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Leonardo : le nouveau bras armé de SAP dans l’Internet des Objets industriel

En regroupant ses offres IoT sous une marque claire, en l’augmentant de solutions « bout en bout » et de programmes de « Design Thinking », SAP confirme que l’Internet des Objets B2B est un nouveau relais de croissance dans sa diversification. Tout comme l’avait laissé percevoir son accord avec GE Digital/Predix.

Leonardo. C’est avec ce nom que SAP a rebaptisée son offre dédiée à l’Internet des Objets. Cette offre avait été présentée à Rome, en septembre 2016. C’est donc presque logiquement qu’elle emprunte son nouveau nom à un génie italien, en la personne du florentin Leonard de Vinci.

Derrière ce léger « maquillage » se cache une réelle refonte et une réflexion assez poussée de l’éditeur allemand. L’IoT – surtout en milieu B2B et industrielle – n’est pas qu’affaire de plateformes et de capteurs. Pour un client, une stratégie qui tire parti des objets connectés ne peut être que globale. Les offres qui y répondent doivent donc l’être également.

Elles doivent inclure : un back-end (pour recueillir les données), des outils d’analyses, des capteurs (spécifiques à chaque industrie et à chaque métier), des solutions réseaux, et un accompagnement pour déterminer quelle type d’architecture est adaptée à l’usage visé.

Il n’y par exemple aucun sens de remonter toutes les températures, minute par minute, de containeurs transportés sur un tanker. Seule les « anomalies » pourront être communiquées par satellite au back-end (ce qui pousse à choisir une architecture de type Fog Computing / Edge Computing). En revanche suivre une flotte de voitures ou de camions en temps réel s’avère indispensable lorsqu’on est un Uber ou un fournisseur de pièces détachées pour l’automobile.

C’est dans cette optique que SAP a décidé de « packager » son offre IoT, pour la rendre plus facilement déployable industrie par industrie.

Une marque unique, des cas multiples

« La nouvelle marque - SAP Leonardo - couvre l’ensemble de notre portefeuille IoT et propose des solutions bout en bout » confirme Hans Thalbauer, SAP Senior Vice President en charge des divisions Supply Chain et IoT. « Elles sont regroupées en 6 catégories : trois répondent aux besoins industriels, et les trois autres s’étendent à tout type d’IoT (Internet of Everything) : actifs connectés, objets connecté, flottes connectées, etc. ». Voire, pourquoi pas, aux wearables, comme chez Under Armour dont un des membres du conseil d’administration est Bill McDermott, actuel PDG de SAP.

Ces prestations « de bout en bout » doivent appuyer le développement de l’unité IoT de SAP pour en faire un relais de croissance à part entière, au même titre que la relation client (Hybris), le HCM (SuccessFactor, Filedglass ) et le « Business Network » (Ariba pour les approvisionnements inter-entreprise et Concur pour la gestion des notes de frais).

L’IoT, pilier à part entière du « SAP version 2017 »

Tout comme pour le lancement de sa base In-Memory HANA - et ses premières applications dans l’analytique et le prédictif - SAP rejoue dans l’IoT la carte du « co-développement » de cas d’usages avec le client. Un processus qualifié chez l’allemand de « Design Thinking ».

Au sein de « Leonardo », cette collaboration prend la forme de « kickstarter », des programmes de réflexions dirigés par les experts de SAP pour chaque secteur d’activité et verticaux.

« Le but de ces programmes est d’aider les entreprises à passer rapidement à l’IoT. Pendant trois mois, nous développons – main dans la main avec le client – des cas d’usages avec des KPI pré-déterminés qui permettent de saisir les bénéfices qu’il y aurait à retirer d’un déploiement plus large dans l’entreprise ».

Ce Design Thinking appliqué à l’Internet des Objets se concrétise également par « une feuille de route détaillée des étapes successives qu’il faut parcourir pour adopter ces solutions en mode rapide ».

IoT industriel, SAP, GE Digital et le besoin d’évangéliser

SAP a prévu d’investir plus de 2 milliards de dollars dans son offre IoT dans les quatre prochaines années. Le budget annoncé couvrira l’adaptation d’applications SAP existantes à l’IoT, la R&D pure et dure et des rachats. En comparaison, IBM a prévu d’investir 3 milliards.

Preuve supplémentaire de la nouvelle importance de l’Internet des Objets pour SAP, l’allemand a annoncé en novembre un accord avec un géant mondial de l’industrie : General Electric.

GE – via sa branche GE Digitals – a en effet décidé de faire fructifier sa réputation et sa présence dans les industries de tout type en lançant une offre d’IoT / analytique / maintenance prédictive (Predix). Une offre qui utilise une technologie originale dite de « jumeaux numériques ».

En s’alliant à cet acteur « non-IT », SAP reconnaissait de fait la force de frappe commerciale et le poids de celui-ci dans des secteurs des objets B2B et des machines connectées.

L’éditeur prenait également acte d’une nécessaire ouverture à d’autres Cloud IoT – l’accord permet de connecter Predix au PaaS de SAP, Hana Cloud Platform, et à son « réseau social d’objets connectés », Asset Intelligence Network.

Il montrait enfin que SAP avaient conscience que l’IoT industriel est à la croisée de plusieurs chemins et qu’il est parfois bon d’avoir des partenaires commerciaux - l’accord vise en premier lieu les prospects pétroliers et gaziers - plutôt que de vouloir s’imposer seul.

Quiqu’il en soit, le marché de l’IoT industriel - et de « l’industrie 4.0 » - en est encore à ses débuts. Les clients cherchent en effet des solutions robustes et pas de la « coolitude » (pour reprendre l’expression Bill Ruh, Chief Digital Officer de GE, également à la tête de GE Digital). Ils se posent également des questions sur la confidentialité des données générées par leurs objets et machines.

L’évangélisation et l’explication des retombées métiers sont donc aujourd’hui encore les missions préliminaires que doivent mener les fournisseurs comme SAP pour espérer décrocher des contrats. Avec une marque ombrelle claire, des solutions bout en bout, des « kickstarters » et un partenariat avec GE Digital, SAP affiche en tout cas la couleur de ses nouvelles (et fortes) ambitions et n’entend pas se faire distancer dans l’IoT, comme ce put être le cas par la passé pour le Cloud ou la BI.

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