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Rétropédalage : Munich étudie officiellement un retour à Windows
Comme un retour en arrière, le conseil municipal a voté en faveur de la mise en place d’un projet évaluant la migration des PC de la ville vers Windows 10 pour la fin 2020. Un vrai coup de chaud pour LiMux.
Ce 15 février, le symbole de Linux sur le poste de travail dans les administrations en Europe a pris du plomb dans l’aile. Le conseil municipal de la Ville de Munich a voté la mise en place d’un projet visant à évaluer la faisabilité d’un retour à Windows, presque 15 ans après avoir initié le vaste projet d’installation d’un client Linux sur les PC des agents de la municipalité (LiMux).
Soutenu par le nouveau maire en place, ce projet vise pour l’heure à évaluer les coûts et les capacités réelles de développements d’un nouveau poste client bâti sur Windows 10 et embarquant logiquement la suite bureautique Office365 de Microsoft. Le vote a donc concrètement approuvé une étude de faisabilité pour un retour à Windows prévu pour la fin 2020.Un second vote devrait validé ou non le projet, à partir des informations collectées.
Il faut dire que depuis l’arrivée du nouveau maire en 2014, les rumeurs d’un éventuel abandon de LiMux allaient bon train, révèle la Document Foundation, dans un billet de blog. Dieter Reiter (SPD) est connu pour être un fan de Microsoft. Il a notamment contribué à l’installation du siège allemand de Microsoft à Munich, révèlent d’ailleurs nos confrères allemands de Heise.de.
Le maire avait également commandé une étude à Accenture portant sur un état des lieux de l’IT de la ville. Mais ce rapport n’avait pas établi de liens direct entre LiMux et le fait que les employés de la Ville ne soient pas satisfaits de leur IT, explique encore la Document Foundation. En 2015, un problème avait toutefois ressurgi.
Ce même rapport pointe également le fait qu’un retour à Windows aurait surtout un surcoût à la Ville. Quelque 20 millions d’euros sont évoqués a minima, alors que plusieurs millions ont été dépensés dans le développement – certes chaotique – de LiMux.
Le projet Limux a officiellement atteint son objectif en 2013 (celui-ci portait sur la migration de 15 000 postes de travail), nous avait confirmé Jan-Marek Glogowski, un membre de l’équipe de développement de Limux à la Ville de Munich (18 personnes), lors du Paris Open Source Summit en novembre 2016. Le projet était donc entré en phase de production et de maintenance classique opéré par les équipes sur place, nous avait-il également confié. Mais sa mise en place, démarrée en 2003, a connu maints rebondissements et retards provoqués essentiellement par des problèmes budgétaires et par la difficulté technique du projet.
Munich, impliquée dans l’Open Source
Le client Linux de Munich (dans sa version 5.5 – celle en vigueur en novembre dernier) est bâti sur Kubuntu (une déclinaison d’Ubuntu avec l’environnement KDE). Des travaux pour un portage vers les AMD64 bits étaient aussi en cours. LiMux embarque une version 4.1 de LibreOffice, gonflée par 300 patches, ainsi que WollMux, un outil de création de formulaire, développé par les équipes de la Ville de Munich.
Avec ce projet Limux au long court, Munich est également devenu un contributeur majeur de la communauté Open Source et surtout du projet Debian – qui sert de socle au client Linux. Les développeurs de la ville peuplent les conférences DefCon ou encore le Paris Open Source Summit pour présenter leur projet.
La ville de Munich siège également au conseil consultatif de la Document Foundation, la fondation Open Source qui encadre le projet de suite bureautique LibreOffice.
Toutefois, Jan-Marek Glogowski nous avait aussi fait part d’une organisation décentralisée de la DSI, qui avait eu pour conséquence d’accroitre les temps de réactivité au niveau des équipes de développement et des mises à jour à produire. A cela s’était aussi ajouté le fait que les équipes devaient supporter et maintenir LiMux pour l’ensemble du parc de PC de la Ville, tous hardwares confondus.
La ville de Munich compte 35 000 employés et est équipé de 24 000 PC. 18 000 ont migré sur Limux. Certains postes opérationnels dotés d’applications métier restent sous Windows.