Galileo : le concurrent européen du GPS bientôt opérationnel
Avec le lancement aujourd'hui par Ariane 5 ES de 4 satellites Galileo additionnels, le système de géopositionnement européen devrait pouvoir officiellement entrer en service avant la fin de l'année. Il devrait avoir un impact sur de multiples secteurs d'activités.
Ce 17 novembre 2016 est un tournant pour le projet européen Galileo, qui vise à délivrer un service de géopositionnement par satellite concurrent du GPS américain ou du Glonass russe.
Peu de temps après 14 h, une fusée Ariane 5 ES a en effet décollé avec succès de la base spatiale française de Kourou, en Guyane, pour mettre en orbite 4 satellites Galileo (les n° 14,15, 16 et 17). Si la mission se passe comme prévu, les 4 satellites devraient avoir rejoint leur orbite définitive aux environs de 18 h.
Les quatre satellites lancés ce jour doivent permettre à la constellation européenne de devenir pleinement opérationnelle et de délivrer ses services aux utilisateurs. D’autres lancements sont encore à réaliser pour porter à 30 le nombre de satellites — 27 opérationnels et 3 de réserve — dans la constellation et lui permettre de délivrer son plein potentiel (la précision à 17 satellites sera inférieure à celle de la constellation une fois l’ensemble des satellites opérationnels).
Les 12 prochains satellites Galileo seront lancés par Ariane 5 à raison 4 satellites par lancement (les deux prochains sont prévus au 3e trimestre 2017 et au troisième trimestre 2018) et ce n’est qu’en 2019 que les derniers éléments de la constellation seront lancés.
Une aventure technologique européenne débutée en 1999
Lancé en 1999 par l’Union européenne, le programme Galileo a connu de multiples rebondissements. Il a fait ses débuts sous la forme d’un programme de partenariat public/privé avant d’être repris en main par l’UE. Le premier démonstrateur de la constellation, baptisé Giove-A1, a été lancé de la base russe de Baïkonour au Kazakhstan en décembre 2005 avant d’être rejoint par un second démonstrateur Giove-B puis par les premiers éléments opérationnels de la constellation Galileo en 2008. Au total, Galileo utilisera 24 satellites opérationnels et 6 de réserve, placés sur des orbites circulaires à environ 24 000 km d’altitude.
En se dotant de son propre système civil de géopositionnement, l’Europe veut acquérir son indépendance face aux grands systèmes actuels, le GPS américain et le Glonass3 russe. Ces deux systèmes ont en effet été à l’origine conçus avec des visées militaires et leurs deux promoteurs se réservent la possibilité d’en interdire l’accès si nécessaire. Galileo de son côté a été pensé comme un système civil ouvert et il a aussi été conçu pour offrir une précision supérieure à celle de ses concurrents (le GPS 3 ne devrait pas égaler la précision de Galileo avant 2025).
Galileo offrira en fait plusieurs niveaux de précision. Les équipements destinés aux particuliers bénéficieront d’une précision de moins d’un mètre sans devoir acquitter de redevance. Les entreprises pourront, via une redevance, bénéficier d’une précision de l’ordre d’une dizaine de centimètres. Galileo leur proposera aussi un service de datation d’une extrême précision, essentiel pour synchroniser les transactions bancaires par exemple, ainsi qu’un service d’authentification du signal, unique au système européen.
Les clients institutionnels (type contrôle aérien) ou les états (agences gouvernementales, armées) bénéficieront de la même précision, mais avec une qualité de service accrue et des mécanismes additionnels visant à se protéger contre le brouillage, les attaques ou perturbations électromagnétiques. Enfin les services de recherche et de sauvetage pourront localiser en temps réel les avions ou navires en détresse. Les satellites Galileo embarquent en effet des récepteurs de signal de détresse qui permettent à la constellation de venir renforcer l’actuel système Cospas-Sarsat et d’en améliorer la précision de localication.
Un marché de 250 Md$ à l'horizon 2022
Le marché de Galileo devrait croître rapidement. Déjà, le support de la technologie est intégré aux chipset récents de Qualcomm (séries 800, 600 et 400), ST Micro ou Broadcom, en parallèle du support du GPS et du Glonass (ce qui permet d’utiliser plusieurs constellations pour améliorer encore le positionnement). Progressivement, ce support de Galileo devrait être étendu à la plupart des objets communicants, équipements IoT, véhicules — dans le cadre du programme d’assistance aux véhicules accidentés eCall de l’UE — , bateaux, trains — programme Satellite Technology for Advanced Railway Signalling ou STARS de l’UE — et avions – avec par exemple les systèmes Topstar de Thales.
Selon l’UE le marché des services de navigation par satellite devrait atteindre 250 Md€ en 2022. Aujourd’hui, 6 à 7 % de l’économie de l’UE serait déjà dépendante de la disponibilité des signaux de géopositionnement. L’UE indique que Galileo devrait contribuer environ 90 Md€ à l’économie européenne durant ses 20 ans d’exploitation. Cela inclut les revenus directs liés à la production et commercialisation de récepteurs Galileo, mais aussi les revenus indirects venant des systèmes de transport, de logistique, de secours, etc.