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Platform.sh veut rebattre les cartes du Paas
La société propose une technologie de Paas qui clone un environnement de production en quelques secondes et l’installe dans un cluster de conteneurs Linux pour les phases de développement et de tests. Une approche du « NoOps ».
Ils occupent une pépinière très lumineuse de San Francisco dédiée à l’élaboration d’outils pour les développeurs, et imaginée par le fondateur d’Heroku. La société française Platform.sh est aujourd’hui présente aux Etats-Unis, où elle mitonne son Paas de deuxième génération, alors même que la première génération de ces plateformes Cloud commence à éclore.
Platform.sh n’est pas une société nouvelle. Elle est née chez Commerce Guys, qui éditait Drupal Commerce, un socle Web de plateforme eCommerce, avant de prendre son envol dans une entité dédiée suite à un rachat. La société a déjà levé 11 millions de dollars et a fait partie d’un programme de R&D de la Commission européenne, qui lui ont permis d’engranger 2 millions supplémentaires. Plus récemment, la société a également gagné le concours de l’innovation numérique de BPI France, récoltant 1,1 million au passage.
Il faut dire que Platform.sh met en avant une technologie de Paas dont la vocation est de rompre avec les cycles traditionnels de développement et de mise en production. Pour cela, « Platform.sh est capable de cloner en moins d’une minute un environnement en production », résume en substance Frédéric Plais, le CEO de la société. Un clone juste dans lequel sont également intégrées données et infrastructure. Chaque composant de ce clone est ensuite distribué sur un cluster qui s’adosse lui-même à des conteneurs Linux (LXC). Chaque composant restant isolé dans un conteneur. Grosso modo, la plateforme emprunte les mécanismes bien connu de Git (sur lequel il s’appuie d’ailleurs) et supporte plus de 200 technologies liées au monde Linux, dont PostgreSQL, MySQL, Kafka, Ceph, ZooKeeper, Redis, SolR, Elastic Search, MongoDB et RabbitMQ. Ce principe permet également de provisionner autant d’environnements de développement que nécessaires pour un projet Web collaboratif.
« Les nouvelles fonctions peuvent être appliquées sur ce cluster, le site original est conservé en production. Une fois les tests finalisés et stables, on bascule », commente le CEO. La plateforme supporte AWS à l’origine, mais s’est aussi ouvert à Microsoft Azure, et Cloudwatt / Orange Business Services..
Du DevOps ou NoOps
Evidemment, en rapprochant ces environnements de tests et de pré-production de la production, Platform.sh vient retirer une épine du pied des équipes de développements : celle du très tendance DevOps. En raccourcissant le parcours, et simplifiant la démarche de tests et de développement ou ajustement de fonctionnalités d’un site, Platform.sh rapproche aussi la matière première (ici le site) des développeurs. Sans autre intermédiaire.
C’est ainsi le cas de Magento, l’éditeur de la plateforme de e-commerce, qui a décidé de faire de Platform.sh le front-end de son offre Enterprise Cloud Edition. En gros, le Paas sert de support technologique aux utilisateurs pour le développement de leur service en ligne. Si logiquement un responsable de Magento évoque « une augmentation de l’agilité et de la productivité des développeurs », on remarque qu’il y voit aussi un gain dans la logique métier de ses utilisateurs. En raccourcissant les phases de dev/test/mise en production, un client de l’offre Enterprise Cloud Edition a pu corriger son site pour limiter le taux d’abandon et optimiser le panier moyen des utilisateurs achetant sur son site.
Suivant ce principe, la société a aussi séduit les sociétés Seloger.com pour la France, mais aussi Valrhona ou Chronopost International – pour n’en citer que certains. Proche historiquement du monde PHP (Platform.sh servait de socle à Drupal Commerce, rappelons-le), le Paas Platform.sh a très récemment été choisi par SensioLabs, qui développe le framework PHP Symfony, pour servir de moteur à SensioCloud, un Cloud optimisé pour justement ce framework.