ra2 studio - Fotolia
Rachat de Cloudyn par Microsoft : coup de projecteur sur la difficile gestion des coûts du Cloud
Avec le rachat de Cloudyn, Microsoft pourrait ajouter à son service de cloud Azure des capacités de gestion des coûts des environnements multi-Cloud.
Le contrôle des coûts du Cloud serait-il devenu un problème pour les entreprises ? Microsoft a donné un premier élément de réponse en annonçant son intention de racheter la société Cloudyn pour greffer ses capacités à Azure. Cette société israélienne est justement spécialisée dans la gestion et l’optimisation des coûts des environnements multi-Cloud. Microsoft Azure disposait certes déjà de ce type d’outils, mais selon certains analystes, il existait des lacunes que Microsoft entend ici combler.
« Les entreprises ont besoin de plus de transparence et plus de visibilité en matière de dépenses dans le Cloud public », explique Mindy Cancila, analyste chez Gartner. « Réaliser une acquisition dans ce domaine et faire de la simplification de ces fonctions une priorité est une très bonne opération. » Elle s’attend à ce que Microsoft intègre directement Cloudyn à Azure ou dans Operations Management Suite.
Microsoft n’est pas le seul à avoir perçu ce problème de gestion des coûts. D’autres grands acteurs ont également réalisé des acquisitions de start-up spécialisées, comme par exemple HPE avec Cloud Cruiser. A une nuance près : cela illustre la volonté d’un grand fournisseur d’équipements Cloud d’améliorer la gestion et l’optimisation de ses propres ressources.
AWS, de son côté, a développé ses propres outils pour cibler ce besoin précis. AWS Cost Explorer et Trusted Advisor en font partie. Chez Microsoft, les fonctions sont moins étendues, mais le rachat de Cloudyn montre que les dépenses des entreprises dans le Cloud ont atteint un niveau tel que ce type d’outil est aujourd’hui devenu nécessaire.
« Les entreprises, qui consomment de plus en plus de services Cloud, apprécient la valeur de ces outils », soutient Owen Rodgers, analyste chez 451 Research. « Le fait que les utilisateurs attachent beaucoup d’importance au prix montre le niveau atteint par le Cloud. »
De son côté, Dave Bartoletti, analyste chez Forrester Research, affirme que nombre de ses clients pensaient que la gestion du Cloud et des dépenses associées allaient être faciles. Mais chaque service est facturé différemment. Il est donc presqu’impossible d’avoir une vision globale de ce que peut coûter une application dans un Cloud public. Les fournisseurs de Cloud doivent aussi pouvoir répondre à cette complexité, dit-il.
« Les entreprises déjà dans le Cloud commencent à penser qu’elles ont été trompés et n’ont pas les outils pour savoir si oui ou non elles utilisent convenablement le Cloud. Et celles qui n’y sont pas entendent que la gestion des coûts y est difficile. De quoi refroidir les ardeurs », explique-t-il.
Vers une gestion du multi-cloud dans Azure
La plupart des éditeurs d’outils de monitoring se sont d’abord intéressés à AWS puis ont gardé leur cap, du moins jusqu’à l’émergence d’Azure et consorts comme de vraies alternatives. Cloudyn a été l’un des premiers à supporter Azure, dès 2015. Le support de plusieurs environnements de Cloud public relève du défi. « Comme traduire du Grec ou du Chinois », lance Zohar Alon, co-fondateur et CEO de Dome9, spécialiste de la sécurité du Cloud et partenaire de Cloudyn.
La grande majorité des clients de Cloudyn utilise AWS. Microsoft pourrait ainsi bien en profiter. Zohar Alon s’attend d’ailleurs à ce que le groupe continue d’exploiter les capacités multi-Cloud de Cloudyn : « Lorsque vous êtes n°1, il est probablement inutile de le faire, mais lorsque vous êtes n°2, vous devez être plus agnostique », poursuit-il.
Cloudyn supporte les Cloud publics et privés. Microsoft pourrait ainsi utiliser la technologie pour le placement de workloads intelligents, y compris entre Azure et Azure Stack, commente Mindy Cancila.