OpenStack Summit : Openstack se mue en plateforme à idées
Le projet Open Source a passé une étape dans sa croissance et dans les cas d’usage et se retrouve choisi comme une technologie cœur pour porter des projets dits innovants, parfois hors du datacenter. Une plateforme granulaire à idées.
«Nous sommes à un point d’inflexion dans le Cloud ». C’est ainsi que Jonathan Bryce, le directeur exécutif de l’OpenStack Foundation a présenté le contexte dans lequel OpenStack évoluait et surtout avait trouvé sa place aux côté d’un cloud public de plus en plus chéri par les entreprises. Démarré en 2010, par des travaux conjoints de la Nasa et de RackSpace, OpenStack est désormais parvenu à atteindre un premier palier dans son cycle de vie et dans son évolution technologique en 7 ans.
Alors, l’heure est presque au bilan. En un an, le nombre de déploiements de Cloud Openstack a cru de 44%, révèle en effet Jonathan Bryce. Cinq millions de cœurs sont aujourd’hui gérés par OpenStack en production, lance-t-il, citant la dernière étude utilisateurs de la fondation.
Mais, s’il reste des améliorations à faire, constate-t-il – régler la complexité du projet en est une - , l’OpenStack Summit de Boston a permis de constater qu’OpenStack se cherchait un positionnement innovant, de moteur de projets numériques et d’applications Cloud.
« Les entreprises commencent à changer leur perception par rapport au Cloud public et réfléchissent davantage au Cloud privé managé à distance », explique encore Jonathan Bryce, vantant les mérites d’un cloud privé as-a-service. Il s’agit là de retrouver les mêmes spécificités qu’un Cloud public, mais auto-géré à distance, et en mode privé.
« Le Cloud privé est devenu un mot toxique dans les entreprises car cela est étroitement associé à l’échec », constate Boris Renski, le co-fondateur et directeur marketing de Mirantisé. D’ailleurs, la société a annoncé avoir scellé un accord mondial avec Fujitsu pour intégrer sa plateforme Cloud au hardware et aux services du Japonais pour faciliter justement les déploiements de ce dispositif.
« La plupart des entreprises en Europe est confrontée à cette hybridation complexe et demande donc des offres de services managés », commente Mathieu Poujol, en charge des activités Cloud et Infrastructures chez Pierre Audoin Consultants (Groupe CXP), présent lors de l’événement. « Les entreprises veulent conserver leur valeur et ne pas tout mettre dans le Cloud Public (NDLR, Cloud public qu’il qualifie de ‘nouveau mainframe’) ».
Interrogé sur la difficulté d’OpenStack à rivaliser avec un marché du Cloud public, Jonathan Bryce préfère écarter d’emblée cette notion de rivalité d’un revers de la main. Pour lui, « les entreprises disposent de plusieurs types de workloads et elles souhaitent mettre en place une stratégie multi-Cloud » et multi-environnements. Ainsi, OpenStack a sa place à tenir dans ce contexte.
Au-delà du datacenter
Lors de cet OpenStack Summit, nous avons pu constater que le monde des telcos était encore le segment porteur d’OpenStack. A l’image de la récente signature de l’opérateur mobile Vodafone avec Mirantis, d’Altice et de Deutsche Telekom, AT&T aux Etats-Unis, ou encore d’Ericsson – l’un des premiers gros clients de Mirantis.
Mais, « OpenStack n’est plus seulement dans le datacenter », a résumé Beth Cohen, une responsable de l’équipe technique de Verizon. L’opérateur a par exemple montré une box OpenStack qui sert d’endpoint auprès des utilisateurs. Si les entreprises se sont tournées vers le cloud public, il faut qu’elles considèrent OpenStack comme une technologie bien plus ouverte en termes d’usage.
Les cas d’usage autour de l’Edge Computing, qui consiste à apporter un brin d’intelligence au plus près de la génération des données – les réseaux de capteurs par exemple -, se montrent. « On a constaté que l’intérêt allait au-delà des télécoms, comme par exemple dans le retail », s’étonne d’ailleurs Jonathan Bryce. Dans son étude utilisateurs, la fondation explique que l’Internet des objets fait partie, pour 30% des répondants, des projets qui suscitent le plus d’intérêt.
« OpenStack est parvenu à s’immiscer dans des cas d’usage que le Cloud public ne pouvait pas tenir », constate encore Jonathan Bryce, soulignant le support d’IPv6 ou encore la virtualisation de fonctions réseaux (NFV) – le cas d’usage qui a évolué le plus rapidement dans les projets OpenStack.
Un changement de profil d’utilisateurs dont le directeur est conscient et qui nécessite de dé-complexifier la technologie pour accélérer ces déploiements d’un autre genre.
Une infrastructure granulaire plus universelle
Dans ce contexte, OpenStack pourrait bien être une solution pérenne et évolutive sur laquelle reposer ses workloads. « OpenStack apporte une forme de standardisation et d’industrialisation dans un monde où la notion d’écosystème est devenue inhérente. Les alliances sont devenues nécessaires », note d’ailleurs Mathieu Poujol. (PAC). Sans parler du verrou-vendeur et des releases imposées par les fournisseurs de technologies.
La fondation et ses membres entendent en effet faire d’OpenStack une infrastructure, granulaire et ouverte qui « ne soit pas qu’un Iaas, mais aussi une infrastructure à idées et pour l’innovation », a lancé Mark Collier, le COO de la fondation. Il parle d’une « Infrastructure composable et ouverte », taillée pour les applications dites Cloud Natives, qui s’adossent aux containers, aux micro-services et à Kubernetes. Socles de cette infrastructure, les projets OpenStack sont près de cinquante. Mark Collier voit d’ailleurs en OpenStack un ensemble de composants indépendants les uns des autres que l’on peut orchestrer et automatiser pour gérer différents types de workloads.
Lors d’une démonstration, Mirantis a présenté une application Cloud d’analyse de données Twitter, qui a été déployée en directe sur une infrastructure composée de Nova, Kubernetes, puis de Kafka, Spark et HDFS, le tout connecté aux APIs Twitter.
D’autres démonstrations portaient sur l’usage conjoint d’Ironic et de Cinder, et sur l’automatisation de création et de déploiement de containers.
« Les entreprises veulent s’extraire de leur socle monolithique, mais sans retomber sur les dérives antérieures qui ont siloté leur SI », explique un responsable de Dell EMC, interrogé par la rédaction, dans les allées de la conférence. « Celles-ci sont en fait à la recherche de solutions pour mettre en place des processus automatisés, des outils de développements agiles qui favorisent les mises à jour, et surtout souhaitent mieux contrôler leurs coûts », ajoute-t-il. Pas étonnant du coup que les projets de la communauté OpenStack autour des containers se multiplient et sont au centre des préoccupations des membres - pour 75% des répondants à l’étude utilisateurs de la fondation.
Mis à bout à bout, OpenStack pourrait bien être une porte de sortie pour les entreprises souhaitant, finalement, rapatrier, tout ou partie, leurs workloads après avoir été échaudées par le Cloud public.