Nouveau virage : Progress entre dans l’ère des applications cognitives
L’éditeur d’OpenEdge rachète la société DataRPM pour dévoiler un premier pan de sa stratégie tournée vers le développement d’applications cognitives. Progress cible le marché de la maintenance prédictive pour l’IoT industriel.
Progress Software structure son énième changement de cap. Le spécialiste historique des outils de développement, éditeur de l’emblématique OpenEdge, vient d’annoncer le rachat de la société DataRPM, pour quelque 30 millions de dollars. Mais ce n’est pas une acquisition comme à considérer comme une autre : ce rachat vient traduire concrètement le nouveau positionnement de Progress. Outre ses activités cœur, l’éditeur veut désormais devenir un acteur du développement applications dites cognitives, où se mêlent Machine Learning, flux de données hétérogènes, IoT et Big Data. Dont acte.
Un long parcours chaotique
Il faut préciser que Progress n’en ait pas à sa première transformation interne. La société peine en effet à retrouver sa vitesse de croisière depuis des années, comme freinée par une stratégie d’acquisitions tout azimut venue du passé.
La société s’était en effet construit sur une succession de rachats pour étendre son empreinte sur plusieurs marchés, avant de faire machine arrière et se recentrer sur son cœur historique : OpenEdge, le développement, la mobilité et les données. Un écrémage de son portefeuille et une structuration de la société autour de trois activités avaient été ainsi mis en place.
La société, notamment sous l’impulsion de Phil Read, le CEO de l’époque, avait par exemple étayé cette stratégie avec le rachat de Telerik dans le développement d’applications mobiles, ou encore le développement du Paas Pacific (qui s’adosse notamment sur Rollbase).
En mai 2016, Progress avait une nouvelle fois ajusté son positionnement. Porté encore par Phil Read, la société avait mis en avant son concept de DigitalFactory pour accélérer la transition des entreprises vers le numérique, et, selon la société, briser les silos qui existe entre l’IT, les développeurs et les métiers (surtout le marketing).
Seulement voilà. Cette vision de Phil Read aura été de courte durée. Car le CEO a quitté ses fonctions quelques mois après l’annonce de cette stratégie. En octobre 2016, la nomination de Yogesh Gupta est officialisée.
L’arrivée de ce cadre, ex-président et CEO de Kaseya qui est aussi passé chez Oracle, est ainsi associée à une nouvelle orientation : celle des applications cognitives. Il s’agit là de faire infuser le cognitif, le Machine Learning et le prédictif, dans l’offre de Progress – et notamment dans OpenEdge. Un virage qui a par ailleurs entraîné la mise en place d’un plan visant à réduire 20% de l’effectif mondial de la société.
D’où aujourd’hui l’acquisition de DataRPM. Cette société est en fait spécialisée dans la maintenance prédictive pour le segment très porteur de l’internet des objets industriel. Elle compte parmi ses clients de grands noms, comme Jaguar Samsung ou encore Mitsubishi Heavy Industries qui s’appuient sur les technologies de DataRPM pour anticiper, prédire et donc éviter toute forme de pannes des installations et des équipements, installés dans les usines.
La maintenance prédictive pour l’IoT industriel, un premier volet
Avec DataRPM, Progress met donc en musique un premier pan de sa stratégie liée aux applications cognitives. La maintenance prédictive dans l’IoT est la porte d’entrée de la société dans le cognitif. « Les applications cognitives ont une portée très étendue. Pour choisir le domaine d’application que nous souhaitions cibler, nous avons analysé notre base de partenaires ISV », résume Yogesh Gupta, lors de la publication des résultats du premier trimestre de la société. Résultat, « près de la moitié des partenaires OpenEdge disposent d’une application ERP pour le manufacturing, ce qui nous offre une forte présente dans ce domaine et dans le secteur industriel », explique-t-il, comme le révèle un transcript de la conférence. La maintenance prédictive a ainsi été choisie comme « le premier domaine » ciblé par les fonctions cognitives de notre plateforme. Un marché qu’il estime d’ailleurs à 1 milliard de dollars.
Si Progress avait certes débuté les développements de ses composants cognitifs, DataRPM vient ajouter la brique manquante à l’ensemble : le Machine Learning – motivation première du rachat de DataRPM, note encore le CEO.
Les outils de cette société seront donc progressivement fondus dans les produits de Progress dont OpenEdge. Des ressources par famille de produits ont été allouées pour ce projet. Les outils de DataRPM poursuivront également leur vie au sein de Progress, promet encore le CEO, qui évoque également le fait d’en étendre la portée à d’autres industries.
Ce rachat de DataRPM doit enfin alimenter la stratégie en cours de Yogesh Gupta, et relancer la croissance de Progress. Au premier trimestre 2017, la société a publié un chiffre d’affaires en hausse de 2%, à 91 millions de dollars. Presqu’étal. Mais côté bénéfices, la société est dans le rouge, et affiche une perte nette de 525 000 dollars, contre un bénéfice net de 3,2 millions il y a un an. La hausse du dollar a eu certes des effets négatifs sur les comptes de Progress qui facture un tiers de ses activités hors des US.