Le futur de Citrix s’embrume à nouveau avec le départ de Kirill Tatarinov
Le CEO de l’éditeur est remplacé dans ses fonctions par son directeur financier avec, à la clé, de nouvelles incertitudes quant aux futures orientations de Citrix.
Citrix vient d’annoncer le départ de Kirill Tatarinov qui en avait pris la direction fin janvier 2016. Ce vétéran de Microsoft, et ancien vice-président corporate de sa division solutions d’entreprise, avait été retenu à l’époque pour « son passé robuste dans la gestion de produits et son importante expérience technologique ». De quoi, disait alors l’éditeur, en faire « la bonne personne » pour superviser sa « stratégie d’innovation et de croissance ».
Aujourd’hui, les ambitions ne semblent plus les mêmes. Et si le communiqué de presse annonçant le départ de Kirill Tatarinov fait état d’une « décision mutuelle », c’est peut-être justement parce que les missions dévolues au CEO de l’éditeur ont changé. Le choix de son remplaçant n’est d’ailleurs pas anodin : le directeur financier et de l’exploitation de Citrix, David Henshall. A cela s’ajoute la création d’un comité « chargé de se concentrer sur l’augmentation de la marge, l’allocation du capital et la transformation vers le Cloud », en misant sur un modèle commercial à l’abonnement.
Vers un nouveau rachat d’actions ?
Car il s’agit bien « d’améliorer la rentabilité et le retour de capitaux investis aux actionnaires ». Le vice-président sénior de l’éditeur, Mark Coyle, n’est d’ailleurs nommé que directeur financier par intérim, le temps d’entre trouver un permanent.
Faut-il comprendre que l’éditeur s’apprête à investir moins et rendre plus aux actionnaires sous la forme de dividendes ou de rachat d’actions ? Elliot Management, qui avait conclu un accord avec Citrix fin juillet 2015 n’avait pas manqué, alors, d’afficher cette ambition : le fond d’investissement entend conduire l’éditeur à racheter des actions courant 2017, après en avoir fait considérablement progresser la valeur. Et depuis juillet 2015, le cours de l’action de Citrix a gagné plus de 20 $ pour flirter aujourd’hui avec les 80 $.
Pour l’heure, le communiqué de presse de l’éditeur laisse entrevoir un recentrage des investissements « dans les domaines à forte croissance comme la sécurité des données et les services analytiques ». Deux domaines qui étaient au cœur la dernière édition de la grand messe annuelle de Citrix, Synergy.
Pour Kirill Tatarinov, l’activité de l’éditeur s’articule autour de trois grands piliers, comme il l’expliquait récemment dans nos colonnes : distribution d’applications, distribution des données, et réseau, avec NetScaler pour offrir l’infrastructure nécessaire à la garantie de la sécurité des deux premiers piliers, où Citrix a encore récemment confirmé son engagement. Avec notamment l’ajout d’un module de passerelle d’accès Web sécurisé (SWG) à NetScaler, doté d’un moteur d’analyse comportementale centrée sur l’utilisateur.
Ou la cession d’une activité ?
Et c’est peut-être cette activité réseau que certains présidant à la destinée de Citrix ont aujourd’hui en tête. Il y a un an, Chalan Aras, directeur général de la division réseau de l’éditeur, affichait une ambition : celle que NetScaler pèse 6 Md$ de chiffre d’affaires d’ici à 2020.
Il reste du chemin à parcourir : au cours de l’exercice fiscal 2016, l’activité réseau de Citrix a généré près de 783 M$ de chiffre d’affaires. Mais au premier trimestre 2017, elle a enregistré une croissance de 9 % sur un an, à 193 M$.
Alors, si Citrix parvient effectivement à multiplier par six, d’ici 2020, une activité qui pèse aujourd’hui pour un peu moins d’un tiers de son chiffre d’affaires, s’en désolidariser sous la forme d’une filiale indépendante pourrait constituer une opportunité alléchante pour les investisseurs, après la cure de minceur de 2015. Cette dernière avait vu le regroupement des services GoTo dans une filiale cotée en bourse.