Docker ouvre enfin son runtime
En versant son runtime dans l’Open Source, Docker répond aux demandes pressantes de la communauté et de son écosystème, mais confirme centrer son modèle sur la fourniture de services et technologies pour ses utilisateurs.
Face à la demande pressante de l’écosystème, Docker a décidé de confier la feuille de route de son moteur d’exécution, Containerd, à la communauté Open Source. Le code trouvera refuge dans une entité Open Source pour l’heure non nommée qui aura alors à charge sa gouvernance et son cycle de vie. Bref, il s’agit là d’en faire un standard et d’aligner ses développements sur les desiderata de l’écosystème.
Containerd représente en fait un socle minimaliste d’exécution de conteneurs, sous la forme d’un démon Microsoft et Linux et qui englobe un ensemble de fonctions, du transfert d’images au stockage, de l’exécution et la supervision de conteneurs à des capacités d’association de ressources réseau et de stockage, précise le site du projet. Mais s’il forme une couche standard pour l’exécution, il ne représente qu’une partie infime des outils et développements proposés par Docker, insiste encore une FAQ.
En gros, « les développeurs et les professionnels de l’IT cherchant à développer, livrer et exécuter des applications en conteneurs doivent continuer à utiliser Docker. Les opérateurs et intégrateurs cherchant des composants spécialisés pour leur plateforme devraient considérer Containerd », résume cette même FAQ. Ainsi, en ouvrant ce projet, Docker vise clairement à répondre à l’écosystème des acteurs du conteneur, réunis aussi dans l’Open Container Initiative (OCI, hébergée au sein de la Linux Foundation), elle-même démarrée à partir du code ouvert par Docker (le format de ses conteneurs). D’ailleurs, explique encore Docker, Containerd renferme les spécifications OCI et le runtime RunC, auxquels est donc associée une série d’autres composants. Avec Containerd, l’idée est bien de faire une implémentation standard d’OCI pour l’industrie et un socle d’exécution de conteneurs standard. AWS, Google, IBM et Microsoft et Red Hat, qui ont tous décliné Docker sur leur plateforme Cloud respective, se sont empressés d’appuyer ce projet d’ouverture de Docker.
Enfin, avec cette ouverture à l’Open Source du moteur d’exécution, la société Docker confirme son intention de se centrer sur l’utilisateur, et non pas sur ce qu’il qualifie lui-même de « plomberie », à savoir l’infrastructure. La société propose donc des outils pour les développeurs, mais aussi des modules facilitant l’intégration, l’administration et le maintien opérationnel d’un environnement de conteneurs en entreprise.
Docker commercialise par exemple Docker Datacenter, une plateforme intégrée dont l’objectif est de faciliter la mise en place en production, le déploiement, la sécurité et l’administration d’environnement Docker en entreprise. La plateforme est commercialisée selon deux formules d’abonnement liées à des conditions de support différentes : 150 $ par mois et par instance (Business Day) ; 300 $ par mois et par instance (Business Critical).
Infinit, le stockage persistant pour les conteneurs
Mais, au-delà de cette offre, Docker travaille également à renforcer cette dimension entreprise en complétant son portefeuille fonctionnel. La semaine dernière, par exemple, la société a annoncé le rachat du Français Infinit, spécialisé dans le stockage persistant…pour Docker.
A travers cette acquisition, Docker a finalement envoyé un message au marché : celui d’une accélération de sa stratégie qui consiste à combler les lacunes de la technologie pour le rendre davantage consommable en entreprise. Si ce n’est pas la première acquisition de la société – Docker avait racheté Tutum, spécialisé dans le déploiement multi-environnement de conteneurs Docker -, l’acquisition de Infinit marque une étape clé dans le positionnement de Docker en tant qu’éditeur…Open Source.
Infinit développe en fait une technologie de stockage persistant distribué pour les environnements de conteneurs. « Jusqu’alors, les conteneurs ont été d’abord utilisés pour déployer des applications stateless. (leur choix était motivé par) leur capacité à être stoppés puis relancés tout aussi facilement, favorisant le dimensionnement », avait d’ailleurs expliqué la société dans un billet de blog. « Mais malheureusement, ce n’est plus suffisant, les développeurs en veulent plus. Précisément, ils veulent pouvoir dimensionner des applications persistantes, comme les bases de données, aussi facilement qu’ils le font avec les applications stateless.» Une technologie qu’ Infinit entend progressivement ouvrir à l’Open Source.