DXC Technology : naissance d'un géant dont la transformation s'annonce douloureuse
Issu de la fusion de CSC et d'HPE Enterprise Services, DXC devrait passer les deux prochaines années à se réorganiser pour répondre aux enjeux de transformation de ses clients. Un processus qui s'annonce douloureux pour ses salariés.
DXC Technology, la nouvelle ESN née de la fusion de CSC et de la division Enterprise Service d’HPE, est officiellement née hier. Le projet de mariage entre les deux firmes a été annoncé en mai 2016. À l’époque, HPE et CSC avaient expliqué que leur union donnerait naissance à une société de près de 180 000 personnes réalisant près de 26 Md$ de chiffres d’affaires.
Un an plus tard, à l’occasion de sa première journée analystes, le tout nouveau DXC pèse 25 Md$ de CA et emploie un peu plus de 170 000 personnes dans 70 pays. Il est désormais la première ESN indépendante mondiale, derrière IBM, mais devant Accenture, Fujitsu, SAP Oracle, Cap Gemini, Atos ou TCS.
Selon son Président et CEO, John Michael Lawrie, la transformation numérique sera au cœur de l’activité de la nouvelle société. Comme l’explique le vice-président et directeur général Europe du Sud de DXC, Pierre Bruno, les métiers de CSC et HPE ES sont complémentaires : « CSC vient des métiers du conseil, c’est une grande part de notre CA, tandis qu’HPE vient des métiers de l’infogérance et de l’infrastructure ».
Deux sociétés aux histoires récentes compliquées
HPE Enterprise Services est né de l’acquisition par HP en 2008 d’EDS, pour 13,9 Md$. L’idée était alors de croître dans les services pour venir concurrencer le numéro un du secteur IBM.
Le scénario, malheureusement pour HPE et pour les employés de l’ex-EDS, a tourné au cauchemar. En 8 ans, HP a réussi le petit miracle de détruire la quasi-totalité de la valeur d’EDS, tout en accumulant les pertes dans les services. Lors du rachat d’EDS, les activités services combinées d’HP et EDS réalisaient un CA de 38 milliards de dollars (dont un peu plus de 21 Md$ pour EDS) et employaient 210 000 salariés. Lors de l’annonce du projet de fusion, le CA services d’HPE n’était plus que de 27,5 Md$ (dont environ 19,8 Md$ pour le seul périmètre HP Enterprise Services).
CSC de son côté a lui aussi mangé son pain noir. La firme a filialisé sa division services aux comptes publics nord-américains (près de 4 Md$ de CA) et l’a rebaptisée CSRA, avant d’en céder les parts à ses actionnaires. Au passage, CSC a considérablement maigri. Son chiffre d’affaires a reculé d’un tiers, à un peu plus de 8 Md$ lors de la séparation d’avec CSRA.
Depuis, la SSII a certes amélioré les marges des activités survivantes, mais elle a vu son chiffre d’affaires s’étioler. Lors de son exercice fiscal 2016, achevé le 1er avril, CSC a réalisé un revenu de 7,1 Md$ contre 8,1 Md$ l’année précédente (à périmètre égal). Pour mémoire, à périmètre égal, CSC affichait un CA de 9,7 Md$ en 2012.
Notons pour la petite histoire, que le mariage entre CSC et HPE ES est en fait celui de CSC et des restes d’EDS, deux des premières grandes SSII mondiales, nées à l’ère du mainframe (CSC a été créé en 1959 et EDS en 1962). Elles ont donc survécu à plus de 50 ans d’histoire informatique, un exploit dont peu de sociétés peuvent se prévaloir.
Une réorganisation qui s’annonce douloureuse
Selon les documents communiqués hier aux investisseurs, les deux années à venir n’offrent pas de perspective de croissance. Le nouveau DXC devrait poursuivre sa réorganisation sur deux grands axes.
Le premier est la réduction des coûts. Un objectif qui répond à la pression mise par les clients sur la réduction de leurs coûts d’exploitation. Le second est l’investissement dans les nouvelles technologies et la transformation numérique, afin de répondre, là encore à la demande des clients.
Le premier objectif n’augure rien de bon pour les salariés du nouveau DXC dans les pays occidentaux. Dans les trois prochaines années, DXC entend réaliser un milliard de dollars d’économies sur ses dépenses de personnels tout en portant la part de ses effectifs dans des pays à bas coûts de 50 % aujourd’hui à 75 % d’ici à 2019.
Si l’on s’appuie sur les coûts de restructuration précédemment affichés par HPE, cela veut sans doute dire qu’entre 25 000 et 35 000 salariés devraient faire les frais de la réorganisation à marche forcée dans les pays occidentaux d'ici 2020.
Dans le même temps, la société devrait embaucher entre 20 000 et 30 000 salariés dans les pays à bas coûts.
Côté infrastructure, la consolidation sera encore plus radicale. Le nombre de bureaux devrait passer de 353 dans le monde aujourd’hui à 173 d’ici à la fin 2018, tandis que le nombre de centres de livraison passera de 196 à 117. Dans le même temps, le nombre de datacenters opérés par DXC passera de 91 à 65.
DXC entend devenir un champion de la transformation numérique
Le second objectif est plus optimiste. Afin de s’adapter à l’évolution de la demande, CSC entend développer ses expertises métiers et investir dans les secteurs en croissance comme la mobilité, le Big Data, les applications Cloud, la sécurité, mais aussi dans les services Cloud (IaaS, SaaS, PaaS).
Déjà, le nouveau DXC est le premier partenaire mondial d’Azure et l’un des grands partenaires d’Amazon AWS. Il a aussi une expertise poussée sur des offres SaaS comme celles de WorkDay, SalesForce, Service Now, etc.
Selon John Madden, en charge des services pour le cabinet d’analystes Ovum, « DXC Technology, en tant que pure player sur le marché des services peut s’appuyer sur l’historique d’HPE ES et de CSC en matière de cloud, de sécurité, de services applicatifs, de mobilité et de BPO dans de multiples secteurs auprès de clients qui sont à des stades variés de transformation ».