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ESN : l’alsacien Digora se renforce dans le Cloud
L'évolution est symptomatique du marché des ESN françaises face à des clients « Cloud ready » et adeptes de partenaires locaux. En modifiant son capital, Digora se dote d’une expertise complémentaire dans l’infrastructure et pourra se concentrer sur son activité « Cloud Broker ».
L’heure est au Cloud pour les ESN françaises. Pas par effet de mode, mais parce que les clients locaux le demandent de plus en plus.
La volonté d’externaliser une IT qui n’est plus considérée comme leur cœur du métier, l’envie de bénéficier d’une puissance et d’une flexibilité nouvelle, ou encore l’avantage de comptabiliser les investissements informatiques en Opex (frais opérationnels récurrents) et non plus en Capex (immobilisations à amortir sur plusieurs années) sont quelques facteurs qui expliquent le mouvement.
Mais les PME et ETI françaises ont aussi une autre exigence : celle ne pas confier la gestion de l’IT à de grands groupes (AWS, Microsoft ou Google) pour qui elles ne sont que de « petits » clients.
Une aubaine pour des ESN « locales » qui s’adaptent à cette nouvelle donne. La société bordelaise Cheops en est un parfait exemple avec l’ouverture de son IaaS en janvier. L’alsacienne Digora le confirme cette semaine à l’occasion d’une évolution de capital.
Spécialiste de de la gestion des données, Digora avait déjà une bonne expertise de l’infrastructure. Mais déployer des Clouds privés ou hybrides, ou gérer du multicloud, a mis à jour la nécessité stratégique de se renforcer encore plus dans ce domaine.
« Les mentalités des clients évoluent. Il y a de plus en plus de demande pour aller vers le Cloud, que ce soit pour les applications – comme les ERP – ou pour les bases de données », confirme Olivier Bourgeois, Responsable Marketing & Communication de Digora, dans un échange avec LeMagIT. « Ils ne veulent pas être 100% Cloud, mais ils souhaitent y aller. Même sur des systèmes critiques ».
Les barrières tombent donc. A condition, bien sûr, d’avoir une offre technologique qui colle aux exigences des clients. D’où, cette semaine, l’entrée au capital de Digora d’un pur expert de l’infrastructure et de la sécurité : EBRC (acronyme d’European Business Reliance Centre).
« En ce qui concerne les opportunités dans le monde du cloud, la tendance à l’externalisation et l’hybridation s’affirme […]. La conjonction des offres Digora et EBRC dans une solution de bout en bout de très haute performance […] assure aux clients de mieux appréhender les opportunités de la transformation numérique », affirme l’ESN.
EBRC n’est pas l’acteur le plus connu du secteur. Mais justement, serait-on tenté de dire. « Nous avons ouvert une filiale au Luxembourg il y a un an et demi. C’est là que l’on a rencontré EBRC (NDR : qui est basé dans le Grand-Duché) et qu’on a appris à les connaître », raconte Olivier Bourgeois. « C’est un acteur qui a de très fortes compétences et qui a une taille humaine. Ils nous ressemblent beaucoup ».
Avec cette prise de participation minoritaire, l’ESN alsacienne se dote donc d’un nouveau partenaire complémentaire, avec d’un côté une expertise en matière de performance des environnements de données et infogérance d’applications métiers (Digora), et de l’autre une expertise dans la cybersécurité, le pilotage d’infrastructures informatiques critiques et l’exploitation de data centres certifiés Tier IV (EBRC).
« Nos axes de développement stratégiques autour de l’hébergement et des Services Managés de plates-formes critiques de nos clients grands comptes et ETI se voient renforcés » se félicitent Renaud Ritzler et Gilles Knoery, fondateurs de Digora – qui restent actionnaires majoritaires, sauf pour la filiale Luxembourgeoise.
Cette alliance permettra aussi à l’ESN de recentrer ses ressources pour développer ses activités de courtier en services Cloud (comparateur, négociateur et intégrateur de Clouds) en lien avec les grands fournisseurs de Clouds publics (Oracle Cloud, Microsoft Azure, Amazon AWS, etc.). Une autre demande croissante des PME et des ETI françaises.
EBRC revendique un chiffre d’affaires de 70 millions d'euros pour 200 collaborateurs. Digora affiche un revenu de 21 millions pour 110 salariés. L’entrée d’EBRC a permis à Euro Capital, société de capital-investissement du groupe Banque Populaire, de sortir du capital de l’ESN qu’il accompagnait depuis 2012.