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Emulation x86 sur ARM : la menace à peine voilée d’Intel
Alors que Microsoft et Qualcomm préparent le lancement d’ordinateurs sous Windows animés par des processeurs ARM capables de faire fonctionner des applications x86, Intel agite le spectre de la propriété intellectuelle.
C’est au quatrième trimestre que sont attendus les premiers ordinateurs portables sous Windows 10 animés par le système sur puce Snapdragon 835 de Qualcomm. Des machines à base de processeur ARM qui devront être capables d’exécuter des applications x86 32 bits, par émulation. A la clé notamment, la promesse d’une autonomie record. Mais Intel ne semble pas entendre se faire couper l’herbe sous le pied sans réagir.
Le fondeur s’est ainsi fendu d’un éditorial, publié sur son site Web, vantant près de quatre décennies d’innovations autour des processeurs x86 et, en particulier, du jeu d’instructions correspondant. Dans ce texte, Steven Rodgers, vice-président exécutif d’Intel, souligne que le fondeur, dont il dirige le service juridique, « protège avec prudence sa propriété intellectuelle » liée à ces efforts. En particulier, il explique qu’il peut revendiquer un portefeuille de plus de « 1 600 brevets à travers le monde relatifs aux implémentations de ce jeu d’instructions ».
Dans ce que certains ne manqueront pas d’apprécier comme une menace à peine voilée, le fondeur assure avoir fait respecter avec vigilance, au cours des trente dernières années, « ses droits à propriété intellectuelle contre les violations par des processeurs tiers ». Et cela en particulier dans la jeunesse de son activité car, assure-t-il, les actions visant à faire respecter ces droits « n’ont pas été nécessaires dans les récentes années » parce qu’en somme, personne ne s’est aventuré sur le terrain de l’émulation x86.
A l’exception de Transmeta, fabricant des processeurs Crusoe et Efficeon, revendu à Novafora pour 256 M$ fin 2008. Intel ne manque d’ailleurs pas de le citer, soulignant avoir fait respecter ses brevets contre son implémentation du jeu d’instruction x86 alors même qu’il utilisait l’émulation. Et de rappeler que « Transmeta n’a pas rencontré de succès commercial et a quitté le marché des microprocesseurs il y a dix ans ».
Mais voilà, si la menace peut paraître lointaine, Intel n’apparaît pas serein et justifie son message en expliquant « qu’il y a eu des rapports selon lesquels certaines entreprises pourraient essayer d’émuler le jeu d’instructions x86 propriétaire d’Intel sans l’autorisation d’Intel ». Sans désigner nommément qui que ce soit.
Reste qu’il serait surprenant que Microsoft et Qualcomm n’aient pas pris la peine d’étudier le sujet de près. Et cela d’autant plus que le premier utilise déjà un émulateur de système x86 complet pour son Malware Protection Engine. Et ce n’est pas le seul. Et l’on pense bien sûr à Qemu, largement utilisé dans les bacs à sable de détonation et d’analyse de codes malveillants, dont celui de Lastline ou encore Cuckoo.