SAP tutoie les 3 milliards d’euros de revenus dans le Cloud

L’éditeur allemand poursuit sa transition vers un modèle « à la demande ». Il vise les 30% de son CA dans le Cloud en 2020. Dans le même temps, les licences glissent doucement vers un recul des ventes. SAP suit le même chemin qu'Oracle, son concurrent direct.

Dans ses résultats financiers de l’année 2016, SAP affiche un chiffre d’affaires de 22 milliards d’euros (+ 6%).

Les revenus de l’éditeur allemand progressent aussi bien dans la vente traditionnelle de licences (à 15.4 milliards, +3% par rapport à 2015) que dans le Cloud, où il tutoie désormais les 3 milliards d’euros (2.99 milliards, +30% par rapport à l'année précédente).

Le résultat opérationnel, qui dépasse les 5 milliards, bondit lui de 20% tout comme le résultat net (+18%) à 3.6 milliards d’euros.

Diversification

Ces résultats semblent valider la triple stratégie de transformation initiée par l’éditeur allemand.

Depuis plusieurs années, SAP a diversifié son offre logicielle (CRM, HCM, Analytic et DataViz), l’a complétée en descendant sur la couche inférieure de la stack informatique avec sa base In-Memory HANA, et a migré doucement mais sûrement vers un modèle Cloud caractérisé par des services « à la demande » et sur abonnement – sans pour autant abandonner la vente de licences.

Concernant son nouvel ERP S/4HANA, qui ne tourne que sur sa base maison HANA, SAP compte 5.400 nouveaux clients sur l’année. Sur le dernier trimestre, 30% des 1.300 nouveaux utilisateurs de cet ERP étaient aussi des clients totalement nouveaux pour SAP (autrement dit, ils n’ont pas migré depuis une ancienne version). A noter qu’en France, selon l’USF, les intentions de mises en œuvre resteraient « très mitigées ».

Dans le HCM, SAP revendique plus de 1.500 clients pour sa solution Cloud « Employee Central », une solution de RH en mode SaaS acquise avec le rachat de SuccessFactors en 2011/2012 pour 3.4 milliards de dollars.

Quant à Ariba, l’autre gros rachat de SAP dans le Cloud en 2012, le réseau d’affaires et de mise en relations d’entreprises a enregistré pour 885 millions de dollars de contrats en 2016, soit un volume de transactions entre les entreprises membres en croissance de plus de 20%.

Tout pour le Cloud

Pour réaliser sa transformation vers le Cloud, SAP a aussi mis la main sur Hybris (CRM, Customer Experience) en 2013, puis sur Concur en 2014 (gestion des notes de frais et des voyages professionnels) et sur FieldGlass (gestion de l’intérim) la même année.

La stratégie, couteuse, commence à porter ses fruits. Pour 2017, SAP vise les 3.8 à 4 milliards d'euros de revenus purement Cloud. L’éditeur confirme ainsi ses projections précédentes, qui avaient été relevées début 2016.

Dans le même temps, les ventes de logiciels et de licences sur site passeraient à un chiffre d’affaires compris entre 15.73 et 15.9 milliards d'euros en 2017 (en croissance de 2% à 3%).

Pour 2020, SAP fait en revanche passer ses prévisions de revenus Cloud à une fourchette supérieure allant de 8 à 8.5 milliards d'euros (contre 7.5 à 8 milliards précédemment). Une révision optimiste qui témoigne de sa confiance dans la réalisation de sa transition vers un modèle de revenus plus récurrents et plus lissés.

Si l’éditeur atteint ses objectifs, le Cloud représentera alors entre 27.5 % et 30 % de son CA, contre un peu plus de 13% aujourd’hui.

SAP vs Oracle

Oracle - grand rival américain de SAP - a fait le chemin en sens inverse. Parti des bases de données, il est monté dans la stack vers les ERP. Mais tout comme SAP, il a dû se diversifier dans d'autres applicatifs métiers et passer au Cloud.

En comparaison, le CA d'Oracle est de 37.23 milliards de dollars dont 3.6 milliards (3.35 milliards d'euros) dans le Cloud sur les douze mois qui correspondent à l’année fiscale 2016 de l’allemand.

Soit un revenu « as a service » global supérieur à SAP, mais un « ratio Cloud » inférieur à 9.66%. Chacun des deux éditeurs pourra donc continuer à se vanter d’être en avance dans sa transformation sur son concurrent direct.

Pour approfondir sur Editeurs