Microsoft dévoile deux serveurs ARM et porte Windows Server sur ARM
A l'occasion de l'Open Compute Summit, Microsoft a présenté deux serveurs à base de puces ARM Qualcomm et Cavium. L'éditeur en a profité pour révéler le portage de Windows Server sur architecture ARM.
À l’occasion de l’ Open Compute Summit qui se tenait ce mercredi et ce jeudi à Santa Clara, en Californie, Microsoft a montré les dernières innovations serveurs développées dans le cadre de son projet de datacenter open source, le projet Olympus. Et le moins que l’on puisse dire est qu’Intel n’a qu’à bien s’accrocher dans les mois à venir, puisque deux des grandes nouveautés montrées par Microsoft étaient des serveurs OCP à base de puces ARM (Qualcomm et Cavium) et une machine à base de processeurs serveur AMD Naples.
Pour Intel, le message est clair. Le fondeur ne peut pas se reposer sur ses lauriers et surtout, il ne pourra plus impunément continuer à augmenter le prix de ses processeurs, la concurrence se faisant de plus en plus agressive chaque jour.
Microsoft porte Windows Server sur processeurs ARM
L’annonce qui a suscité le plus d’intérêt est évidemment que Microsoft travaille activement sur des serveurs ARM. Car qui dit serveurs ARM chez Microsoft, dit forcément déclinaison ARM de Windows Server pour les faire tourner.
Cette adaptation de Windows Server sur ARM était attendue. Depuis que l’éditeur a clairement séparé son noyau de ses frameworks applicatifs, Windows Server est devenu éminemment portable. Microsoft avait mis un premier pied sur ARM en 2011 avec le portage de Windows 8. Plus récemment un important travail a été réalisée lorsque la firme a porté une version réduite Windows 10 sur plate-forme ARM pour ses besoins dans le monde client (tablettes Surface, notamment) et dans le monde de l’IoT. Par ailleurs Microsoft a récemment annoncé le portage complet de la dernière mouture de Windows sur la plate-forme cliente de Qualcomm.
Le portage de la version Server n'était donc qu'une question de temps et d'opportunité. Elle vient d'être trouvée avec la décision de Microsoft d'utiliser des plates-formes serveurs ARM dans ses propres datacenter. Toutefois, Microsoft ne semble pas encore prêt à diffuser cette version de son OS auprès de ses clients, préférant la réserver à son usage interne. Il est vrai que l’architecture ARM n’en est qu’à ses débuts dans le monde serveur et qu’à ce jour, l’adoption reste confidentielle dans les entreprises.
Microsoft officialise sa collaboration avec Qualcomm et Cavium
Concrétement Microsoft montrait sur son stand une version fonctionnelle de son système d’exploitation serveur tournant sur des serveurs motorisés par des puces ARM 64 bit Centriq 2400 de Qualcomm et ThunderX2 de Cavium. Les deux serveurs s’appuient sur la spécification standard SBSA. Définie par ARM et ses partenaires, elle normalise les firmware, le boot la gestion des I/O et de la virtualisation, etc. Un même OS peut ainsi facilement supporter des plates-formes motorisées par différents processeurs ARM.
Le Centriq 2400 est la première puce serveur de Qualcomm, un acteur historiquement connu pour ses SOC ARM pour mobiles. Gravé en 10 nm, ce processeur embarque 48 cœurs « Falkor » dérivés des cœurs A57 d’ARM. Il dispose aussi de tous les atouts d’un SOC complet. Il intègre ainsi ses propres contrôleurs PCIe et mémoire, ainsi que des contrôleurs disques et Ethernet). Selon Qualcomm, il devrait être disponible dans le courant du second trimestre 2017.
Le ThunderX2 est quant à lui la deuxième génération de puces serveurs de Cavium. La puce a déjà été choisie par Atos pour le projet Mont-Blanc et sélectionnée par Cray pour ses supercalculateurs ARM. Gravée en 14 nm, elle peut accueillir jusqu’à 54 cœurs 64 bit maison. Son bus d’interconnexion cohérent (qui permet de maintenir le cache consistant entre deux CPU) permet de la mettre en œuvre dans des configurations serveurs biprocesseur.
Les puces ThunderX2 pour serveurs (ThunderX2_CP) incorporent six contrôleurs mémoire DDR4 et peuvent gérer jusqu’à 3 To de mémoire DDR4 ECC à 3,2 GHZ (sur un système bisocket). Elles embarquent aussi des contrôleurs pour supporter plusieurs ports Ethernet à 100 Gbit et intègrent de multiples accélérateurs matériels pour la virtualisation, le stockage, le réseau et le chiffrement.
Microsoft entend utiliser ses serveurs ARM pour ses propres besoins de cloud et notamment pour son moteur de recherche Bing, pour ses services analytiques et ses applications de machine learning et d’IA. Pour l’instant en revanche, la firme n’a pas l’intention de proposer de plates-formes ARM pour ses services IaaS d’hébergement de VM.