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Cisco mise sur Spark pour doper son offre de communications unifiées
Initialement conçu pour la messagerie unifiée, Spark s'est progressivement enrichi de fonctions complètes de collaboration et de communications unifiées. Présentée comme l'avenir de la collaboration chez Cisco, l'offre Spark s'enrichit désormais d'une de terminaux de conférence.
Historiquement, Cisco a concentré ses efforts autour de la collaboration sur trois grands axes. La téléphonie IP avec son offre de Call Manager, la visioconférence d’entreprise avec des solutions comme Telepresence, et la collaboration en temps réel via ses offres hébergées WebEx.
Confrontée au réveil de ses concurrents traditionnels tels que Mitel ou Alcatel, mais aussi à la montée en puissance de Microsoft et de nouveaux entrants comme Slack, Cisco mène depuis près de deux ans un travail intense de refonte de son offre de collaboration.
L’objectif du géant est de proposer une solution clé en main, largement disponible en mode SaaS capable de fédérer des capacités jusqu’alors proposées de façon disparates. Cette solution de collaboration et de communications unifiées de nouvelle génération a pour nom Spark. Elle est proposée sur tout type de plate-forme fixe (Mac et PC), mobile (Android, IOS) ou web. A terme elle a sans doute vocation à remplacer les autres offres de collaboration de Cisco, même si pour l'instant, le cosntructeur continue de vendre ses offres Cisco Unified Call Manager (CUCM) et Jabber à ses clients en parallèle de Spark.
Spark : d’un service de réunion à une plate-forme complète de collaboration
Lancé officiellement en mars 2015 lors de la conférence Enterprise Connect, Spark est le fruit d’un projet qui visait initialement à proposer une application d’espace collaboratif en mode SaaS, le « Projet Squared ». Dans sa première version, Cisco Sparc permettait à des groupes d’utilisateurs de créer des salles de réunion virtuelles en mode ad hoc afin d’échanger et collaborer (via messages, partage de fichiers et de documents, partage d’écran et visioconférence).
Progressivement, Cisco a fait évoluer Spark pour en faire le cœur de son offre de communications unifiées, ce qui place la firme sur une trajectoire de collision avec Microsoft Office 365 E5, mais aussi avec des solutions équivalentes comme celle de Mitel. Cisco a notamment ajouté des fonctions de PABX en cloud afin de permettre à la plate-forme d’initier des appels voix et vidéo et a aussi intégré les passerelles nécessaires pour effectuer des appels ou des conférences via le réseau téléphonique traditionnel (RTC). Cisco a enfin enrichi Spark pour lui permettre d’interagir avec des dispositifs de visioconférence d’entreprise et a enrichi le service d’une API riche, afin de permettre à des développeurs tiers ou aux entreprises clientes, d’interfacer leurs applications avec Spark.
Cisco positionne désormais Spark non plus comme un service, mais comme une plate-forme de collaboration et de communication en cloud. Alors que les fonctions d’Office 365 reposent sur des versions privatives et hébergées d’instances Skype for Business (ex-Lync), Spark s’appuie sur une plate-forme cloud multitenant assez similaire à celle que pourrait exploiter un grand opérateur. Dans un environnement d’entreprise, Spark s’intègre avec l’existant Cisco des clients. S’appuyant sur le protocole SIP, Spark Il peut par exemple s’interfacer avec un call Manager Cisco pour piloter les fonctions de téléphonie en place.
Pour l’instant, Cisco supporte son propre Cisco Unified Communications Manager et les solutions de téléphonie Cisco Business Edition 6000 et 7000. Le service s’interface aussi avec les services de communications UCaaS (Unified Communication as a Service) des opérateurs partenaires du constructeur (dont Orange Business Services). Avec ces plates-formes, il est par exemple possible de passer d’un appel traditionnel à une conversation Spark ou de prendre un appel téléphonique entrant directement depuis le client Spark (fonction dite Call Service Connect).
Spark peut aussi s’intégrer avec des services applicatifs ou avec des agents intelligents délivrés par des tiers. C’est par exemple le cas avec les services cloud de gestion de projets et de tâches de la start-up bordelaise Azendoo (pour citer un exemple français). Spark s’intègre aussi nativement avec les services de Box, DropBox, GitHub, Salesforce ou Zendesk et avec des applications comme Afresco, CodeShip ou JenKins.
