Oracle sur les traces d'IBM Watson
Le Forum Business Analytics et Big Data 2017 d'Oracle avait pour thématique principale l'Intelligence Artificielle, le nouveau crédo de l'éditeur qui rejoint en cela son rival IBM. Même si leurs approches diffèrent sur plusieurs plans.
Parler Big Data ne suffit plus pour être un acteur de premier plan. Désormais c'est l'intelligence artificielle qui attire les foules. C'est sans doute le sentiment qu'ont eu les DSI qui s'étaient déplacés à Paris le 26 janvier afin d'assister à l'édition 2017 du forum Business Analytics et Big Data d'Oracle. Rich Clayton Vice-président d'Oracle avait traversé l'Atlantique pour l’occasion afin de présenter la stratégie de l'éditeur dans le Business Analytics. Un secteur où la croissance reste solide puisque MarketsandMarkets estime que le marché mondial dépassera les 66 milliards de dollars en 2019 contre moins de 41 milliards en 2014.
Oracle bascule dans l'ère de l'intelligence adaptative
Néanmoins, pour ce haut-responsable, l'avenir se trouve dans l'intelligence artificielle. « La plupart des systèmes analytiques actuels font peu de choses, mais ils le font très bien […] Ils collectent des données depuis des sources multiples, ils offrent la possibilité de réaliser des requêtes sur ces données - en SQL, en NoSQL - et ils offrent des visualisations qui permettent d'identifier les schémas (patterns). Les entreprises les plus avancées vont jusqu'au prédictif ». Mais pour Rich Clayton, c'est une façon de penser « un peu "old school", car ce n'est pas ce qui permettra à votre entreprise de réussir dans le futur. Les volumes de données vont s'envoler, contrairement à vos capacités d'analyse. Il faut aller vers un système adaptatif qui va vous livrer les informations dans leur contexte et vous permettre de comprendre et d’agir ».
Pour illustrer la notion de système adaptatif, le Vice-Président en charge du Business Analytics évoque un logiciel capable de présenter des données en fonction de la position géographique de l'utilisateur, de ses habitudes de travail, de son agenda.
« Si vous êtes dans une banque et que vous vous rendez dans une agence régionale, vous vous connectez avec votre portable et réalisez une requêtes sur Oracle BI afin d'obtenir les indicateurs relatifs à cette implantation. C'est l'approche old shool. A l’avenir, le système détectera que vous être dans cette agence et il vous poussera automatiquement les informations relatives à cette région. S'il s'agit d'un rendez-vous avec votre direction, le système vous présentera les données actualisées de celles que vous lui avez présentées le mois précédent. Le système aura connaissance de qui vous êtes, de votre localisation, de ce que vous faites ».
Déjà un portefeuille de progiciels dopés à l'IA
Oracle propose une plateforme implémentant cette intelligence artificielle. Elle est baptisée Oracle Adaptive Intelligent Platform. On pourrait comparer cette approche à celle d'IBM avec Watson. Si ce n'est qu'Oracle dispose d'un imposant catalogue progiciel, ce qui permet à l'éditeur de proposer nativement des applications "dopées" à l'IA.
En septembre dernier, Oracle dévoilait déjà ses velléités lors de l’OpenWorld dans le domaine du marketing et du commerce, de la finance, de la gestion des ressources humaines et de la Supply Chain. L'éditeur injecte ainsi des fonctionnalités venues de l'intelligence artificielle dans ses multiples solutions SaaS.
Rich Clayton résume cette démarche. « Il faut des applications avec de l'intelligence intégrée - c'est à dire qui va au-delà de la simple génération de rapports et de tableaux de bord. Il faut une intelligence capable de ne pas payer un vendeur s'il apparait que c’est un fraudeur. Il faut une application capable de renégocier les clauses d'un contrat fournisseur si des alternatives sont apparues sur le marché, ou de faire des offres en temps réel, ou de ne pas choisir un candidat à un poste si des informations trouvées sur Facebook rendent sa candidature inappropriée. Je pense qu'il y a un énorme potentiel pour des applications adaptatives dont les processus seront auto-apprenants ».
La donnée « third party », le nouveau cheval de bataille d'Oracle
Autre volet dans la stratégie IA d'Oracle : les données. Rich Clayton estime que ces moteurs d'Intelligence ne pourront se contenter de celles de l'entreprise pour faire des analyses.
C'est en partant de ce constat qu'Oracle s'est livré à de multiples acquisitions dans le domaine de la donnée "third party" - c'est à dire unes données comportementales collectées sur un très grand nombre de sites Web partenaires.
« L'une des entreprises que nous avons acquise s'appelle BlueKai », rappelle Rich Clayton. « Cette entreprise gère des milliers d'informations sur le comportement de chaque internaute. Ils savent que vous voulez acheter un nouveau smartphone, de nouveaux vêtements, une nouvelle voiture. Parce qu’en moyenne, un consommateur qui souhaite acheter une voiture commence à rechercher des informations 3 mois avant l'achat effectif ».
L'ensemble des acquisitions opérées dans ce vivier qui exploite les cookies permet à Oracle d'annoncer détenir une base de plus de 5 milliards de consommateurs avec plus de 45 000 attributs sur chacun d'eux.
Ces données sont collectées et mises à jour auprès de la bagatelle de 15 millions de sites Web.
« Cela signifie que vous n'avez plus à vous demander qui consulte votre site ou qui téléphone à votre centre d'appel. Nous connaissons chaque personne individuellement. En combinant ces signaux relatifs aux intentions d'achat et les données dont disposent déjà les entreprises, on peut produire des recommandations bien plus précises ; tant pour conquérir de nouveaux clients que pour mieux servir ceux existants ».
Oracle va disposer de son propre Siri
Le Vice-président d'Oracle a également abordé le futur immédiat de cette plateforme d'Intelligence Artificielle avec le lancement imminent d'une nouvelle fonctionnalité pour sa plateforme Cloud Analytics, un assistant vocal « à la Siri ».
La bataille des assistants vocaux fait rage sur les smartphones avec Amazon Alexa face à Google Assistant, Microsoft Cortana, IBM Watson, ou Samsung qui a racheté Viv. La bataille devrait arriver très prochainement dans les applications d'entreprise.
Rich Clayton a livré quelques détails quant à cet assistant vocal « Made in Oracle ».
« Le mois prochain, notre nouveau Cloud Analytics permettra d'utiliser la voix pour poser des questions [à un bot] et celui-ci se souviendra de ce que vous avez demandé, de quand vous l'avez demandé et de combien de fois vous l’avez demandé ».
Etape suivante, l'éditeur travaille sur de nouveaux outils collaboratifs et analytiques. Le Vice-Président évoqué l'arrivée à plus ou moins long terme de ce qu'il appelle « un mode narratif ».
« Bientôt, non seulement vous pourrez parler à vos rapports financiers. Mais en plus vos rapports financiers vous répondront en vous racontant l'histoire des chiffres qu'ils vous présentent ».