enedis (ex-ERDF) a choisi CA Service Virtualisation afin de simuler les flux de données émis par ses compteurs connectés et vérifier que les applications pourront tenir la charge lorsque les 35 millions de compteurs Linky auront été déployés.
CA Technologies doit encore négocier le virage Saas
Outre cette marche vers DevSecOps, CA Technologies doit négocier un autre virage, économique celui-ci : la montée en puissance du Saas sur le marché du logiciel. "Notre activité Saas représente moins de 20% de notre chiffre d'affaires", reconnait Mostafa Amokhtari. "L'objectif est de monter cette part à 50% d'ici 3 ans. Aujourd'hui, nous avons basculé nos développements dans un mode "Saas First" sur tous nos nouveaux produits."
L'éditeur s'apprête ainsi à lancer une version complète de CA APM en mode Saas et désormais c'est le Cloud qui bénéficiera des évolutions en priorité. "Nous n'allons pas abandonner les applications classiques, mais nous allons faire, en priorité, des mises à jour plus fréquentes dans le Cloud, avant que les nouveautés ne soient ensuite intégrées aux versions classiques", précise le directeur technique. Le portefeuille Saas de CA Technologies se compose de solutions de gestion de projets agile, de tests de performance, de monitoring Web, d'analyse de code et enfin de l'offre Automic qui est déjà (pour partie) "Saas Ready".
Ce nouvel élan initié par Michael Gregoire va-t-il trouver un épilogue imprévu ? De chasseur, CA Technologies pourrait bien se retrouver dans la position de la proie. Les rumeurs d'une éventuelle prise de contrôle par BMC, initiées par Bloomberg, évoquent une LBO de 24,4 milliards de dollars pour financer l'opération. La conférence de presse organisée par CA Technologies le 2 août prochain pour annoncer les résultats du premier trimestre fiscal 2018 sera peut-être l'occasion d'en savoir plus sur le futur de l'éditeur né en 1976.