Orange Business Services veut être un acteur mondial des Smart Cities
Le groupe décroche un contrat de plusieurs millions au Qatar, mais peine à voir éclore de projets d’envergure en France.
Avec un démarrage poussif en France, Orange a bien l’intention d’être un acteur international dans les domaines des villes et des territoires intelligents (Smart Cities et Smart Territories), a confirmé Thierry Bonhomme, le directeur général adjoint de Business Orange Services, la bras Entreprise de l’opérateur. Pour illustrer cela, le groupe a annoncé avoir gagné un contrat de « plusieurs dizaines de millions de dollars », avec la ville de Doha au Qatar. Il s’agit de « l’un des seul quartiers intelligents au monde entièrement intégré ». Tout un symbole pour Orange. Le groupe a l’ambition, d’une part, de se positionner sur le secteur des Smart Cities, qui constitue un cas d’usage concret des technologies de l’Internet des objets – un secteur sur lequel Orange a déjà avancé ses offres. Et d’autre part, l’opérateur souhaite grappiller les parts d’un juteux marché en progression de 23% par an et qui doit atteindre quelque 757 milliards de dollars en 2020.
Orange Business Services y voit donc l’occasion d’y distiller une partie de son expertise historique, la connectivité (le groupe a déployé un vaste réseau Lora), et ses activités liées à la collecte et l’intégration des données, les applications (OBS a créé en 2014 une entité dédiée aux applications) et enfin la sécurité (avec notamment le rachat d’Atheos). D’ailleurs pour Thierry Bonhomme, ce sont là des briques communes, car d’un point de vue général, les projets de Smart Cities et IoT suivent une démarche très spécifique. Orange dispose d’une structure technologique avancée, mais peu de processus sont aujourd’hui industrialisés. Difficile de calquer un cas d’usage sur un autre. Orange se présente donc comme un intégrateur agnostique, rappelle Thierry Bonhomme. ll s’adosse donc à un écosystème de partenaires (grands groupes ou start-ups).
Comme c’est le cas de ce vaste projet au Qatar, qui aujourd’hui semble très éloigné des préoccupations des villes françaises. Ce projet, qui vise à moderniser le quartier historique Msheireb Downtown Doha, a nécessité le déploiement de 500 000 capteurs et le développement d’applications verticales.
« Nous avons développé un centre de commande, qui supervise les équipements du site (elle cite la gestion technique du bâtiment, gestion des parkings, vidéo surveillance, NDLR), les capteurs et verticaux métiers », précise Delphine Woussen, Directrice Smart Territories chez Orange Business Services. « Ces capteurs envoient des données à des agents en temps réels pour mieux gérer les crises, réaliser de la maintenance préventive, fluidifier les évents du quartier, comme les événements commerciaux et culturels. Ce dispositif est également relié à un affichage dynamique pour envoyer des messages aux usagers. »
OBS, associé à un partenaire local (Meeza) a aussi supervisé la mise en place d’un portail pour diffuser des informations institutionnelles et sur le quartier et sur lequel les habitants peuvent déclarer des incidents et faire appel à des prestataires.
Mais ce gros contrat au Qatar n’est qu’un exemple de la présence d’OBS à l’international dans les Smart Cities, rappelle encore Thierry Bonhomme. D’autres sont en cours au Moyen-Orient, en Inde (pour la construction d’une autoroute numérique) et en Afrique. Pour l’heure, OBS n’indique pas le poids que pèse les Smart Cities et Smart Territories en France ou à l’international.
Peu de grands déploiements en France
Mais pour OBS, l’international est aujourd’hui un moyen de se positionner fermement sur ce secteur, alors qu’en France, les projets peinent encore à voir le jour, ou patinent - freinés par les budgets contraints des collectivités. « Nous allons au rythme des villes elles-mêmes », constate Delphine Woussen.
Si certes des dossiers de déploiement à grande échelle sont en cours – elle cite la ville de Dijon ou encore le Grand Paris – il apparait que les projets sont plus ciblés. « En France, les projets sont plus restreints à certaines applications », illustre Thierry Bonhomme. En gros, on démarre petit, mais rarement global. « La rentabilité est un sujet clé pour les villes, d’où l’idée de centrer les projets sur certains secteurs pour créer un démonstrateur visible. »
Sont cités des projets d’éclairages intelligents, de gestion du trafic, des parkings, du mouvement de population, ou encore de gestion du bruit ambiant. Plus intégré, les projets de développement d’éco-quartiers sont également dans les listes des projets d’Orange, tout comme ceux de « Smart Stadium », ces stades connectés auxquels est associée une kyrielle de services numériques pour renforcer l’expérience des supporters avant et après le match. Les stades de Lyon et Marseille sont cités. Les transports intelligents sont également un axe de développement pour Orange.
Le groupe s’est également positionné sur le secteur des applications favorisant la participation citoyenne. Orange développe par exemple une application « Ma ville dans ma poche » qui permet aux habitants d’interagir avec leur ville en localisant, par exemple, la dégradation d’un équipement ou encore en programmant des sorties dans la ville. Les villes de Perpignan et de Nantes ont expérimenté cette offre (« Nantes dans ma poche » compte plus de 70 000 téléchargements). « On a pour ambition de descendre sur des collectivités de taille plus modeste », lance encore Thierry Bonhomme. Des travaux sont en cours à Béthune.