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NetApp rachète Plexistor, un pionnier du stockage en mémoire persistant
En mettant la main sur le système de fichier M1FS de Plexistor, NetApp s'arme pour tirer partie des technologies émergentes de stockage en mémoire persistante comme les NVDIMM-N à base de ReRam, de 3D XPoint ou de mémoire PCM.
La semaine dernière, NetApp a discrètement acquis la start-up israélienne Plexistor, l’un des pionniers du stockage en mémoire persistante, un rachat révélé lors de l’annonce des résultats trimestriels du constructeur.
Plexistor a été fondée par Amit Golander et Sharon Azulai, qui avaient précédemment travaillé sur le développement de NAS pNFS à hautes performances au sein de Tonian (une jeune pousse rachetée par Primary Data).
La firme a développé un système de fichiers à hautes performances capable de tirer parti des technologies de mémoire persistantes, telles que des barrettes NVDIMM à base de mémoire ReRam, PCM ou 3DXPoint ou des disques Flash NVMe.
Plexistor M1FS : un système de fichiers pour l’ère du stockage persistant
Le système de fichiers M1FS de la société a la particularité de contourner la pile I/O des systèmes d’exploitation et d’utiliser la nouvelle API pmem (Persistent Memory) mise en œuvre dans Linux et dans Windows (via la technologie Direct Access ou DAX).
En adressant le stockage persistant en mode page plutôt qu’en mode bloc, M1FS affiche une latence extrêmement basse par rapport aux systèmes de fichiers traditionnels (comme WFS, ZFS, BTRFS ou NTFS) et surtout, il offre une couche d’abstraction unifiée POSIX pour l’ensemble des supports de stockage d’un serveur, qu’il s’agisse de NVDIMM-N (des barrettes de stockage persistantes adressables en mode mémoire), NVDIMM-F (barettes adressables en mode bloc) ou des SSD NVMe.
Mieux M1FS embarque un ensemble de services transparents comme le tiering entre les différentes classes de stockage, ou la réplication synchrone entre plusieurs nœuds (en s’appuyant sur des cartes et commutateurs Ethernet RDMA à 100G de Mellanox).
Plexistor a pour la première fois communiqué sur sa technologie en 2015 et l’a mise en avant pour l’accélération des bases de données et applications Big Data du marché comme Hadoop, Spark, MongoDB, MySQL, Cassandra et même Oracle.
Un benchmark réalisé par le SOUG (Swiss Oracle User Group) a ainsi permis de montrer qu’un unique nœud Oracle déployé sur un serveur HP Proliant 350 G9 équipé de NVDIMM Intel/Micron pouvait délivrer 6,5 millions d’IOPS, soit deux fois la performance offerte par un cluster de deux nœuds Oracle RAC utilisant des disques Flash NVMe et la couche logicielle FlashGrid.
Un autre benchmark réalisé par Plexistor montre aussi que M1FS affiche des performances IOPS 4,5 fois supérieures à celles de XFS sur un stockage Flash interne et une latence 6,4 à 8,8 fois inférieure.
Plusieurs scénarios d’usage pour PlexiStor chez NetApp
NetApp n’a pas précisé ce qu’il entendait faire en mettant la main sur cette pépite israélienne. Mais les usages potentiels de M1FS par le numéro 3 mondial du stockage externe sont multiples. Tout d’abord, M1FS pourrait être utilisé comme une couche sous-jacente des OS de stockage de NetApp afin de fournir la technologie nécessaire pour gérer la mémoire persistante dans les contrôleurs des baies de stockage NetApp. Avec pour bénéfice, une accélération radicale des performances de ses baies.
Une autre application possible pourrait être l’incorporation de M1FS dans une pile de stockage hyperconvergée à très hautes performances (NetApp travaille justement au développement d’appliances hyperconvergées basées sur sa technologie de stockage distribuée SolidFire).
Enfin, NetApp pourrait continuer à vendre M1FS comme un produit autonome pour l’accélération des applications sensibles à la latence telles que les bases de données SQL et NoSQL ou les frameworks Big Data comme Apache Hadoop ou Apache Spark.
NetApp renoue avec la croissance, dopé par le stockage Flash
Notons que l’annonce intervient alors que NetApp vient de boucler son dernier trimestre fiscal 2017 sur un CA en forte hausse. Les revenus de la firme ont ainsi progressé de 7,3 %, à 1,48 Milliard de dollars, et ses ventes de systèmes 100 % Flash ont bondi de 140 %. Sur le trimestre écoulé, les profits de la société ont également progressé fortement à 239 M$ (+52 % sur un an).
NetApp est aujurd’hui solidement installé au second rang mondial des vendeurs de baies de stockage Flash, derrière EMC, et a indiqué que ses ventes Flash étaient désormais sur une trajectoire annuelle de revenu d’environ 1,7 Md$