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Clap de fin pour la famille Itanium d'Intel
Intel a discrètement annoncé le lancement des Itanium 9700 "Kittson" qui marquent la fin du développement de cette ligne de processeurs.Ces puces devraient être utilisées par HPE pour mettre à jour sa ligne de serveurs critiques Integrity lors du prochain HPE Discover en juin.
Salut l’artiste. Intel a discrètement annoncé la disponibilité de ses puces Itanium « Kittson » et publié sur son site les caractéristiques de ces processeurs (officiellement baptisées Itanium 9700). Les Itanium 9700, qui marquent la fin du développement de la ligne Itanium, devraient motoriser la toute dernière génération des serveurs Integrity IA64 d’HPE.
Kittson devait à l’origine révolutionner l’Itanium, avec un socket processeur compatible Xeon, une technologie de gravure moderne et un support des derniers standards de bus et de mémoire. La puce finalement lancée par Intel après une révision drastique de ses spécifications est très loin du compte. Elle reste en cela fidèle à 15 ans de tradition et illustre l’échec du fondeur à tenir ses engagements pour cette famille de processeurs, qui lors de sa création avait pour ambition de bouleverser le monde de l’informatique.
Itanium c’est en fait l’histoire de 15 ans d’errements et de gabegie chez Intel. Ambitieuse à l’origine, la firme n’a en fait jamais réussi à se départir de son attachement au jeu d’instruction x86 et a multiplié les erreurs techniques et stratégiques avec sa puce (voir à ce propos notre article en deux parties sur l’histoire d’Itanium : « Douche froide dans le monde Itanium : Intel revoit en profondeur ses plans pour Kittson »).
La débâcle Itanium, c’est aussi incidemment, celle de la division serveurs critiques d’HPE. Devenu dépendant du processeur d’Intel, HPE qui rêvait à l’origine de dominer le monde des serveurs Unix avec Itanium, n’a eu d’autre choix que d’enterrer ses ambitions et de voir ses parts de marchés reculer, un phénomène accéléré depuis 2011 par la trahison d’Oracle. Ce dernier a en effet annoncé l’abandon du support d’Itanium avant d’être contraint par un juge de respecter ses obligations contractuelles vis-à-vis d’HPE et de restaurer ce support. Trop tard, le mal était déjà fait.
Lors de la dernière publication détaillée des comptes de sa division serveurs critiques, en 2015, les ventes de machines Itanium d’HPE s’élevaient à 807 M$, en recul de 32% par rapport à 2013. Pour mémoire, cette même division affichait un chiffre d’affaires de 2,3 Md$ en 2010 et de 3,5 Md$ en 2008.
Itanium 9700 "Kittson" : 4 processeurs cadencés entre 1,73 et 2,66 GHz
L’arrivée de Kittson, cinq ans après le lancement de « Poulson » devrait permettre à HPE de doper modérément la performance de ses serveurs Integrity sous HP-UX et de prolonger un peu plus la vie de ces machines pour les clients fidèles à l’architecture de la marque.
Il ne devrait pas y avoir de miracles à attendre dans la mesure où ces puces sont gravées dans la même technologie 32nm que les Itanium 9500 « Poulson » - pour mémoire les dernier Xeon E5 v4, lancés mi 2016, sont fabriqués en 14nm - et dans la mesure où leur cache est identique aux modèles précédents.
Intel n’a a ce jour pas communiqué sur les améliorations apportées à cette famille, laissant vraisemblablement cette responsabilité à HPE qui devrait sans doute profiter du prochain HPE Discover de Las Vegas (du 5 au 7 juin 2017) pour en dire un peu plus. La seule caractéristique modifiée par rapport aux modèles équivalents de la gamme « Poulson » est un petit gain en fréquence de 5% pour les deux modèles haut de gamme.
Intel propose 4 processeurs « Kittson », cadencés entre 1,73 GHz et 2,66 GHz. Le modèle d’entrée de gamme, adapté aux serveurs denses et aux lames est l’Itanium 9720. Il dispose de 4 cœurs à 1,73GHz et intègre en standard 20 Mo de mémoire cache de niveau 3. Son TDP est de 130W. En milieu de gamme, Intel propose l’Itanium 9740 doté de 8 cœurs cadencés à 2,13 GHz. La mémoire cache de ce modèle est portée à 24 Mo et sa consommation atteint 170W.
Enfin, en haut de gamme, Intel propose les Itanium 9750 et 9760. Le premier est optimisé pour la performance par cœur. Il dispose de 4 coeurs cadencés à 2,53 GHz et de 32 Mo de cache. Il affiche un TDP de 170W. Le 9760 est le fer de lance de la famille avec huit cœurs cadencés à 2,66GHz, épaulés eux aussi par 32 Go de cache de niveau 3. Son TDP est également de 170 W. Il est à noter que dans les puces Itanium 9700, chaque cœur processeur supporte le multithread et permet de traiter deux threads en parallèle.
La firme n’a pas précisé les prix des Itanium Kittson, mais ces derniers devrait être logiquement similaires à ceux des précédents Itanium 9500 (entre 1350$ et 4650 $ par puce selon les modèles).
Quel avenir pour HP-UX et les serveurs critiques d’HPE ?
L’arrivée à son terme de l’aventure Itanium pose pour HPE la question du futur de son offre de serveurs critiques en mode scale-up, ainsi que celle du devenir de son OS Unix HP-UX. HPE a déjà annoncé le portage d’OpenVMS (l’héritier de l’OS des VAX) sur architecture x86, en collaboration avec VMS Software. Une version d’OpenVMS 9.x supportant les puces Xeon devrait être disponible en 2019. HPE a aussi porté son système d’exploitation à tolérance de pannes NonStop OS d’Itanium à x86.
Pour l’instant, le cas d’HP-UX n’est pas résolu. Jusqu’alors, la ligne officielle de la firme pour HP-UX a été que l’OS s’éteindrait avec sa ligne de serveurs Itanium (après une longue période de support et de maintenance qui devrait s’étaler a minima jusqu’en 2025). Pourtant des rumeurs ont récemment filtré au sujet d’un portage d’HP-UX sur architecture x86 ou du moins de la possibilité de faire tourner des workloads HP-UX sur serveurs x86. Ces rumeurs n’ont pour l’instant pas été confirmées par HPE et les responsables de la firme que nous avons pu interroger ont soigneusement éludé la question jusqu’à présent.
Si Itanium se dirige vers la sortie, HPE n’entend pas abandonner le marché des serveurs critiques. La firme a déjà investit le segment des serveurs SMP x86 avec son architecture Odyssey, qui lui permet aujourd’hui d’offrir des machines Integrity (les Integrity SuperDome X) à base de puces Xeon.
Elle a aussi récemment racheté SGI et ses technologies NUMA, qui lui permettent de proposer des serveurs x86 massifs. La gamme SGI UV permet ainsi de créer des systèmes NUMA comportant jusqu’à 256 processeurs Xeon E5-4600 et capables d’adresser jusqu’à 64 To de mémoire vive. À titre de comparaison, la gamme Integrity X d’HPE, fer de lance du projet Odyssey, supporte au maximum 16 processeurs Xeon E7 v4 et 24 To de mémoire vive.