L’API de Spark permet aussi à une entreprise d’enrichir l’outil avec des services additionnels sur mesure. Chez Cisco, par exemple, Spark est intégré avec un « ChatBot » permettant de trouver en quelques secondes une salle de réunion disponible, explique Eric Greffier le patron de la division entreprise de Cisco. Son développement a pris une journée. Cisco propose d’ailleurs un catalogue de Bots pour Spark (dont des bots de traduction) sur son portail web Cisco Spark Depot
Une offre commercialisée de façon modulaire
Si l’on exclut l’offre de base gratuite destinée aux TPE et aux particuliers, Spark est disponible en trois grandes versions pour les entreprises :
- L’offre M1 (M pour Messages and Meetings), centrée sur la messagerie instantanée d'entreprise est une alternative à un service comme Slack et permet à un groupe de travail d’échanger à la volée par chat. Elle permet également à un utilisateur de faire de l’audioconférence et de la visioconférence IP avec un maximum de trois autres participants). Elle est vendue en ligne au prix de 12 $ par mois et par utilisateur.
- L’offre M2 porte les capacités de réunion à un maximum de 25 utilisateurs simultanés par réunion,
- L’offre M3 étend à 200 la limite du nombre de participants simultanés à une réunion et ajoute également les fonctions de WebEx et des capacités de planification de réunion.
En plus de ces offres, Cisco facture en option les services de Spark Call qui fournissent des capacités d’appels téléphoniques vers l’extérieur. L’offre intégrée comprenant des appels téléphoniques vers l’extérieur en mode hébergé n’est pas commercialisée en France sans doute pour éviter de facher les opérateurs comme l'a fait Microsoft avec Office 365 E5 (aux US elle est vendue environ 16 $ avec un forfait d’appels). Cisco commercialise en revanche en France l’offre hybride permettant à un client existant de coupler Spark avec son propre Call Manager ou avec les services de téléphonie d’un opérateur utilisant une infrastructure Cisco ainsi que la connexion de terminaux de conférence de groupe.
Notons que pour les entreprises, l'offre hybride inclut les licences pour déployer le service Hybrid Media Service, qui tout en laissant à Spark la gestion du contrôle des sessions d’audio et visioconférence, permet de déployer des ponts de visioconférence virtualisés dans l’entreprise (ce qui permet de maximiser la qualité de service en maintenant les visioconférences sur le réseau local). Chaque pont se déploie sous la forme d'une VM et peut gérer une grosse cinquantaine de participants sur un serveur moderne.
Spark Board, un terminal interactif emblématique des capacités de Spark
Afin d’accélérer l’adoption de Spark, Cisco s’est aussi lancé dans le développement d’une nouvelle génération de terminaux interactifs permettant de tirer parti de l’ensemble des capacités du service. Le dernier né de ces terminaux est le Spark Board. Cet écran tactile interactif de 55 pouces de diagonale marie les fonctions d’un tableau blanc électronique et d’un système de visioconférence pour un petit groupe de travail (d’une dizaine de personnes). Il sera rejoint dans le courant de l'année par une version 70 pouces.
Dévoilé en janvier à San Francisco et lancé dans nos contrées en mars, le Spark Board est un terminal impressionnant. Il dispose d'une résolution d’affichage de 4K, embarque une caméra panoramique et une douzaine de micros avec un traitement de signal avancé permettant d’assurer une excellente qualité sonore, quel que soit l’emplacement des locuteurs dans la salle. L’écran est « multitouch » et est aussi fourni avec un stylet ,afin d’annoter les contenus affichés. L’ensemble est motorisé par des puces ARM 64bit Nvidia (plate-forme Jetson TX1) dont la performance permet de gérer l’ensemble des fonctions du tableau sans latence (la puissance est en principe largement suffisante pour enrichir à terme les fonctions de l’écran).
Doté d’une interface rappelant celle d’un iPad, Spark Board permet d’utiliser tous les services de Spark (audio et visioconférence, partage de document, tableau blanc…). Surtout l’écran peut être utilisé de façon simple comme écran de projection depuis un iPad ou un ordinateur portable. Le client Spark sur ces équipements reconnaît la présence du Spark Board et il est possible comme on peut le faire avec Airplay ou avec Google Cast de déporter le contenu de l’écran d’un terminal portable sur le Spark Board. On peut ainsi basculer en un clic de l’écran d’une tablette à celui du Spark Board et vice versa.
Lors d’une démonstration effectuée au siège de Cisco France, LeMagIT a pu voir l’équipement en œuvre. Le moins que l’on puisse dire est que sa simplicité d’utilisation est bluffante. Cisco a pris soin de créer une expérience utilisateur conviviale pour sa tablette murale et cela se voit.
Spark Board est commercialisé au prix de 4990 $, un prix auquel s’ajoute une souscription mensuelle au service Spark. À titre de comparaison, Microsoft propose un terminal similaire avec son écran interactif Surface Hub. Mais ce dernier est proposé au prix de 8500 € en version 55 pouces soit près de 80 % plus cher que la solution de Cisco.
Bref, le Spark Board pourrait être le terminal emblématique dont avait besoin Cisco pour faire la démonstration de la pertinence des bénéfices de Spark à sa base installée CUCM/Jabber.