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Chiffrement : vraie posture ou fausse hypocrisie ?
Les ministres de l’Intérieur et procureurs généraux d’Australie, du Canada, des Etats-Unis, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni viennent de renouveler leurs appels en faveur de moyens d’interception des communications chiffrées.
Les ministres de l’Intérieur, de l’Immigration, et les procureurs généraux du groupe des cinq pays, qui regroupe l’Australie, le Canada, la Nouvelle Zélande, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, se sont réunis à Ottawa la semaine dernière. Connus pour leur partenariat en matière de renseignement – au travers de l’alliance Five Eyes –, les cinq pays ont saisi cette occasion pour réaffirmer leur engagement conjoint dans la lutte contre le terrorisme.
Et cela passe, selon eux, par « une approche partagée de dialogue avec les fournisseurs de services de communication pour traiter la propagande et les activités terroristes en ligne ». Sans surprise, outre la diffusion publique de contenus, il est aussi là question du chiffrement.
Car pour les ministres et procureurs généraux impliqués, « le chiffrement peut sévèrement pénaliser les efforts de sécurité publique en empêchant l’accès légal au contenu de communications lors d’enquêtes sur des crimes sérieux, comme le terrorisme ». Un discours connu et régulièrement répété, tout récemment encore par les autorités allemandes, françaises, et britanniques.
Les ministres et procureurs généraux concernés assurent s’engager à « développer » leurs échanges avec « les entreprises technologiques et de communication pour explorer des solutions communes tout en préservant la cybersécurité ainsi que les libertés et les droits individuels ».
Le discours et la formulation rappellent étrangement ceux récemment tenus par la Commission européenne sur le même sujet. Et là encore, avec des tournures ménageant la chèvre et le chou, il peut-être tentant d’imaginer des acteurs politiques ayant compris le risque considérable que représenterait tout affaiblissement du chiffrement, mais qui ne souhaite pas donner une impression de renoncement après avoir adopté des postures martiales.