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SuccessFactors : SAP ouvre la porte à un hébergement sur Azure

Dans la continuité de leur partenariat autour du Cloud, les deux acteurs majeurs de l’IT B2B ont signé un accord pour héberger une partie de la solution RH de SAP en mode SaaS sur l’infrastructure d’Azure. Un mouvement qui pourrait aller beaucoup plus loin.

Ce n’est pas une révolution. Mais cela pourrait le devenir. Microsoft vient d’annoncer que SAP allait héberger sa suite HCM en mode SaaS sur le IaaS d’Azure pendant cinq ans. « C’est la première fois que SAP complète sa propre infrastructure et opère SuccessFactors sur un cloud public tiers », se félicite l’américain.

Après HANA sur Azure

L’accord général entre SAP et Microsoft autour du cloud a été officiellement et initialement forgé en mai, lors du SAPPHIRE 2016. Un des points clefs de cette alliance était le support de la base In-Memory SAP HANA sur Azure. Mais il n’était pas, alors, question pour Microsoft d’héberger des applications initialement disponibles dans le SaaS de SAP.

Si l’on regarde dans le détail, les choses ne changent pas fondamentalement. En fait, aujourd’hui ce n’est pas SuccessFactors, la solution née dans le Cloud et rachetée par SAP en 2012, qui débarque sur Azure mais « ses environnements de démonstration ». Autrement dit, Azure servira de plateforme technique pour les PoC et autres mises en contexte réelles pour les commerciaux de SAP auprès de leurs prospects. Une manière pour SAP de décharger l’infrastructure actuelle de son application SaaS – en pleine transformation - de ces workloads.

Ces workloads qui ne sont pas insignifiants. Loin de là. Avant toute mise en production, il y a une (des) démo(s). Et s’ils ne sont pas critiques pour les entreprises, ces workloads le sont pour les vendeurs de SAP.

Essuyer les plâtres à peu de frais avant d’aller plus loin

Un accord important donc, mais pas révolutionnaire. Sauf que la porte est ouverte pour aller (beaucoup) plus loin. Microsoft parle d’ailleurs de « commencement ».

Car ces environnements de démonstration permettent aussi aux deux acteurs d’essuyer les plâtres à peu de frais avant de passer, certainement, à l’étape de développement et de test (pour des extensions par exemple) puis, peut-être, à celle critique de mise en production réelle.

Cette hypothèse d’un SuccessFactors qui tournerait sur Azure – en plus, ou à la place du IaaS de SAP (alias HEC) – n’est pas irréaliste.

D’une part parce que Azure fait tourner SAP HANA et que SAP est justement en train de faire migrer SuccessFactors sur sa base In-Memory maison (un chantier qui devrait être achevé en 2017).

D’autre part parce que Microsoft, en complément de son annonce, a sortie des « instances ‘larges’, et des configurations spécialement conçues pour les plus gros workloads SAP ». Une manière pour Microsoft de rassurer les clients de SAP qui souhaitent migrer de manière durable sur Azure.

Le IaaS, pas une priorité culturelle pour SAP

Enfin parce que le partenariat de mai entre les deux acteurs peut aussi être vu comme une baisse des ambitions de SAP dans le IaaS.

Le IaaS est un marché qui n’est pas celui traditionnel de l’éditeur allemand (qui vient du software et non du hardware, or qui dit IaaS dit aussi datacenter… et donc infrastructure physique). Qui plus est, les marges sont de plus en plus faibles dans le IaaS.

Certes, en s’appuyant sur l’infra d’un partenaire, SAP se prive des revenus de cette couche du Cloud. Mais il lui permettrait de bénéficier d’un savoir-faire éprouvé et d’économiser des investissements massifs hors de son cœur de métier pour se focaliser sur l’applicatif (SaaS) et sur HANA.

Vers un SAP multi-cloud

Autre signe intéressant, Azure n’est pas la seule plateforme Cloud partenaire de SAP. SAP HANA est également disponible chez l’autre gros fournisseur de IaaS : AWS.

Amazon Web Services revendique plusieurs clients industriels (dont GE Oil & Gas) faisant tourner leurs solutions SAP sur sa plateforme et rappelait en mai - pile au moment de l’accord de Microsoft avec l’allemand - que les ERP (S/4HANA, Business Suite on HANA, SAP Business All-in-One, SAP Business One), l’outil de BI (SAP BusinessObjects) et les plateformes de gestion de données (Business Warehouse on HANA et SAP HANA) de SAP étaient déjà certifiées par l’éditeur pour AWS.

En résumé : à mesure que SAP se dirige (lentement) vers le multi-cloud, les fournisseurs de Cloud courtisent (ouvertement) SAP.

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