Open Data en France : les grandes collectivités publient, les petites ont besoin d’accompagnement
Un rapport d’Open Data France livre une cartographie de l’Open Data dans les collectivités françaises et pointe du doigt une disparité entre les plus grandes agglomérations et les petites communes. La ré-utilisation des données n’est aujourd’hui pas au niveau escomptée.
Alors qu’en 2018, les collectivités territoriales de plus de 3 500 habitants doivent programmer l’ouverture de leurs données publiques les plus importantes (cela est stipulé dans la loi pour une République Numérique), un rapport d’Open Data France, remis cette semaine à Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique et de l’Innovation et à Estelle Grelier, secrétaire d’État chargée des Collectivités territoriales, pointe du doigt un fossé évident entre les grandes et les petites collectivités françaises. Ce rapport est le premier à cartographier l’état de l’Open Data dans les collectivités.
Dans les chiffres cités par ce même rapport, on constate d’abord un progrès relatif. On apprend par exemple que quelques 50 portails Open Data ont été mis en place par les collectivités françaises, et sont représentées sur le portail de référence national, data.gouv.fr. Quelque 10 000 jeux de données ont aussi été publiés au total, dont 45% essentiellement liés à de l’information géographique.
Mais d’une façon générale, indique ce rapport, les collectivités ayant un nombre élevé d’habitants sont celles qui mis en place une politique Open Data la plus aboutie. Cela est vrai pour 10 régions, 15 départements, 13 métropoles et 21 grandes agglomérations. On y retrouve par exemple la métropole de Lyon, Lille métropole, Marseille Provence métropole, Bordeaux Métropole et Toulouse Métrople. Concernant les villes, notons la présence de Marnes-La-Coquette (Haut-de-Seine), plus petite commune listée (avec 1 634 habitants) ayant publiée des données.
Cela est notamment dû au fait que ces grandes collectivités « ont souvent pris à leur charge au moins un axe des politiques numériques dans des domaines aussi diversifiés que l’aménagement, le développement économique, la formation, les services aux citoyens », explique le rapport. Cela est soutenu également par une société civile généralement plus active et des moyens financiers adéquats pour « mener des politiques numériques ambitieuses ». Et « Pour la plupart d’entre-elles, elles détiennent un référentiel riche et organisé de données », est-il encore écrit dans ce rapport.
A l’inverse, les collectivités de petite à moyenne tailles peinent encore à publier leurs données. L’Open Data n’est d’ailleurs clairement pas « une priorité », pour les plus petites d’entre elles, stipule le rapport. « C’est un sujet mal connu, mal compris, loin des préoccupations des décideurs locaux. C’est aussi un problème de culture et d’appropriation des grands enjeux de la modernisation de l’action publique ». Le manque de ressources financières et humaines est cité comme l’un des freins principaux.
Une ré-utilisation encore trop faible
Certaines difficultés sont aussi mises en exergue dans ce rapport. Si des avancées dans la publication des données de la part des collectivités soient nettes, il apparait que leur réutilisation peine à décoller. Elle n’est d’ailleurs « pas arrivée au niveau des attentes des acteurs publics ou privés », note le rapport.
La réutilisation des données publiques doit en effet permettre l’émergence de nouveaux services tant dans les administrations que par les entreprises privées. Ce sont des projets qui exploitent des Open Data et créeront à terme un marché potentiel évalué en France à plusieurs milliards d’euros. Mais aujourd’hui, rappelle le rapport, « l’impact réel de l’ouverture des données publiques n’est que faiblement évalué ». Les applications utilisant les données publiques ne seraient à ce jour que « quelques centaines ». Parmi les freins à cette ré-utilisation, le rapport met logiquement en avant l’absence de normalisation des données, des modèle économiques fragiles ou encore « une animation de la réutilisation trop territorialisée ».
Pour autant, avec ce dispositif, la France est reconnue comme un pays leader en matière de maturité de l’Open Data en Europe. Selon le rapport Open Data Maturity In Europe 2016, élaboré par Capgemini, à partir de données du portail Open Data européen, la France se positionne au côté de l’Espagne dans ce classement. Celui-ci se base sur le ratio entre la mise à disposition des données et la maturité des portails. France et Espagne sont considérés comme les seuls pays d’EU28+ à être « très préparés » à l’Open Data.